Dans le cadre de la série d'hommages aux grands maîtres de la musique algérienne, initiée par le ministère de la Culture, l'Office national des droits d'auteurs et Droits voisins (Onda), organise aujourd'hui a partir de 17h 30 , une soirée en l'honneur du grand artiste Akli Yahyaten, animée par de grands noms de la chanson algérienne a l'instar de Lounis Aït Menguelet, Farid Ferragui, Nacer Mokdad et Amel Zen. A cette occasion, la ministre de la Culture, Khalida Toumi, décernera au célèbre interprète de la chanson «El Menfi», un «trophée-hommage» en reconnaissance à l'apport de ce grand artiste à la chanson kabyle et au patrimoine musical algérien. Akli Yahyaten a écrit El Menfi «l'Exilé» en 1959, suspecté, à la suite d'une dénonciation, de collecter des fonds au profit du Front de libération nationale (FLN), il sera emprisonné à plusieurs reprises. Durant ses emprisonnements il composera plusieurs chansons à succès, notamment Ya El Menfi, une reprise en arabe dialectal d'un vieux chant d'exil kabyle composé au lendemain de l'insurrection de 1871 et du verdict sans appel : la déportation en Nouvelle-Calédonie de la plupart des meneurs, dont Mokrani Boumezrag, Aziz Ben Cheikh El Haddad et son frère M'hamed. Cette chanson Ya El Menfi (l'exilé) rappelle les souffrances endurées par les immigrés algériens dans l'Hexagone. Akli Yahyaten est en fait l'un des derniers représentants artistiques de «l'immigration du marteau-piqueur». Marquée par les difficultés de l'exil, la nostalgie du bled et la lutte nationaliste. Né en 1933 à Beni-Mendès, village des montagnes du Djurdjura, Akli perd son père à l'âge de 3 ans. Il fait à 12 ans une petite fugue de 150 km vers Alger, où il est pris en charge par des cousins. En mai 1945, dans une manifestation organisée par les nationalistes algériens, il défilera «avec ses petits camarades dans les rues d'Alger en chantant des hymnes patriotiques. La police intervient et le voilà pris et envoyé à la maison de redressement de BirKhaddem». En 1952, Akli passe clandestinement sur un bateau pour Marseille, d'où il gagne Paris en train. Là, il y a d'autres «cousins» pour l'accueillir. Il fait le manœuvre et gratte chaque soir sa mandoline. Insoumis, il est envoyé manu militari effectuer son service en Algérie. En 1956, il revient comme ouvrier spécialisé chez Citroën et fréquente l'intelligentsia du Quartier latin où s'activent nombre de nationalistes algériens. Sur les conseils du compositeur prolifique de l'immigration algérienne Amraoui Missoun. Après l'indépendance, Akli Yahyaten fait la navette entre les deux rives de la Méditerranée, ouvre sa boutique d'éditeur-vendeur de cassettes à Barbès. De là, il signe encore quelques succès pour ses compatriotes expatriés, en porte-voix d'une immigration algérienne mythique dont les pionniers ouvriers kabyles ont débarqué en France en 1890. S. A.