De notre correspondant à Annaba Mohamed Rahmani Asthme, énurésie, diabète, scoliose, baisse de l'acuité visuelle et autres maladies sont chaque année diagnostiqués en milieu scolaire par les quelque 1 187 unités de dépistage et de suivi (UDS) implantées dans les établissements relevant du secteur de l'éducation nationale. Ces UDS, dont l'évolution, depuis 1997, a connu une nette amélioration, sont aujourd'hui encadrées par des personnels spécialisés et mieux équipées pour intervenir rapidement et efficacement. Toutefois, il reste beaucoup à faire dans la mesure où ces unités sont réparties par circonscription ; le plus souvent, une UDS couvre une vingtaine d'établissements, tous cycles confondus. Cette situation pose problème du fait que les élèves sont amenés à effectuer un déplacement pour une auscultation ou un dépistage avant d'être orientés vers des services spécialisés des hôpitaux ou cliniques. Dans certains cas, ce sont les personnels qui sont réquisitionnés pour pratiquer différents actes médicaux avec le minimum requis, et ensuite orienter les enfants vers l'UDS pour des examens approfondis avant de les réorienter une seconde fois vers des établissements sanitaires spécialisés. «L'idéal serait d'avoir 2 à 3 UDS par circonscription», dira Mme Latifa Remki, directrice des activités culturelles et sportives au ministère de l'Education lors du 3e Congrès maghrébin de santé scolaire et universitaire. Cela permettra aux personnels des UDS de travailler dans de meilleures conditions, le nombre d'élèves à examiner étant réduit, l'auscultation approfondie et la prise en charge rapide et plus appropriée. A Annaba, seulement 18 UDS sont opérationnelles, 7 dans le primaire, 7 autres dans le moyen et 4 dans les lycées, le tout pour 123 652 élèves, répartis sur 264 établissements primaires, 71 CEM et 33 lycées, ce qui fait une moyenne de 336 élèves par UDS. Cette couverture est jugée insuffisante malgré la présence d'un personnel qualifié affecté par la direction de la santé et de la population, un médecin généraliste, un dentiste, un psychologue et des infirmiers diplômés des écoles paramédicales. La direction de l'éducation, autorité de tutelle, a, en premier lieu, concentré ses efforts sur les premières et les dernières années des 3 paliers ; le dépistage et le suivi dans les autres classes se fera plus tard. A la question de connaître les causes ayant dicté ce choix, le directeur du secteur nous dira que les premières et dernières années de chaque cycle sont des classes pilotes. «Ce sont les élèves de ces classes qui sont ciblés en premier, nous déclare-t-il, parce qu'en première année primaire, on ne connaît pas encore l'élève, on lui établit un dossier médical sur la base du dépistage, ensuite ce sera l'orientation et le suivi. C'est la même chose pour ceux qui changent de cycle, que ce soit pour le CEM ou le lycée. Les classes d'examen sont aussi visées parce qu'elles sont appelées à subir les épreuves d'éducation sportive, donc l'aptitude de l'élève doit être contrôlée. Pour les autres, nous disposons déjà de leur dossier médical et sommes informés avec précision sur l'état de santé de l'élève. L'UDS intervient quand il s'agit de prendre en charge un élève atteint de quelque maladie pour le suivre et l'orienter.» Poursuivant ses propos, le directeur nous confiera que les parents aident énormément l'administration en l'informant sur l'état de santé de leurs enfants. En cas de maladie handicapante, ceux-ci fournissent une copie du dossier médical et transmettent des renseignements utiles qui peuvent servir en cas de besoin. En cas d'accident ou de malaise d'un élève d'un établissement doté d'une UDS, les premiers soins sont prodigués sur place et, si nécessaire, l'évacuation sur l'hôpital le plus proche se fera grâce à l'intervention de la Protection civile. Pour les établissements éloignés, l'ambulance médicalisée prend le relais et se charge de toute l'assistance médicale avant le transfert de l'élève dans un hôpital. Solidarité et prise en charge médicale Certains élèves issus de milieux défavorisés sont atteints de maladies nécessitant des traitements lourds et coûteux. Les parents n'arrivent pas toujours à prendre en charge toutes les dépenses de santé. Ce qui a des conséquences désastreuses sur la santé et la scolarité de l'élève : absences répétées, manque de médicaments, aggravation de la maladie et parfois interruption totale de la scolarité. Sur tous ces points, le directeur de l'éducation de la wilaya nous a déclaré que pour peu que les parents se rapprochent de l'administration pour signaler leur situation sociale et leur incapacité à prendre en charge leur enfant, le service de l'école prend des dispositions de façon à assister l'enfant malade. L'achat des médicaments se fait par l'établissement qui les remettra aux parents. D'autres sont conservés dans le réfrigérateur dudit établissement pour être pris par le malade à heure fixe. Concernant les élèves souffrant d'une baisse de l'acuité visuelle et qui ne peuvent acheter des lunettes, là aussi, un service existe (Constantine), lequel adresse à la direction de l'éducation un courrier dans lequel il demande un état des besoins. Celui-ci est transmis et est toujours honoré. «Nous veillons au niveau de la direction à prendre en charge tous ceux qui sont vraiment dans le besoin afin qu'aucun élève ne soit handicapé quant à la poursuite normale de son cursus scolaire. D'ailleurs, le dernier cas relatif à une absence de longue durée, suite à une maladie, a été réintégré dans son établissement», conclut le premier responsable du secteur. Prise en charge sur les plans psychologique et pédagogique Les élèves souffrant de maladies ou de chocs émotionnels sont encadrés par le psychologue de l'UDS qui les conseille et leur les oriente pour affronter leur maladie et leur apprendre à la gérer le plus normalement possible. La thérapie dure plus ou moins longtemps, selon les cas, mais en général, les enfants s'en sortent malgré leur fragilité. Sur le plan pédagogique, les retards enregistrés par les élèves à cause des absences pour soins sont rattrapés grâce aux séances de soutien qui s'étalent tout au long de la semaine en prenant soin de choisir des horaires adaptés pour qu'il n'y ait pas surcharge ou saturation. Les enseignants sont informés de ces cas, qui sont intégrés avec d'autres élèves de niveau supérieur et ce, dans le but de préserver leur sensibilité. Au fil des jours, la situation s'améliore et ces élèves, handicapés au départ, arrivent à rattraper les retards pour parfois se classer parmi les meilleurs. L'étendue de la couverture sanitaire dans les établissements scolaires de Annaba, si elle fonctionne bien et arrive à remplir les missions qui lui sont confiées, reste cependant à améliorer et à perfectionner, de façon à assurer une meilleure qualité des services pour qu'aucune maladie ne puisse influer négativement sur la scolarité des élèves. Il se peut que parmi ces élèves malades, il y ait de petits génies en herbe mais que la maladie empêche d'éclore et de s'épanouir.