Photo : Riad Par Samira Imadalou Demain prendra fin à la société algérienne des foires et exportations (Safex) la grande exposition dédiée à l'agriculture à l'occasion du Cinquantenaire de l'indépendance. Les visiteurs de ce salon annoncé et inauguré en grandes pompes et sur lequel le département de Rachid Benaïssa a choisi deux dates symboliques pour l'ouverture et la clôture, n'ont eu droit qu'à une vitrine du secteur. Le ministère de l'Agriculture semble en effet avoir beaucoup misé sur l'image pour cette exposition qu'il voulait grandiose. Une exposition inaugurée, le 18 février 2013, journée nationale du Chahid et qui s'achèvera le 24 février soit le jour du double anniversaire de la nationalisation des hydrocarbures et de la création de l'Union générale des travailleurs algériens (Ugta). Justement que retenir d'une telle manifestation qui a, faut-il le rappeler, revêtu beaucoup plus un caractère folklorique et culturel ? L'exposition a certes montré au grand public les phases qu'a traversé le secteur de l'agriculture tout au long de ces cinquante années d'indépendance et a mis en exergue le rôle des différentes régions du pays dans la Guerre de libération nationale. Ce qui a permis aussi aux citadins de découvrir le monde rural. Mais il n'y a pas eu de débats ni de rencontres autour des défis de l'agriculture. Et pourtant, c'est l'aspect le plus important pour qui a placé la sécurité alimentaire au cœur de ses préoccupations. On ne cesse de le rappeler depuis la conférence nationale de l'agriculture de février 2009 mais surtout depuis la crise alimentaire mondiale de 2008. «L'agriculture algérienne doit relever deux défis majeurs : jouer le rôle d'un véritable moteur de la croissance et contribuer à l'amélioration significative de la sécurité alimentaire du pays devenu un enjeu de sécurité nationale», avait noté le chef de l'Etat lors de son discours de Biskra. Quelles étapes franchies jusque-là ? Quatre ans après cette rencontre durant laquelle Bouteflika avait annoncé l'effacement des dettes des agriculteurs et des mesures d'appui à l'amélioration de la production, les résultats tardent à venir. Ce ne sont pas les dépenses qui ont manqué ni les dispositifs. Cependant, la facture alimentaire reste toujours élevée avec près de 9 milliards de dollars en 2012 (même si elle a baissé de 9% par rapport à 2011). Etant concentrée au nord du pays, l'agriculture n'arrive toujours pas à atteindre les objectifs escomptés. La part des Hauts Plateaux et des régions du sud dans la satisfaction des besoins alimentaires du pays reste faible. Ce ne sont pas les potentialités qui manquent dans ces régions en termes de terres agricoles fertiles et de ressources hydriques souterraines abondantes sans omettre la richesse animale, notamment cameline. Abordant dans ce cadre le rôle du Sud dans le développement de l'agriculture à l'occasion des rencontres régionales organisées depuis le début de l'année, le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Rachid Benaïssa a reconnu le 14 février dernier depuis Illizi qu'il y a lieu «d'apporter des réponses à certaines préoccupations qui entravent encore la dynamique amorcée dans ce domaine». Les performances du Sud (une région qui a participé en 2012 à hauteur de 18,3% dans la valeur de la production agricole nationale) ne reflètent d'ailleurs pas les potentialités existantes de l'aveu même du ministre. Face à ces maigres résultats, le gouvernement a arrêté d'autres mesures au profit de ces régions. Ainsi et à titre illustratif, une instruction interministérielle (Agriculture, Intérieur et Finances) portant sur la redynamisation des dispositifs relatifs au foncier agricole dans les wilayas sahariennes a été signée le 13 février dernier. L'objectif étant de «renforcer les bases économiques de ces régions». Comment ? En sécurisant les exploitants et en gagnant en permanence de nouvelles terres arables pour augmenter la production dans toutes les filières, selon les explications de Benaïssa. Les mesures concernent aussi l'accession à la propriété foncière agricole (Apfa) et le dispositif de création de nouvelles exploitations agricoles. Le secteur de l'agriculture a décidé par ailleurs d'augmenter les quantités d'orge attribuées aux 10 wilayas du Sud à 50 000 quintaux et même plus par an contre 25 000 quintaux en 2012. Par ailleurs, en plus du développement de l'agriculture dans le Sud, il y a lieu d'augmenter les superficies plantées en réduisant les terres en jachère, en renforçant la mise en valeur des terres initiées dans les zones à vocation céréalières notamment. Globalement, en ce qui concerne les céréales et les autres filières stratégiques, du travail reste à faire également. L'ancien ministre de l'Agriculture, M. Noureddine Bahbouh, n'a pas manqué de le souligner lors de l'inauguration de l'exposition. «Un pas positif a été effectué depuis l'indépendance. C'est important, mais cela ne doit pas nous faire occulter qu'il reste beaucoup de choses à faire notamment dans le domaine des filières stratégiques.» Et de souligner : «Il faut consolider et capitaliser ce qui a été fait et faire de l'autocritique». Une recommandation de grande taille à prendre en considération.