Si on peut décrire la mort comme étant une beauté, Miriam est décédée d'une façon aussi belle, qui lui convient. » C'est en ces termes que l'ambassadeur d'Afrique du Sud en Algérie, Mzuvukile Maqetuka a rendu hommage à Miriam Makeba lors d'une conférence de presse animée hier en la circonstance, au siège de l'ambassade à Alger. La chanteuse sud-africaine Miriam Zenzele Makeba est décédée dans la nuit de dimanche à lundi derniers, à l'âge de 76 ans, d'une crise cardiaque, près de Caserte, au sud de l'Italie, après avoir participé à un concert organisé pour l'écrivain Roberto Saviano, auteur de l'ouvrage Gomorra et pour lequel la mafia l'a condamné à mort. L'intervenant relève que les préparatifs sont en cours pour le rapatriement du corps de la chanteuse et son incinération. Il indique que la musique de Makeba « est devenue un point de ralliement dans le combat contre l'apartheid à l'intérieur comme à l'extérieur des frontières sud-africaines. Etant moi-même un étudiant activiste dans les années soixante-dix, nous étions inspirés par le contenu politique fort du message de ses paroles. Elle a même chanté pour l'amour de son pays et son continent ». Miriam Makeba, rappelle l'ambassadeur, fait partie de « ces plus ardents musiciens anti-apartheid en Afrique du Sud qui utilisaient la chanson et la danse pour dénoncer l'apartheid et son régime. Elle a assumé cette mission pendant 31 ans en exil, jusqu'à son retour au pays en 1990 ». Surnommée Mama Africa, elle voyage avec une vingtaine de passeports différents. Dans une de ses interviews, elle dit : « Je ne suis pas une politicienne, je suis une artiste. » A son retour dans son pays en 1990 après 31 ans d'exil, elle a déclaré : « Je n'ai jamais compris pourquoi je ne pouvais pas retourner dans mon pays (…) je n'ai jamais commis de crime. » Pour l'ambassadeur d'Afrique du Sud en Algérie, « ceux qui savent ce que veut dire vivre en exil vont sympathiser avec Miriam. Elle est heureuse de la manière dont elle est décédée ».