Si en termes de rendement offensif, le plus prestigieux des tournois continentaux n'a pas tenu toutes ses promesses, les surprises, bonnes comme mauvaises, n'ont pas manqué. Des exploits et des déconvenues, des larmes de joie ou de tristesse au moment où certains sont tombés de très haut pendant que d'autres, moins attendus, monteront de très bas, le premier tour de la messe footballistique africaine, c'est sûr, aura été riche en émotion. C'est vrai que cette 29e édition de la CAN n'a, jusqu'ici, pas tenu toutes ses promesses en matière de qualité de football. Des matchs d'un niveau technique passable parfois à la limite du mauvais. Peu de buts, par conséquent, comparé à la phase de poules de 2012. Quarante-neuf (49) buts inscrits, soit une moyenne de 2 buts par matchs, dans les quatre groupes contre soixante-une (61) réalisations lors de la défunte édition. Oublions les statistiques et parlons émotions et sensations. La premier tour de cette CAN d'Afrique du Sud a été marqué par des premières. A commencer par nos Fennecs. L'équipe nationale, drivée par Vahid Halilhodzic, s'est rendue en Afrique du Sud avec 23 joueurs. 20 d'entre eux prenaient part au rendez-vous biannuel pour la première fois de leur jeune carrière. Un groupe qui aura, en dépit d'une élimination précoce, montré de belles choses, bousculant notamment les supers favoris Ivoiriens (2/2). Deux revers de suite. Chose qui n'était pas arrivée au Bosnien depuis la saison 2004-2005 lorsqu'il était entraîneur du Paris Saint-Germain (France). Pour ce qui est de l'EN, rappelons que la dernière fois où elle avait essuyé deux défaites remonte à la CAN-2010. Les coéquipiers d'Anthar Yahia avaient, à l'époque, pris une gifle, pour ne pas dire une raclée, face à l'Egypte (4/0), en demies, avant de céder, face au Nigéria (1/0), lors du match de classement ou petite finale. L'autre fait marquant dans le groupe «D» où a évolué l'Algérie, sera bien sûr, la qualification historique de la sélection du Togo. Les coéquipiers d'Emmanuel Adebayor sont parvenus à accrocher le second tour et disputeront les quarts de finale pour la première fois de leur histoire. A Lomé l'heure sera, jusqu'à nouvel ordre, à la fête en continu. Après 7 participations (1972, 1984, 1998, 2000, 2002, 2006 et 2010), la 8e a été la bonne pour les «Eperviers» qui sont parvenus à s'inviter parmi les 8 meilleures nations africaines. De quoi réjouir Didier Six, l'entraîneur en chef, qui a réussi à mener une équipe tirée du chapeau IV, ce qui laissait prévoir une élimination précoce parmi un quatuor infernal où figurait la Côte d'Ivoire, la Tunisie et l'Algérie. Un incroyable exploit que les Togolais ne risquent pas d'oublier, eux qui affrontent, aujourd'hui (19h30), le Burkina Faso, à Nelspruit. C'est sur cette même pelouse du Mbombela stadium que Serge Gakpé et consorts avaient validé leur billet face à la Tunisie lors du match décisif (1/1). Un signe du destin peut-être. En face, les Burkinabés, qui compte une participation de plus que leurs homologues, tenteront d'atteindre le carré d'As qu'ils ont disputé pour la première et dernière fois sur leurs terres en 1998.
Le Cap Vert «in», la Zambie (complètement) «out» Tout comme le Togo, une autre nation animera les quarts de finale pour la première fois de son histoire. Première qualification pour une première participation, il fallait le faire. Le «Cap Vert», le plus petit pays présent en Afrique du Sud, a osé et a estampillé le second billet de la poule «A». Le ticket du bonheur pour les poulains de Lucio Antunes qui s'étaient payés le Cameroun d'Eto'o Samuel lors des éliminatoires. La nation qui était méconnue sur le plan africain est devenue une véritable attraction pour tout les férus de la balle ronde continentale, voire mondiale. Ryan Mendes et consorts ont créé la sensation en parvenant à s'extirper, contre toute attente (même si la prestation lors du match d'ouverture contre le pays organisateur n'était pas passée inaperçue), du groupe «A» où évoluait le Maroc mais aussi l'Angola. 70e nations au dernier classement Fifa, le Cap Vert a frappé fort dans cette CAN. La grandeur de l'exploit a été saluée par la presse mondiale qui a loué le mérite du «Cabo Verde». De sont côté, le Niger, qui participait à cette compétition pour la deuxième fois (après 2012) est parvenu à remporter le premier point de son histoire. C'était face à la Zambie (1/1) tenante du titre. Justement, les «Chipolopolos», loin de leur niveau de 2012, ont, contre toute attente, échoué dans leur mission de préserver leur couronne, en notant que, depuis 1992, jamais un champion sortant n'a pris la porte de sortie dès le premier tour. Un fait rarissime qui mérite d'être signalé. Les Zambiens ne risquent pas de se relever d'aussitôt de cette déconvenue. Une chute du 7e ciel et un expéditif retour sur terre. Le football n'est pas une science exacte et n'obéit à aucune logique et ce premier tour, un peu serré au goût des puristes, le confirme un peu plus avec des surprises en cascade. Peu importe donc d'où l'ont vient ou qui on est, la seule vérité connue, restant le terrain.
