Prévu pour aujourd'hui, le sommet du G20 à Washington a déjà entrepris une esquisse hier avec la convergence des participants quant à la nécessité de lancer le processus de refonte du système financier mondial. On assiste en effet au rapprochement des propositions européennes et russes sur la réforme de la finance internationale. Certes, le miracle est écarté à l'issue de ce sommet mais l'on s'attend à lancer l'opération de refonte du système financier puisqu'une réponse commune urgente s'impose en ces temps de crise où les menaces de récession mondiale se matérialisent. Selon la presse américaine, les participants au G20 vont décider la création d'une structure pour superviser les 30 plus grandes banques du monde. L'information a été rapportée hier par le quotidien Washington Post. Le nouvel organisme, appelé «collège des superviseurs», rassemblerait «les régulateurs internationaux pour coordonner la surveillance des 30 plus grandes institutions financières mondiales». Cet organisme serait conçu «pour ajouter un niveau supplémentaire de surveillance au contrôle des banques et pour repérer toute prise de risque excessive», comme celles qui ont alimenté la crise actuelle. Les grands pays industrialisés et émergents du G20 vont donc s'efforcer, à travers cette mesure, de «répondre à la crise actuelle et [de] jeter les bases de réformes pour empêcher qu'une telle crise ne se reproduise à l'avenir», a expliqué hier le président George W. Bush, en fin de mandat, dans un discours sur l'économie. Mais il est clair aujourd'hui qu'il est difficile dans ce contexte de prendre des engagements d'autant que l'administration Bush était jusqu'à récemment adepte de la dérégulation. Car, pendant le sommet, la marge de manœuvre du président Bush sera étroite. Il est sur le départ et son successeur du camp démocrate, Barack Obama, ne prend ses fonctions que le 20 janvier. De leur côté, les Européens admettent que la réunion de Washington ne débouchera pas sur un nouveau «Bretton Woods», du nom des accords ayant donné naissance en 1944 à l'architecture financière actuelle, comme certains le souhaitaient, notamment les Français. Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a averti hier qu'il ne fallait pas attendre «dans l'immédiat un miracle» de ce sommet, mais plutôt le «début d'un processus». Il a néanmoins espéré des «décisions concrètes», rappelant que les pays européens préconiseront une régulation accrue et un rôle plus important pour le Fonds monétaire international (FMI). Pour sa part, la chancelière allemande Angela Merkel a estimé que le sommet donnerait lieu à des «entretiens difficiles», mais qu'il faudrait coûte que coûte entamer les réformes dans les prochains mois. Des réformes qui nécessitent dans un premier temps un plan d'action sur différents niveaux (technique, financier et économique). Sur ce point, les propositions européennes et russes se rapprochent. «Je crois pouvoir dire que les propositions russes, techniques, financières, économiques, sont de grande qualité et qu'elles se rapprochent beaucoup des propositions européennes», s'est félicité hier le président français Sarkozy en rendant compte des travaux du sommet UE-Russie tenu à Nice. «Je suis très satisfait de voir qu'il y a une volonté de la Fédération de Russie que du sommet de Washington sortent des décisions fortes», a-t-il ajouté, rappelant encore une fois la gravité de la crise et la nécessité de changer les choses «durablement, et structurellement». A titre de rappel, le G20, groupement né en 1999 après les crises asiatique et russe, regroupera le G8 (Allemagne, France, Etats-Unis, Japon, Canada, Italie, Royaume-Uni et Russie), 11 pays émergents (Argentine, Australie, Arabie saoudite, Afrique du Sud, Brésil, Chine, Corée du Sud, Inde, Indonésie, Mexique, Turquie) ainsi que l'Espagne qui a hérité du siège de l'Union européenne. S. I.