Photo : S. Zoheir Par Smaïl Boughazi En dépit de toutes les mesures mises en place ces dernières années, la Bourse d'Alger n'arrive toujours pas à capter les capitaux des entreprises économiques, notamment des PME. Hormis les cotations de trois entreprises, Alliance Assurances, EGH El Aurassi et Saidal et deux titres de créances, SPA Dahli et Sonelgaz, le marché boursier reste loin des attentes de l'économie algérienne et de sa taille. Depuis sa création, la capitalisation boursière est restée à un niveau faible, estimé à 15 milliards de dinars soit 0,1% du PIB. Cependant, en raison de l'importance de ce marché les pouvoirs publics comptent remettre les pendules à l'heure et permettre à la Bourse de faire un saut qualitatif et quantitatif, à la faveur d'un projet lancé en 2011 en collaboration avec des experts étrangers. Il s'agit de la mise en œuvre des recommandations formulées par une expertise nationale et internationale, chargée de mener des travaux d'évaluation du marché financier, national dans le cadre d'un plan de réforme. Les recommandations émises pour la réforme des marchés de capitaux imposent l'élargissement des ordres traités par le système de négociation de la Bourse d'Alger à une nouvelle gamme. Ce qu'avait confirmé, récemment, le directeur général de la Société de gestion de la bourse des valeurs (Sgbv). «La prise en charge des recommandations s'est traduite par l'élargissement des ordres traités par le système de négociation de la Bourse d'Alger à une nouvelle gamme d'ordres à révocation, à exécution, et à durée limitée permettant la conservation et la régénération automatique des ordres non exécutés ou partiellement satisfaits au sein du système de négociation et ce, jusqu'à expiration de leurs horizons de validité», a-t-il déclaré.L'élargissement du marché boursier aux PME a été aussi au cœur de la réforme, puisque la Bourse d'Alger a décidé d'introduire des amendements à son règlement général dans le but de réorganiser le marché boursier national par la création de trois compartiments, dont un marché principal réservé aux grandes entreprises, un marché dédié aux PME et un troisième marché destiné à la négociation des obligations assimilables du Trésor (OAT). Il y a eu, également, un assouplissement significatif des conditions d'admission des PME au marché boursier selon le directeur de Sgbv. A travers ce projet, les pouvoirs publics se sont fixés l'objectif d'atteindre 5% du PIB dans un délai de 10 ans, ce qui représentera une valeur de 20 milliards de dollars. C'est ce qui a été communiqué, la semaine dernière, lors de la restitution finale des travaux d'experts, engagés depuis octobre 2011 dans le projet de réforme du marché financier. Ce rapport a été présenté en présence d'institutions parties prenantes au projet, des entreprises et intervenants sur le marché, des sociétés cotées ainsi que des représentants nationaux et internationaux intéressés par le développement du secteur économique et financier en Algérie. Il faut rappeler, dans ce cadre, que la phase I du projet de réforme du marché financier sera axée sur l'évaluation et la conception visant à proposer le nouveau cadre d'organisation et de fonctionnement du marché. Le travail comprend cinq axes, notamment la modernisation du cadre d'organisation et de fonctionnement du marché, la professionnalisation des services d'investissements et d'identification des métiers manquants, l'encadrement juridique et réglementaire visant entre autres la transparence et la protection de l'investisseur, l'étude des systèmes d'information boursiers, la rédaction d'un cahier des charges et la certification professionnelle des intervenants de marché et la création du diplôme d'analyste financier.Les travaux d'experts se sont faits en étroite collaboration avec les banques, les personnels techniques des institutions des marchés, les responsables institutionnels et les sociétés intéressées par le marché. Selon les responsables du projet, l'approche participative a permis d'aborder le développement du marché financier sur un terrain concret et d'aboutir à des propositions partagées et structurantes. Par la suite, elles seront validées par le Comité de pilotage, présidé par le ministre des Finances et le résident permanent du Pnud, partie prenante du projet, et intégrées dans la deuxième phase de mise en œuvre du plan de modernisation du marché financier. Cette deuxième phase sera axée sur la modernisation des systèmes d'information, l'harmonisation du cadre réglementaire et la promotion des titres boursiers dans les banques publiques et les établissements financiers privés.Enfin, à noter que le projet en question rentre dans le cadre des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) sur lesquels les Etats membres des Nations unies se sont engagés pour la période 2000-2015, et en particulier le huitième objectif, à savoir «poursuivre la mise en place d'un système commercial et financier multilatéral ouvert fondé sur des règles prévisibles et non discriminatoires. Cela suppose un engagement en faveur d'une bonne gouvernance, du développement et de la lutte contre la pauvreté, au niveaux tant national qu'international».