Photo : Riad Par Amel Bouakba Dans un contexte mondial difficile marqué par des crises multiples, l'Afrique est-elle capable de mobiliser les moyens pour faire face aux conséquences dramatiques des changements climatiques, un sujet qui fait plus que jamais l'actualité ? Plus que tout, l'absence d'une stratégie commune entre pays africains a fait longtemps ombre au tableau. Aujourd'hui, les pays africains veulent prendre leur destin en main en mettant toutes les chances de leur côté pour faire entendre leur voix et arracher une place parmi les autres puissances de ce monde. Pas moins d'une quarantaine de ministres africains et un panel d'experts internationaux et d'organismes onusiens prennent part à la conférence africaine sur les changements climatiques pour l'après-2012 qu'abrite Alger, depuis hier, à l'hôtel Aurassi. Cette rencontre a été précédée deux jours auparavant par la réunion des points focaux et négociateurs africains impliqués dans le processus de la convention et du protocole de Kyoto particulièrement par rapport au plan d'action de Bali. Il y a lieu de rappeler à ce propos que l'Algérie est présidente du comité Afrique sur les changements climatiques. «L'Afrique est le continent le plus affecté et le plus vulnérable au changement climatique même si, historiquement, il n'a pas contribué au phénomène puisqu'il n'est responsable que de 3,5% des émissions mondiales», a rapporté Abdelaziz Belkhadem, dans un message adressé par le président Bouteflika. «S'agissant des effets ressentis des changements climatiques, le rapport sur l'impact du fléau en Afrique précise que la température moyenne a déjà augmenté de 0,7% C au cours du XXe siècle et les prévisions du scénario moyen sont alarmants, c'est pourquoi je salue aujourd'hui la décision prise par l'OPEP, le 24 octobre, d'ajuster l'offre pétrolière pour stabiliser le marché», a indiqué le chef de l'Etat. Il s'est félicité de la progression de l'Afrique dans l'élaboration de ses propositions et elle est à même de formuler dans les meilleurs délais une position commune. Notons que l'objectif de la conférence d'Alger est de permettre aux négociateurs africains des changements climatiques de préparer et de faire adopter par les ministres africains chargés de l'environnement des positions communes dans la perspective des négociations du plan d'action de Bali ainsi que des autres points des différentes processus en cours de discussions et de négociations en prévision de la conférence de Poznan, en Pologne, en décembre 2008 et du sommet de Copenhague en décembre 2009. Pour les différents intervenants, le réchauffement climatique ne fait plus aucun doute et ses conséquences sont dramatiques, le temps des rapports et des évaluations doit céder la place à celui de l'action. Les pays africains étant les plus menacés par ce phénomène doivent agir. Selon Cherif Rahmani, cette rencontre africaine revêt un caractère capital car elle sera sanctionnée par la déclaration d'Alger qui reflète une position commune des pays africains. Selon le ministre, «la question de l'adaptation aux changements climatiques se pose beaucoup plus que celle de l'atténuation du phénomène puisque le continent n'est pas responsable des émissions à effet de serre [seulement 3,5%]». Rahmani fera part également de la nécessité de mettre en place des actions renforcées pour la mise au point et le transfert de technologies à l'appui des mesures d'adaptation. Pour sa part, Abdelkader Messahel, ministre délégué aux affaires maghrébines et africaines, estimera que «l'Afrique est appelée à renforcer ses capacités et ses compétences, élément déterminant qui permet au continent de défendre ses positions lors des prochaines rencontres de Poznan et de Copenhague». Selon lui, «l'Afrique doit être partie prenante dans les négociations et les décisions d'autant plus que la protection de l'environnement figure parmi les points prioritaires du Nepad». Des invités de marque participent à la conférence d'Alger, à l'image de Festus Gontebanye Mogae, envoyé spécial des changements climatiques de Ban Ki moon, de M. Yvo De Boer, secrétaire exécutif de la convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques…. Selon M. Yvo De Boer, le sommet de Copenhague ne sera pas un échec. Il a affirmé que les Etats-Unis s'impliqueront dans cette rencontre. Barack Obama a souligné récemment qu'il s'impliquerait dans la réduction des émissions à effet de serre. Pour rappel, les Etats-Unis, plus gros pollueurs de la planète, sont les seuls à ne pas avoir ratifié le fameux protocole de Kyoto.