Photo : S. Zoheir Par Badiâa Amarni L'Algérie a reculé de manière spectaculaire dans le domaine du tourisme en raison de l'absence d'investissements nouveaux et du déficit en matière de prestation de service. Le secteur qui représentait 8% du PIB (produit intérieur brut) à la fin des années 70 est descendu à moins de 1% en 2003. D'où d'importants efforts pour rattraper ce retard à travers l'ouverture de dossiers et de chantiers pour replacer l'Algérie sur l'échiquier international de l'activité touristique. C'est ce qu'a indiqué, hier, le ministre du Tourisme et de l'Artisanat, M. Mohamed Benmeradi, invité au forum hebdomadaire du quotidien Liberté. D'emblée, M. Benmeradi a rappelé tous les efforts consentis par son département ministériel pour accompagner les investisseurs car, pour lui, «sans investissements il n'y a point de tourisme», ajoutant que «nous faisons de l'accompagnement des projets un fer de lance». Des incitations, des facilitations sont offertes aux investisseurs pour les encourager à réaliser leurs investissements et ainsi équilibrer l'offre et la demande et permettre aux touristes nationaux et étrangers de découvrir les nombreuses potentialités touristiques dont dispose l'Algérie. Ainsi des chantiers tous azimuts sont lancés et des dossiers sont ouverts pour améliorer la situation peu reluisante de ce secteur, longtemps plongé dans la léthargie et relégué au second plan. Le ministre a usé de son franc parler pour dire que beaucoup de lacunes, de défaillances et d'aberrations subsistent et ce n'est pas du jour au lendemain que les choses vont s'améliorer, assurant que le tourisme fait appel à beaucoup d'autres secteurs qui doivent s'impliquer. En termes de résultats, les chiffres avancés font état de l'entrée sur le territoire national de 2,7 millions de touristes en 2012, dont 61% sont des nationaux résidents à l'étranger. En termes de nuitées, le nombre de touristes qui ont séjourné en Algérie en 2012 est de 680 000, dont 240 000 représentent des touristes étrangers. Pour 2013, sont prévues les assises nationales du tourisme qui se dérouleront en avril et qui permettront de faire une halte sur ce qui a été accompli dans le secteur depuis plus d'une décennie. Cette rencontre, qui associera tous les partenaires du secteur avec à l'appui une expertise internationale, ouvrira quatre grands chantiers. Il s'agira entre autres d'essayer de trouver des solutions aux contraintes juridiques rencontrées par les ZET (Zones d'expansion touristiques), et évaluer le plan qualité mis en place, et de revoir les lois régissant actuellement le secteur et qui datent de 10 ans. A propos des ZET, M. Benmeradi a expliqué que 53 000 hectares ont été attribués aux ZET, et 1200 ont été accordés, soit 2,5% seulement de la superficie. «Il faut donner rapidement tous ces terrains pour les investisseurs afin d'y implanter des projets», a précisé le premier responsable du secteur qui avait expliqué auparavant qu'il y a des centaines de projets à implanter au niveau de ces ZET, dont certains sur 100 et 200 hectares. Ces ZET, a aussi expliqué le ministre, sont gelées à cause de l'absence de plans d'aménagement. Des autorisations, pour lancer les travaux en même temps que les aménagements, seront délivrées pour faire avancer ce dossier, a-t-il affirmé. Interrogé sur l'impact de l'attaque terroriste de Tiguentourine sur le tourisme saharien, l'hôte du forum de Liberté a reconnu qu'il y aura certes des répercussions mais que, pour l'heure, le plan de charge de l'Onat pour le mois de mars est maintenu, et ce sont des groupes d'étrangers par centaines et d'autres par cinquantaines qui vont se rendre en Algérie. Concernant la classification des hôtels, le ministre a fait savoir que 35% de ces établissements sont définitivement classés, 32% ont été visités et sont en cours de classification et les 45% restants le seront en 2013. Les prestations de services, le manque d'hygiène, entre autres, la formation, la concession des plages et la réhabilitation des hôtels ont été évoqués. A propos de ce dernier dossier, le ministre a reconnu que cette opération de rénovation des 65 hôtels publics, du portefeuille Gestour, est très en retard et a été gêné par le Code des marchés publics, les managers craignant le délit de gestion. Enfin, M. Benmeradi a beaucoup insisté sur la formation, notamment des guides nationaux capables d'accompagner les touristes, et déclaré que des incitations fiscales seront accordées aux agences de voyage qui font dans le tourisme réceptif et non dans l'émetteur.