L'affaire du diplomate algérien, placé sous contrôle judiciaire par la justice française et mis en examen pour complicité d'assassinat d'André Ali Mecili, connaît un nouveau rebondissement. Le diplomate algérien Mohammed Ziane Hasseni, qui a accepté de se soumettre à des tests ADN pour prouver son innocence, a enfin été auditionné, mercredi dernier, par le juge d'instruction, avant d'être soumis à des tests ADN. «M. Hasseni s'est soumis à des tests ADN et à des prises d'écriture», a déclaré son avocat, Me Jean-Louis Pelletier. Celui-ci n'a pu préciser les délais d'analyse de ces tests. Visé par un mandat d'arrêt international émis en décembre 2007 par la France, M. Hasseni a été interpellé le 14 août dernier à l'aéroport de Marseille, inculpé de «complicité d'assassinat» et placé sous contrôle judiciaire. Responsable du protocole au ministère des Affaires étrangères, M. Hasseni clame, depuis son interpellation, son innocence et affirme être victime d'une homonymie. Les autorités algériennes représentées par M. Boukerzaza, le porte-parole du gouvernement, et le chef du gouvernement Ahmed Ouyahia, ont estimé, au lendemain de l'inculpation de M. Hasseni, qu'il s'agissait d'une simple méprise et que l'Algérie était confiante en la justice française. Ahmed Ouyahia avait même déclaré à ce propos qu'une cellule de crise avait été mise en place et que les autorités algériennes ne doutaient nullement de la bonne foi du diplomate. Mais voilà qu'un fait rarissime dans les annales de la justice française ouvre la voie à toutes les interrogations. La chambre d'accusation décide de confirmer en appel l'inculpation du diplomate algérien alors même que le procureur général du parquet de Paris demande la levée des charges contre l'accusé pour une substitution vers le statut de simple témoin assisté. La demande du procureur n'était pas fortuite du moment que le dossier d'accusation ne reposait que sur la présumée identification du directeur du protocole du ministère des Affaires étrangères par un ancien officier des services algériens, réfugié en Allemagne, qui l'aurait reconnu sur une photo comme étant l'éventuel commanditaire de l'assassinat de Ali Mecili, tué en avril 1987. C'est l'ex-officier Semraoui qui a déclaré en 2003, au juge Baudoin Thouvenot, rencontré en Allemagne, qu'il aurait assisté, l'été 1987, «à une réunion au cours de laquelle Amellou [l'exécutant présumé de l'assassinat de l'avocat Mecili] aurait reçu une forte somme d'argent en liquide du capitaine Rachid Hassani». Semraoui a affirmé, quelques jours plus tard, au journal français en ligne Médiapart, après avoir vu la photo de Hasseni, qu'il serait «bien» le capitaine Rachid Hassani. L'appareil judiciaire français ne s'ébranlera pourtant pas cette année-là. Il lui faudra quatre années pour lancer un mandat international contre le diplomate algérien. Ce n'est qu'en décembre 2007 qu'un mandat international est lancé contre M. Hasseni. Après son interpellation en août 2008, le témoin Samraoui, visionnant des images de la chaîne FR3, a déclaré : «Il a perdu un peu de ses cheveux, mais c'est lui, il n'y a pas de doute.» Mais après l'affirmation survient le doute. Semraoui a demandé une confrontation avec le diplomate, laquelle n'a pas encore eu lieu. L'avocat du diplomate, M. Jean-Louis Pelletier, n'a pas manqué de dénoncer l'inculpation de son client sans aucune preuve. Il a même qualifié le juge d'instruction en charge de l'affaire d'incompétent. En effet, le défenseur ne s'explique pas le maintien des charges contre son mandant malgré toutes les preuves fournies établissant son innocence et démontrant la méprise flagrante dans la gestion de ce dossier. «Nous avons présenté le document original prouvant l'identité de M. Ziane et attestant qu'il n'avait rien à voir avec le véritable coupable qui est Rachid Hassani», a affirmé M. Pelletier. Et d'ajouter : «Le dossier que nous avons présenté au juge d'instruction comprend également l'original du livret de famille des parents du diplomate, en plus de son livret militaire. Lequel comprend tous les détails sur son affiliation et qui constitue un argument massue innocentant M. Ziane Hasseni.» Mais malgré toutes ces preuves, le diplomate algérien est maintenu en prison. Les résultats des tests ADN sont très attendus. A ce moment-là, il ne restera de cette affaire que le grand tapage médiatique orchestré autour de cette question et qui incite à se poser de multiples questions. H. Y.