Les «novices» dans la cour des grands Sept (7) des huit (8) entraîneurs qui seront sur le banc lors des quarts de finales ont atteint ce stade de la compétition pour la première fois. Première expérience à ce poste et premier exploit pour de vrais «novices». Ils ont pour noms, à retenir, James Kwesi Appiah (Ghana), Lucio Antunes (Cap Vert), Gordon Igesund (Afrique du Sud), Patrice Carteron (Mali), Sabri Lamouchi (Côte d'Ivoire), Paul Put (Burkina Faso) et Didier Six (Togo) sont en effet de parfaits débutants en CAN, puisqu'ils ont tous été nommés l'an passé. Seul le technicien nigérian, Stephen Keshi, a déjà exercé à ce niveau du tournoi puisqu'il était l'adjoint de Shuaibu Amodu l'année du dernier sacre des «Super Eagles» en 2002 au Mali. A la carte de visite de l'ancien vainqueur de la CAN, en 1994, figurent le Togo et le Mali. L'expérience pourrait donc faire défaut aux 3 autres prétendants qui resteront en lice après les matchs d'aujourd'hui face au plus «chevronné» des drivers toujours en lice. Cependant, sept des huit nations qualifiées viennent d'Afrique de l'Ouest. Une autre première et une région ayant marqué, à sa manière, cette compétition, alors que l'Afrique du Nord, représentée par l'Algérie, la Tunisie et le Maroc, tous hors course d'entrée, devront méditer la leçon et en retenir les enseignements sous peine de glisser un peu plus.
Carton rouge pour l'Arbitrage Les hommes à la tunique noire se sont, comme souvent en Afrique, illustrés avec des décisions très controversées. C'est l'Algérie et la Tunisie qui ont été les plus «endommagées» par les mauvaises décisions. En effet, dans les rencontres des deux équipes maghrébines face au Togo, les arbitres ont oublié d'utiliser leur sifflet pour des fautes commises dans la surface de réparation. Deux des «chevaliers du sifflet» ont été officiellement sanctionnés. L'arbitre du match Algérie–Togo, le malgache Hamada Nampiadraza a, maigre consolation, été mis au frigo après les protestations de Mohamed Raouraoua et l'Egyptien, Ghead Grisha, l'officiel du match Nigeria-Zambie, a été tout simplement prié de rentrer chez lui par la CAF, lui qui n'a pas oublié de siffler un penalty, en faveur de l'équipe d'Hervé Renard, qualifié de «litigieux» par les Nigérians. En attendant, l'officier du match Togo– Tunisie, le sud-africain, devrait lui être sanctionné pour sa prestation plus que condamnable. Ces mauvaises décisions sont inadmissibles pour une rencontre qui était décisive. La réputation de l'arbitrage ne risque pas de s'améliorer vu les oublis récurrents des arbitres du continent. Ils manquent parfois de courage pour siffler, parfois ils ferment l'œil et c'est le prestige de ce grand évènement qui est terni et prend un sérieux coup. Quoi qu'il en soit, la messe continentale continuera de nous enchanter jusqu'au 10 février en cours. Ce sont les meilleures sélections comme les meilleurs arbitres qui iront jusqu'au bout. On gardera un œil sur l'Algérien, Djamel Haimoudi, qui sera au sifflet de la prestigieuse affiche Côte d'Ivoire-Nigeria. Le seul Vert qui risque de rester en lice pourrait aller jusqu'au bout. Lui, au moins, aura son destin entre ses mains et ce sont ses prestations qui plaideront pour lui. Il reste une semaine de magie, une semaine de football, une semaine pour la Reine Noire qui devra choisir parmi les 4 derniers prétendants qui resteront en lice après les matchs d'aujourd'hui. M. T.