La situation des droits de l'Homme au Sahara occidental se détériore de jour en jour. L'atteinte la plus manifeste à ces droits, a été constatée par la communauté internationale lors de la parodie de justice du procès des 24 prisonniers sahraouis du groupe de Gdeim Izik, jugés par un tribunal militaire au Maroc. Plusieurs organisations internationales ont dénoncé à Genève les sentences «injustes» du tribunal militaire marocain. Dans leurs interventions devant la 22e session du Conseil des droits de l'Homme qui se tient à Genève (25 février-22 mars), des organisations internationales ont exprimé leurs préoccupations par les sentences «injustes» et le jugement des militants sahraouis des droits de l'Homme devant un tribunal militaire. Ce procès représente une violation grave d'une justice équitable, indépendante et impartiale, ont estimé France-Libertés, le Mouvement international des étudiants pour les Nations unies, le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples, la Fédération internationale de la jeunesse démocratique, l'Organisation pour le développement de l'éducation, l'Alliance internationale pour l'habitation et l'Association américaine de juristes. Par ailleurs, «Les enfants des nuages: la dernière colonie», film documentaire sur le conflit au Sahara occidental, a été projeté au siège du Parlement fédéral australien, au cours d'une cérémonie organisée par le groupe parlementaire australien d'amitié avec le peuple sahraoui, a indiqué SPS. Des personnalités politiques et parlementaires et des médias australiens ont assisté à la projection de ce film documentaire récompensé par un Oscar. A cette occasion, le représentant du Front Polisario en Australie, M. Kamal Fadel, est revenu sur les «lourdes peines» infligées par le tribunal militaire marocain aux prisonniers politiques sahraouis. Evoquant l'interdiction à des membres du Parlement européen d'accéder à la ville occupée d'El-Ayoune, M. Fadel a souligné que ces pratiques «prouvent que le Maroc occulte de nombreuses violations dans les régions occupées», appelant, à cet effet, à «élargir les prérogatives de la Minurso à la surveillance des droits de l'Homme». Les dénonciations des atteintes aux droits humains et politiques des Sahraouis se sont multipliées ces derniers jours. Ainsi, six organisations internationales ont organisé le 13 mars dernier à Genève un atelier sur le rapport «Oasis de la mémoire: mémoire historique et violations des droits de l'Homme au Sahara occidental» de Carlos Martin Beristain. L'atelier a été animé par M. Yann Loan, président du Mouvement international de la jeunesse et des étudiants pour les Nations unies qui a présenté à cette occasion un exposé sur la situation actuelle des droits de l'Homme et la «détérioration» de ces droits au Sahara occidental, appelant à accorder plus d'attention à cette question et à défendre tous les droits des Sahraouis. Pour sa part, l'auteur du rapport, M. Beristain a présenté un exposé sur les résultats des recherches qu'il a effectuées pendant des années ainsi que sur ses visites dans les territoires sahraouis occupés et les camps de réfugiés sahraouis, soulignant les «violations» commises par le régime marocain depuis le début de l'invasion militaire du Sahara occidental. Il a estimé que son livre constituait «une production scientifique» pouvant servir à la réécriture de l'histoire des violations des droits de l'Homme au Sahara occidental. L'atelier a été organisé par le Mouvement international de la jeunesse et des étudiants pour les Nations unies, le Mouvement France libertés, le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (Mrap), la Fédération internationale de la jeunesse démocratique, l'Organisation pour le développement éducatif et l'Association américaine des juristes. Les défenseurs sahraouis des droits de l'Homme, Ghalia Djimi et Mohamed Salem Lakhal, qui sont intervenus lors de cet atelier, ont dénoncé «la poursuite des violations des droits civiques, politiques, économiques et sociaux des citoyens sahraouis par les autorités marocaines» dont les jugements injustes prononcés par un tribunal militaire à l'encontre du groupe Gdeim Izik. En Grande-Bretagne, les violations des droits de l'Homme au Sahara occidental ont été le thème d'une conférence-débat organisée le 14 mars dernier à Londres, par l'Organisation des droits de l'Homme «Adala», avec la participation de représentants d'Amnesty international et du Front Polisario. Une grande affluence a été enregistrée à cette rencontre ouverte au public, marquée également par la projection du court métrage documentaire «La Badil», suivie d'une discussion sur la situation des droits de l'Homme au Sahara occidental. Un grand intérêt a été exprimé par l'audience qui