Des hommes politiques, musiciens et artistes sud-africains se sont rassemblés hier à Johannesburg pour rendre un dernier hommage à la chanteuse et militante historique anti-apartheid Miriam Makeba décédée la semaine dernière en Italie des suites d'une crise cardiaque. Le ministre sud-africain de la Culture, Pallo Jordan, a déclaré que Miriam Makeba, surnomée Mama Africa, «faisait ce qu'elle savait faire de mieux lorsqu'elle est morte. Selon ses propres mots, elle aimait la musique plus que toute autre chose et elle était toujours heureuse lorsqu'elle était sur scène». M. Jordan a fait l'éloge d'une «femme dont le nom est devenu le synonyme du combat pour la liberté en Afrique du Sud, une femme qui, pendant plus de trois décennies, a illustré à travers sa musique le combat du peuple». Son engagement a dépassé la lutte anti-apartheid pour englober tous les combats pour toutes les libertés et toutes les causes justes qu'elle fera siennes. Les chansons de Mama Africa sont autant d'hymnes à la tolérance, à la paix et au devoir de mémoire. Son combat, elle le mènera jusqu'à son dernier souffle. Elle est décédée la nuit du 9 au 10 novembre près de Naples, dans le sud de l'Italie, d'une crise cardiaque après un concert de soutien au journaliste et écrivain italien Roberto Saviano menacé de mort par la mafia. Enfant d'une mère swazi et d'un père xhosa, Miriam Makeba, 76 ans, attira l'attention internationale en tant que chanteuse du groupe sud-africain the Manhattan Brothers, lors d'une tournée aux Etats-Unis en 1959. L'année suivante, alors qu'elle voulait revenir dans son pays pour assister à l'enterrement de sa mère, l'Etat sud-africain lui retira sa nationalité en raison de son apparition dans un film dénonçant la ségrégation blanche, A la suite de ce bannissement, Miriam Makeba vécut 31 ans en exil, aux Etats-Unis et en Guinée. Elle était revenue en Afrique du Sud en 1991, après la libération du héros de la lutte contre l'apartheid Nelson Mandela. Quelques jours avant sa mort, commentant l'élection de Barak Obama à la présidence des Etats-Unis, elle dira qu'elle ne croyait pas vivre ce moment et que maintenant qu'elle l'avait fait, elle pouvait partir… déclaration prémonitoire. Reste à savoir si Obama concrétisera les autres rêves de Mama Africa et de tous ceux pour qui elle a chanté. R. C.