Inaugurée samedi dernier, l'exposition de poupées traditionnelles japonaises, qui se tient actuellement au Palais des Raïs, communément connu sous le nom Bastion 23, connait un franc succès auprès du public algérois qui, quand on lui propose du beau, sait se montrer curieux et ouvert sur les cultures d'autrui. Organisé dans le cadre de la célébration du cinquantenaire des relations diplomatiques algéro-japonaises, cette exposition regroupe un grand nombre de poupées de différentes tailles qui reflètent un savoir-faire ancestral fascinant. Exposées sur des présentoirs à l'intérieur des salles des trois palais ottomans (qui constituent le Bastion 23), ces poupées, à la beauté à vous couper le souffle, se distinguent de part leurs habits traditionnels japonais représentant différentes périodes de l'histoire nippone, mais aussi de part leurs accessoires méconnus chez nous, tel que le Biwa, un luth japonais à quatre cordes. Faites en bois, plastiques et argile ces poupées représentent différents personnages, tels que la princesse Yaegaki, une femme du temple bouddhiste Dojoji, mais aussi Dohiyo-iri, un champion de Sumo en plein rituel d'avant match. Aussi impressionnantes les unes que les autres, chaque poupée raconte une histoire ou une légende. On retrouve aussi exposées les poupées de Kyoto, dont les broderies des tenues sont faites une fois la poupée habillée, mais aussi des poupées du mythique festival de poupées célébré chaque 3 mars. Datant de plus d'un siècle, cet événement est une fête populaire. Chaque famille japonaise confectionne ses poupées, un mâle et une femelle, qui seront par la suite exposées aux passants. S'inspirant des mythes et personnages historiques, on retrouve dans cette exposition deux poupées du festival, à savoir le couple Ishogi et Shinno Kazari, deux personnages de la famille impériale à l'ère des Hein. Des poupées inspirées du théâtre de Noh, dont les disciples portent des masques et s'adonnent à des rituels de danse spectaculaires, sont également présentées au Bastion 23. Comme dans chaque art, la voie est aussi ouverte à la créativité et l'innovation que l'on peut sur les nouvelles créations de poupées japonaises confectionnées par des artisans contemporains. S'inspirant des poupées russes, ces nouveaux artistes présentent des poupées aux formes arrondies et cylindriques. Mais innovation n'est pas révolution. Ces créateurs respectent les référents de la culture japonaise et les codes de confection d'une poupée japonaise. L'exposition est ouverte au public jusqu'au 17 janvier prochain. Et elle est à voir ! Situé dans une zone stratégique, le Bastion 23, et malgré l'absence d'une véritable prise en charge du lieu en matière d'animation, continue à drainer des visiteurs qui viennent, à la fois, découvrir les expositions occasionnelles mais aussi les trois palais ottomans somptueux. Cependant, il faudra songer à apporter des petits changements susceptibles de faire bouger les choses, tel que la suppression du grand portail qui agit tel un repoussoir sur les gens et ouvrir ainsi l'espace au grand public. W. S.