L'entame du 3e millénaire se caractérisera par une espèce de décantation naturelle. L'ébullition cède progressivement la place à un retour aux sources salvateur. Aujourd'hui, le produit de l'artisanat local reprend progressivement son rang sur le marché national, à la faveur d'une nouvelle tendance palpable chez le consommateur algérien. Remis au goût du jour, les poteries et les ustensiles en bois, les vêtements et les bijoux traditionnels, la tapisserie et la maroquinerie locales, comme la dinanderie, la vannerie et les meubles d'autrefois, connaissent un regain d'intérêt notable. Ils sont, de nouveau, dans l'ère du temps. Les salons de l'artisanat, les expositions des métiers anciens, les foires des arts populaires et les brocantes sont courus. Le visiteur est constamment en quête de l'objet décoratif ou usuel, authentique et caractéristique de la culture ancestrale. Dans beaucoup foyers, on est souvent reçu dans des livings meublés dans le pur style maghrébin. Dans les fêtes familiales et les réjouissances communautaires, les femmes se mettent à la mode traditionnelle. Robes, bijoux, chaussures et coiffures sont joyeusement empruntés aux aïeux. De plus en plus qualifiés, les artisans se sont même ouverts une petite brèche vers l'exportation. Cette évolution répond aux efforts engagés ces derniers temps par les autorités de tutelle qui ont insufflé une dynamique nouvelle à cette filière prometteuse. En plus des subventions et autres facilités accordées aux jeunes artisans, il y a aussi divers rendez-vous de vulgarisation et de promotion dédiés au créneau. Recourant à l'Internet, certains artisans innovent aussi en matière de communication et de mise en valeur de leur discipline. Pour maintenir cette dynamique, tous les acteurs du secteur (ministères, Chambres de l'artisanat et des métiers, artisans et organisateurs d'événements) sont appelés à œuvrer de concert pour codifier et défendre la spécificité de l'artisanat algérien. Cela participe évidemment à la création d'un cachet à même de promouvoir le secteur, en créant des liens étroits et des échanges réguliers entre les artisans eux-mêmes, et en développant le marché et les réseaux commerciaux des produits de la filière. Cet éveil enchanté doit se perpétuer pour assimiler à jamais la leçon des tragiques errements des années 1980 et 1990.