De retentissants cris de joie ont salué, lundi soir à Bamako, la capitale malienne, la qualification du Mali pour les quarts de finale de la CAN-2013, après son match nul (1-1) contre la République démocratique du Congo. De bruyantes manifestations de joie ont été entendues dans plusieurs quartiers, mais Bamako, soumise comme le reste du pays à l'état d'urgence, n'a toutefois pas connu comme par le passé les rassemblements spontanés dans les rues, avec concerts de cris et d'avertisseurs. De nombreux jeunes ont toutefois promis d'aller célébrer dans les boîtes de nuit la qualification des Aigles, qui fait oublier pour un temps la guerre en cours contre les islamistes armés dans le nord du pays. «Le Mali est une grande nation de football», a lancé Seydou Konaté, 36 ans, un fan qui a regardé le match à N'tomikorobougou (un quartier de la capitale), chez un voisin. Ce dernier, Boubacar Sangaré, un quinquagénaire, était, pour l'occasion, entouré de cinq enfants et neveux. Pour lui, «cette qualification donne du tonus aux Maliens qui ont trop souffert de l'invasion islamiste». Avis partagé par un de ses neveux, Harber Sangaré, arborant un t-shirt aux couleurs nationales, vert, jaune, rouge: «C'est vrai (...) cette victoire des Aigles est un signe prémonitoire pour nos soldats qui combattent au nord avec l'appui de François Hollande (le président français), le ‘‘tonton national''.» La qualification du Mali était largement commentée dans les «grins», clubs de discussion entre amis, certains saluant le bon jeu de l'équipe, d'autres estimant que le sélectionneur Patrice Carteron n'était pas à la hauteur, d'autres encore jugeant que l'essentiel est simplement de progresser. La joie se manifestait également en ligne, sur forums et sites de réseaux sociaux, en parallèle avec les succès sur le terrain de militaires maliens et français, qui ont récupéré lundi Tombouctou (nord-ouest), ville mythique occupée par des islamistes armés. Sur Twitter, Harouna1er, un occidental qui se présente comme «Bambara d'adoption», du nom d'une ethnie malienne, écrit ainsi: «Mali. Tombouctou libérée, ça pouvait plus durer! Les Aigles qualifiés, pourvu qu'ça dure!». Il affirme avoir regardé la CAN-2008 à Tombouctou, «chez Bocoum, à la buvette du Sahel». Lorsqu'ils avaient pris Tombouctou et d'autres villes du vaste nord malien, les jihadistes avaient banni alcool, cigarettes, football, télévision, musique occidentale et détruit de nombreux bars, discothèques, hôtels et lieux de loisirs. Le Mali, 2e du groupe B, doit rencontrer le 2 février l'Afrique du Sud, pays organisateur de la CAN-2013.