Cela ressemble à un véritable plan Marshall : le gouvernement, redoutant sans doute le vent de colère qui souffle depuis quelques semaines du Sud, a adopté un train de mesures à l'effet de répondre aux doléances des jeunes de ces régions dont on se surprend aujourd'hui à savoir qu'elles sont “laissées-pour-compte", notamment en matière d'emploi. Selon une instruction du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, prise à l'issue d'un Conseil interministériel tenu dimanche à Alger en présence des ministres de la Formation professionnelle, du Commerce, de l'Agriculture, du P-DG de Sonatrach et du directeur de l'Agence nationale de l'emploi (Anem), les entreprises, activant dans les régions du Sud, devront désormais accorder la priorité dans leur recrutement à la main-d'œuvre locale. “Le recours au recrutement d'une main-d'œuvre hors wilaya n'est autorisé que dans la proportion des postes à pourvoir n'ayant pas de profil correspondant localement", explique l'instruction du Premier ministre citée par l'APS. “En cas d'indisponibilité des profils demandés sur le marché du travail local, ajoute le Premier ministre, une dérogation exceptionnelle peut être accordée par le wali, territorialement compétent, pour le recours à une main-d'œuvre hors wilaya sur un rapport dûment motivé, assorti de l'avis des services compétents de l'emploi." D'autre part, les employeurs sont tenus de notifier à l'agence habilitée, ou à la commune, tout emploi vacant, dans leur entreprise qu'ils souhaitent pourvoir, et de transmettre à l'agence habilitée les informations relatives aux besoins en main-d'œuvre et aux recrutements effectués, conformément à la loi. Pour pallier à la sous-qualification des jeunes de ces régions, argument souvent invoqué par certaines entreprises pour justifier leur recours à la main-d'œuvre hors des wilayas du Sud, Abdelmalek Sellal a instruit les entreprises qui recrutent des agents insuffisamment qualifiés à assurer la formation directement ou par l'intermédiaire des centres de formation professionnelle par une formation à la carte. Autres mesures : à l'effet de prévenir toute forme de disparité salariale, les entreprises faisant appel à des prestataires de services pour la réalisation des travaux de toute nature sont tenues d'inclure dans les contrats une clause portant sur l'application d'une grille des rémunérations qui ne saurait être inférieure à 80% de leur grille en vigueur pour des postes similaires. Désormais les entreprises de sous-traitance ne peuvent bénéficier que de 20% de la prestation de service. En cas d'inexistence de postes similaires au sein de l'entreprise donneuse d'ordre, il est fait référence en matière de rémunération aux salaires versés dans la branche au niveau local, précise la même source. Bien plus, les jeunes promoteurs et les chômeurs, établis dans les wilayas du Sud, bénéficieront désormais de crédits bancaires sans intérêts pour créer leurs microentreprises. “La bonification du taux d'intérêt des prêts accordés par les banques dans le cadre des dispositifs de soutien à la création de micro-activités gérées par l'Ansej et la Cnac sera portée à hauteur de 100% pour les projets initiés par les jeunes promoteurs et les chômeurs promoteurs dans les dix wilayas du Sud", selon l'instruction du Premier ministre. Outre l'encouragement des jeunes à créer des microentreprises dans le cadre de l'Ansej, en ordonnant les responsables locaux “à lever toutes les contraintes devant eux", Abdelmalek Sellal a chargé le ministre de l'Energie et des Mines, dont le département est un grand pourvoyeur d'emplois, de privilégier la sous-traitance d'activité avec les microentreprises créées dans le cadre des dispositifs sus-évoqués. Enfin, les walis devront, quant à eux, veiller à une application “stricte" des dispositions du code de l'opérateur des marchés publics qui réserve un quota de 20% de la commande publique aux microentreprises créées dans ce cadre. Et comme pour contrôler la mise en application de ces mesures, un comité de suivi présidé par le wali est créé dans chaque wilaya et un rapport élaboré par un comité intersectoriel sera envoyé mensuellement au Premier ministre. C'est dire que les autorités en haut lieu prennent très au sérieux l'évolution de la situation dans ces wilayas. Il faut rappeler que ces mesures décidées par l'Exécutif interviennent à la veille d'une marche grandiose à Ouargla à laquelle a appelé la commission de défense des droits des chômeurs. K K.