Photo :S. Zoheir De notre correspondant à Tizi Ouzou Malik Boumati
Tizi Ouzou abrite plusieurs festivals le long de l'année. Du théâtre amazigh au livre, en passant par le cinéma et la chanson amazigh et celui local des wilayas du pays, la Maison de la Culture Mouloud-Mammeri et le Théâtre régional Kateb-Yacine donnent l'image de lieux où rayonnent la culture et les arts. Mais, à bien y regarder, il y a, toujours et paradoxalement, un sentiment de vide, de désert entre deux festivals que même les centaines d'activités programmées n'arrivent pas à cacher. Et de tous les festivals que la ville des genêts accueille annuellement, celui dédié à la danse folklorique arabo-africaine a pris de l'ampleur au fil des années et des éditions et est suivi avec un grand intérêt par le public de Tizi Ouzou. Ce public qui ressent un certain goût d'inachevé à la clôture de chaque édition, le festival n'arrivant toujours pas à créer la dynamique culturelle qu'il est censé créer pour qu'il continue d'illuminer la wilaya, même après la clôture. Alors, en ce début de la nouvelle année 2013, Tizi Ouzou a fait un rêve. Pas comme l'avait fait Martin Luther King pour la liberté et l'égalité, mais pour la culture et les arts. Tizi Ouzou a rêvé d'un appel des organisateurs du festival arabo-africain de danse folklorique adressé aux dizaines, aux centaines d'associations culturelles de la wilaya. Elle a entendu le directeur de la culture, El Hadi Ould Ali, faire un appel solennel à toutes les associations culturelles, leur demandant de créer des troupes de danse folklorique, en vue de participer à un grand concours dans cette discipline. Un concours qui aura lieu pendant plusieurs semaines et, pourquoi pas, dans plusieurs localités de la wilaya, outre la Maison de la Culture Mouloud-Mammeri du chef-lieu et qui sera couronné par une participation au festival arabo-africain de danse folklorique qui se tient chaque été à la Maison de la Culture et au stade Oukil-Ramdane. Tizi Ouzou a fait un rêve. Elle a rêvé que parmi les dizaines d'associations culturelles activant sur le territoire de la wilaya, vingt ont exprimé le vœu de répondre favorablement à l'appel et de créer des troupes de danse folklorique que des dizaines de jeunes et d'enfants intégreront. Elle a, ensuite, vu douze associations seulement réussir à monter leurs troupes avec des jeunes filles et des jeunes garçons prêts pour une aventure qui les ferait sortir un peu de leur monotonie ambiante. Les autres associations, sans moyens, n'ont pu aboutir parce qu'elles n'ont pas reçu un appui de la part des APC, des opérateurs économiques et autres commerçants de leurs communes et villages respectifs. Tizi Ouzou a fait un rêve. Elle a rêvé que les différentes étapes du concours auront lieu dans trois ou quatre localités de la wilaya. Elle a vu, sans surprise, le nouveau centre culturel d'Azazga abriter la première étape de ce concours, question d'inaugurer sa mise en service avec un brin d'espoir pour l'activité culturelle, en général, et les danses populaires, en particulier. Tizi Ouzou a rêvé de Draa El Mizan ou de Boghni accueillir une autre étape de cette compétition avec l'objectif de contribuer à la fin de l'isolement que subit le sud de la wilaya dans tous les domaines. Elle a vu dans son rêve que trois des troupes participant à ce concours sont arrivées en tête du classement leur ouvrant le droit de participer au festival arabo-africain de danse folklorique. Tizi Ouzou a fait un rêve. Elle a admiré la participation des trois troupes participant à ce festival, représentant dignement le folklore kabyle et, au-delà, la culture de la wilaya. Elle a vu dans son rêve que la clôture du festival arabo-africain n'est pas synonyme d'une baisse de rideau pour la danse folklorique dans la wilaya. Tizi Ouzou a vu les douze associations participant au concours organiser des mini-festivals de danse folklorique dans leurs villages et leurs communes, avec la participation de toutes les associations de la wilaya. Et dans une formidable dynamique culturelle que le festival arabo-africain aura créée. Elle a vu les villages et les communes accueillir les trois troupes participant avec les honneurs à chaque mini-festival local. Tizi Ouzou a fait un rêve. Elle a constaté que les mini-festivals ont créé une ambiance telle que la dynamique culturelle ne pouvait ne pas suivre à travers les contrées de la wilaya. Elle a rêvé d'une multiplication de troupes folkloriques qui viendront amplifier le concours visant à élire les trois troupes participant au festival. Tizi Ouzou a vu la naissance d'une grande et saine compétition entre les troupes et une intensification de mini-festivals qui agrémenteront l'activité culturelle dans les villages et les communes de la wilaya. Tizi Ouzou a fait un rêve. Elle a vu les responsables de la culture multiplier les chantiers pour la réalisation d'infrastructures culturelles et suivre les travaux avec rigueur pour empêcher le retard qui empoisonne la vie des hommes de culture et des arts. Elle a rêvé de la création de la même dynamique culturelle dans les autres disciplines culturelles et artistiques qui voient défiler des festivals «prêt-à-porter» tous les ans. Tizi Ouzou a rêvé d'une dynamique culturelle autour du festival du cinéma amazigh. D'une dynamique culturelle autour du festival du théâtre amazigh. Et d'une dynamique culturelle autour de toutes les activités artistiques dans la wilaya. Tizi Ouzou a vu, enfin, les responsables de la culture lancer ces dynamiques et laisser leur prise en charge au mouvement associatif dans un formidable mouvement de libération des initiatives.