C'est un véritable chassé-croisé de chefs de partis politiques qu'a connu Annaba, la semaine passée, avec trois meetings organisés au théâtre régional «Azzedine Medjoubi» qui, pour une fois, s'est animé et a fait salle comble. Le premier meeting a été animé, lundi passé, par la patronne du PT venue développer un discours où la fraude électorale supposée - preuves à l'appui, détenues par les Occidentaux lors des législatives de mai - comme elle l'avait répété, pour ensuite fustiger deux partis politiques s'attaquant aux personnes et non aux programmes. Il n'y a pas eu comme, à l'accoutumée, cette verve et cette rhétorique que la passionaria aimait à utiliser, s'agissant de la défense des classes et de l'économie nationale, ce fut, plutôt, une diatribe acerbe, dirigée contre des candidats qui, selon elle, ont investi des sommes colossales dans cette campagne. Visiblement courroucée, la Dame n'a pas, vraiment, abordé les sujets qui tiennent à cœur aux habitants de la ville des jujubes, se contentant de discourir sur ses adversaires politiques. «Extrême droite, collusion de l'argent et de la politique, fraude», une terminologie qui, finalement et de l'avis des analystes, n'apporte rien au PT qui, d'habitude, réussissait à séduire parce que parlant le langage de la vérité, une vérité proche du citoyen «d'en bas». A Annaba, la passionaria a raté son rendez-vous avec les populations qui sont rentrées, déçues.Ouyahia, le secrétaire général du RND, qui lui avait succédé le lendemain, devant une salle archicomble, n'a pas, lui aussi, réussi sa sortie avec ce discours qui n'a pas varié d'un iota, se contentant de louer l'Etat «qui a réglé 80 % des problèmes des citoyens» avait-il martelé à l'adresse d'une assistance composée essentiellement de militants et de sympathisants du RND. «Les élus, donc, n'auront qu'à essayer de trouver des solutions pour le reste, c'est-à-dire pas grand-chose» a-t-il poursuivi. Les applaudissements «programmés» qui avaient fait suite à cette affirmation sonnaient faux et l'on percevait une sorte de complaisance portée par le respect dû à cette personnalité politique et les règles de l'hospitalité. Changeant de registre, le patron du RND parlera de la dette extérieure de l'Algérie pour rappeler aux présents que le pays ne doit plus rien à personne et qu'il est à l'abri, passant du statut d'emprunteur à celui de prêteur avec ces 5 milliards de dollars mis à la disposition du FMI. Dans le discours d'Ouyahia, on sentait une certaine lassitude et un malaise que l'orateur tentait, tant bien que mal, de masquer en prenant son temps pour chercher les bonnes expressions et aligner ses phrases de sorte qu'elles soient bien comprises par ses ouailles. Peut-être était-il, quelque peu inquiet au sujet de la fronde qui secoue son parti et que Yahia Guidoum, son ex-ministre de la Ssanté, ranimait et entretenait via ses déclarations tonitruantes, toutes dirigées contre le secrétaire général du RND. D'aucuns prédisent, déjà, que le score de ce parti à Annaba ne sera pas fameux.La dernière grosse cylindrée à avoir foulé, ce jeudi, le plancher du théâtre d'Annaba est Abdelaziz Belkhadem qui reste, envers et contre tous, le secrétaire général du FLN malgré les frondes multiples qu'il a connues. C'est dans un arabe châtié, qui passait au-dessus des têtes d'une assistance ramenée par bus entiers et qui applaudissait à tout va, que le patron du vieux parti a donné un cours magistral de pédagogie politique, expliquant aux présents les concepts de déconcentration et de décentralisation.Des termes dont le nombreux public ne saisissait pas le sens et qui s'adressaient beaucoup plus à une élite politique triée sur le volet qu'à des citoyens issus du menu peuple et qui ne pipaient mot de ce qui se disait. Rappelant le thème de la dernière université d'été du FLN, Belkhadem dira que son parti a été le chantre de la décentralisation puisqu'il appelle dans son programme politique à accorder plus de prérogatives aux élus locaux de sorte qu'ils puissent prendre en charge les problèmes de leurs citoyens. «Les problèmes d'Annaba ne sont pas ceux de Tamanrasset ou ceux de Djelfa et donc les décisions qui viennent d'en haut ne peuvent pas avoir d'impact réel sur la situation, il faudrait que les élus soient investis de pouvoirs décisionnels. Attention ! nous ne parlons pas de régionalisation, l'Algérie est une et unie et les grandes décisions doivent être prises par le pouvoir central» a expliqué le secrétaire général du FLN. Abordant la question des élections du 29 novembre, l'orateur affirmera que son parti aura la majorité comme c'est le cas au niveau des deux chambres du Parlement. «Il n'y a pas de doute la-dessus» rassure-t-il.