L'effervescence autour de la question cruciale de l'emploi dans le sud du pays a engendré un branle-bas de combat au sein du gouvernement, qui a enchaîné au cours de la semaine dernière décision sur décision. Même l'Union générale des travailleurs algériens (Ugta) s'est ralliée à cette course. L'Union a, comme à l'accoutumée, tenter jouer le jeu de l'apaisement. Ouargla en particulier, où a eu lieu la marche des chômeurs jeudi dernier, et les wilayas du Sud globalement ont été au centre d'intérêt des membres du gouvernement. Les visites dans cette région se sont succédées. A chaque ministre, son lot de promesses et à chaque institution relevant de l'Etat un programme spécial pour le Sud, avec un objectif commun : contenir la colère des populations. Aux jeunes, les représentants du gouvernement ont promis un meilleur suivi des dispositifs de recrutement et d'aide à la création d'emplois. D'ailleurs, les comités intersectoriels chargés de la mise en œuvre de l'instruction N° 01, du 11 mars 2013, du Premier ministre, relative à la gestion du dossier de l'emploi dans les wilayas du Sud, ont été installés officiellement jeudi dernier dans les wilayas d'Adrar, Illizi, Tindouf et Tamanrasset. Présidés par les chefs des exécutifs des wilayas précitées, ces nouvelles instances regroupent les directeurs des secteurs de l'emploi, de la formation et de l'enseignement professionnels, de l'énergie et des mines, de l'agriculture et du développement rural, du commerce, du tourisme et de l'artisanat, de l'industrie, de la PME et de la promotion de l'investissement, les chefs des agences locales de l'emploi, les inspections du travail et les antennes locales du registre de commerce. Ces comités ont une mission de régulation, de contrôle, de suivi et de constat d'éventuelles infractions ou de distorsions à la réglementation en matière d'emploi ou de non application de l'instruction Sellal Les entreprises ont été averties, dans ce cadre, sur les conséquences de la non application de la dite instruction. Il a été également décidé d'accorder des crédits sans intérêts aux jeunes promoteurs et aux chômeurs de ces régions pour leur permettre de créer des microentreprises. Dans le même sillage, la Caisse nationale d'assurance chômage (Cnac) s'est déclarée ouverte pour la création de microentreprises dans tous les secteurs d'activité dans la région du Sud. Un appel est lancé aux autorités locales pour s'impliquer dans la mise en œuvre de l'instruction Sellal, considérée par le directeur général de la Cnac comme un «nouveau souffle pour la région». Et ce d'autant que ce ne sont pas les potentialités qui manquent. Tourisme, services, agriculture et bien d'autres secteurs d'activité sont en effet très peu développés dans cette région. Dans ce cadre, il est à souligner que les jeunes agriculteurs de la région se sont vus promettre l'accélération de la création de nouveaux périmètres agricoles, dont l'instruction ministérielle remonte à deux ans, plus exactement au 23 février 2011. Autre annonce en cette période d'agitation au sein du gouvernement, la facilitation du transfert des étudiants entre les établissements universitaires du nord et du sud du pays et leur permettre de suivre des études dans des spécialités en rapport avec leur formation, selon le directeur de la formation supérieure post-graduation au ministère de l'Enseignement et de la recherche scientifique, M. Mustapha Houchine, cité hier par l'APS. Cette mesure a pour objectif de rapprocher les étudiants du nord et du sud du pays, en leur permettant de suivre des études dans des spécialités en rapport avec leur formation pour une période allant de 6 mois à une année. Cette mesure s'inscrit dans le cadre des réformes qui ont touché le secteur et intervient pour compléter les pôles d'excellence universitaires. D'ailleurs un système est en cours de développement pour assurer une formation par le biais de téléconférences. Autant de mesures qui renseignent largement sur l'ampleur du retard pris dans le l'essor socio-économique du Sud, tout comme c'est le cas dans le Nord ou les lacunes sont aussi nombreuses. Une situation née de l'absence d'une stratégie de développement. Et dire que, dans les discours, le développement durable revient à chaque fois. Mais quand les actes ne collent pas avec les paroles… S. I.