Le dossier syrien connaitra-t-il de considérables développements aujourd'hui? Difficile de le prédire. Seulement les multiples déclarations faites hier sur le sujet laissent supposer une nouvelle évolution. Les Etats-Unis et la France ont affirmé hier examiner les moyens d'accélérer la transition politique. Une déclaration faite par le nouveau chef de la diplomatie américaine, John Kerry, après des entretiens à Paris avec le président François Hollande et son homologue Laurent Fabius. Cela sera discuté, selon la même source, aujourd'hui à Rome, lors d'une réunion internationale des Amis du peuple syrien, à laquelle participera l'opposition syrienne. «Je pense que l'opposition syrienne a besoin de davantage d'aide. Nous pensons qu'il est très important que davantage d'aide arrive dans les zones libérées» en Syrie, a-t-il précisé, à l'issue d'un déjeuner avec Laurent Fabius, au ministère français des Affaires étrangères. Après des visites à Londres, Berlin et Paris, John Kerry était attendu hier soir à Rome, pour participer jeudi à la réunion des Amis de la Syrie. Selon le quotidien américain Washington Post, la Maison- Blanche réfléchit à un changement majeur de stratégie avec la fourniture aux rebelles d'une aide directe «non létale». Le quotidien a évoqué des gilets pare-balles, des véhicules blindés et même un entraînement militaire. D'autre part, Damas et l'opposition étaient soumis à d'intenses pressions de la communauté internationale pour entamer des négociations en vue d'une issue à la crise en Syrie, à la veille de cette réunion des Amis du peuple syrien, à Rome. La Russie a pressé cette semaine l'opposition et le régime d'entamer un dialogue pour mettre fin à une guerre qui a tué, selon l'ONU, plus de 70 000 personnes en près de deux ans, et M. Lavrov a dit «compter» sur l'opposition «pour se déclarer aussi en faveur du dialogue» jeudi à Rome. Cette semaine, Damas s'est dit prêt, pour la première fois, à discuter avec les rebelles armés, mais l'opposition politique maintient que tout dialogue doit nécessairement passer par le départ du président Assad. La Coalition de l'opposition syrienne avait d'abord annoncé son boycottage de la réunion de Rome, avant de revenir sur sa décision après des promesses internationales d'«aides spécifiques» au peuple syrien. «L'opposition a le sentiment qu'on lui met beaucoup de pression sans lui offrir clairement une feuille de route pour les mois à venir (...). Elle se sent abandonnée», a affirmé Karim Emile Bitar, directeur de recherche à l'Institut de relations internationales et stratégiques. A Rome, les Américains veulent donc «booster le moral de l'opposition, les pousser à continuer la lutte (...) car ils sont conscients que les négociations avec les Russes pourraient prendre plusieurs mois», a ajouté cet expert. A Damas, les autorités ont décidé de renouveler les passeports des Syriens installés à l'étranger, ce qui apparaît comme une concession envers l'opposition, puisque beaucoup de ces expatriés sont des opposants, et que cette mesure figurait parmi les conditions posées par le chef de l'opposition pour entamer un dialogue avec Damas. En attendant cet éventuel dialogue, l'opposition doit élire, ce week-end à Istanbul, le chef du premier gouvernement pour administrer les larges territoires qui échappent au contrôle du régime dans le nord et l'est du pays. R. I.