Le 20 novembre 1989 était adoptée la convention des Nations unies relative aux droits de l'enfant. Dans un climat d'euphorie, les rédacteurs de ce texte se sont fixé comme objectif d'offrir à tous les enfants du monde des droits effectifs. Mais, presque 20 ans après, force est de constater que l'implacable réalité du terrain atteste de manière indéniable que les droits les plus élémentaires des enfants sont bafoués. L'injustice et les maltraitances sont légion. C'est d'ailleurs ce qu'a rappelé hier M. Ruot Gérard Aïssa, représentant de SOS-Kinderhof International (une ONG qui gère des villages d'enfants SOS en leur offrant une prise en charge semblable à celle d'une famille naturelle) au centre de presse d'El Moudjahid. La rencontre qui entre dans le cadre de la célébration de la Journée mondiale des droits de l'enfant (20 novembre) a été l'occasion, pour les uns et les autres, de faire un constat amer de la situation, invitant les responsables à intervenir afin de concrétiser les droits de l'enfant. «Les droits de l'enfant ne doivent pas se résumer à une simple déclaration. Les lois appelant au bannissement de l'injustice et à la lutte contre la maltraitance des enfants ne deviennent effectives que si elles sont appliquées sur le terrain», dira Mme Malika Yousfi, responsable au village d'enfants SOS de Draria. Tout en rappelant à l'assistance que SOS de Draria est convaincu qu'une famille aimante constitue le facteur le plus favorable au développement de l'enfant, l'intervenante indiquera que cette structure se propose d'accueillir les enfants, de leur créer un village, de leur construire une maison et de leur donner un foyer affectif. Reprenant la parole, Ruot Gérard Aïssa insistera pour dire qu'une attention particulière est accordée aux enfants n'ayant pas de famille. «Mais, même ceux dont les parents sont en vie peuvent être logés au village de Draria, si le juge des mineurs estime qu'ils sont en danger moral», fera-t-il remarquer. Parlant de la maltraitance, l'orateur signalera que cette dernière peut concerner la violence verbale, physique, émotionnelle et sexuelle. A propos de ce dernier point et dans une intervention fort remarquable, le Dr Nacer, neurologue, certifie que les besoins de l'enfant sont nombreux. «Si ceux-ci ne sont pas satisfaits et si par malheur l'enfant subit des maltraitances, il n'aura aucune chance de s'épanouir», martèlera-t-elle. La conférencière mettra en exergue le fait que cet épineux problème (pour la société, il constitue un sujet tabou) est exacerbé par le silence de l'enfant et celui de la famille ainsi que par la peur du «qu'en-dira-t-on». «Les procédures judiciaires ne sont pas faites pour aider l'enfant. Le fait que ce dernier répète à plusieurs reprises [pour le compte de l'enquête] ce qui lui est arrivé, l'affecte grandement dans son fin fond», tiendra à dire l'éminente spécialiste. B. L.