a suivi avec beaucoup d'attention l'exposé présenté par un représentant du Front Polisario sur la situation dramatique qui prévaut dans les territoires occupés du Sahara occidental et les violations systématiques des droits de l'homme par le Maroc. Les participants à cette conférence, dont un grand nombre de militants en faveur des droits de l'Homme, des étudiants et des artistes, ont demandé à la communauté internationale d'agir pour le respect des droits des Sahraouis, a travers l'élargissement du mandat de la Minurso (Mission des Nations unies pour l'organisation du référendum au Sahara occidental). Le débat a également porté sur le procès des 24 prisonniers sahraouis condamnés par un tribunal militaire marocain. Dans le même ordre d'idée, l'Observatoire des ressources naturelles du Sahara occidental, la Western Sahara Resource Watch (WSRW), a salué la décision du nouveau gouvernement néerlandais de ne pas considérer les produits originaires du Sahara occidental comme produits marocains. Le nouveau gouvernement des Pays-Bas a réitéré la position du gouvernement précédent, selon laquelle les produits du Sahara occidental ne peuvent entrer dans le marché de l'Union européenne (AE) sous le label marocain, comme c'est le cas actuellement. Devant le Parlement néerlandais, le ministre des Affaires étrangères des Pays-Bas, M. Frans Timmermans, a déclaré que «selon la réglementation européenne, les produits originaires du Sahara occidental ne peuvent pas entrer sur les marchés européens comme s'ils étaient du Maroc», rapporte cette ONG. Le ministre a ajouté qu'il prendrait une position «plus active» sur la question au sein du Conseil des ministres de l'UE. Les Pays-Bas seront ainsi le deuxième pays à soulever la question au sein du Conseil de l'UE, souligne la WSRW. Le mois dernier, la ministre suédoise du Commerce, Ewa Bjorling, a déclaré qu'elle avait soulevé la même question au sein du Conseil européen. «Comme aucun Etat membre de l'UE ne reconnaît la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, les produits issus de ce territoire ne peuvent pas bénéficier de tarifs préférentiels, en vertu des accords commerciaux signés entre l'UE et le Maroc», a-t-elle affirmé. L'accord commercial UE-Maroc, qui permet une augmentation notable des importations de l'UE de fruits et légumes du Maroc est entré en vigueur en octobre 2012, rappelle l'ONG soulignant que cet accord a été critiqué pour ne pas exclure les produits originaires du Sahara occidental.
L'indépendance ou l'escalade Depuis la proclamation du cessez-le-feu entre le Polisario et le Maroc à la fin des années quatre-vingt, la question sahraouie n'a pas évolué d'un iota. Le Maroc a même profité de cette trêve pour renforcer sa présence dans les territoires occupés et imposer une chape de plomb aux populations sahraouies qui subissent la répression, l'emprisonnement et les privations de tous leurs droits, humain et politique. Cette situation de ni guerre ni paix, ne peut durer éternellement selon le président sahraoui. Mohamed Abdelaziz a néanmoins réaffirmé le caractère pacifique de la lutte du peuple sahraoui pour son indépendance et, si nécessaire, reprendra la lutte armée contre l'occupation marocaine. «Nous continuerons la lutte pacifique pour recouvrer notre indépendance et, si nécessaire, nous renouerons avec la lutte armée pour affronter l'occupation marocaine dans nos territoires», a affirmé le président Mohamed Abdelaziz samedi dernier quand il a reçu au siège de la présidence sahraouie des étudiants algériens établis en France. Il a souligné, à ce propos, que l'Algérie avait lutté avec «dignité et courage» pour son indépendance contre l'occupation française, estimant qu'à ce titre elle représentait «l'exemple à suivre» pour que le Sahara occidental puisse «arracher» son indépendance. Pour lui, le Maroc est dans «l'illégalité et commet l'oppression» à l'égard du peuple sahraoui, en violation, a-t-il dit, de toutes les résolutions de l'Organisation des Nations unies et de l'Union africaine (UA). Il a souligné, par ailleurs, que la condamnation par le tribunal militaire de Rabat, le 16 février dernier, des 24 prisonniers politiques sahraouis de Gdeim Izik (près d'El Ayoun occupé), à des peines allant de 20 ans de prison à la réclusion à perpétuité, montrait une fois de plus «le vrai visage du Maroc». «Le Maroc ne respecte pas les droits du peuple sahraoui à disposer de lui-même. De plus, il viole toutes les résolutions internationales, notamment celles de l'ONU, qui demandent l'organisation d'un référendum d'autodétermination du peuple sahraoui», a-t-il ajouté. Il a affirmé, dans ce sens, que le peuple sahraoui et la communauté internationale exercent une pression «de plus en plus intense» sur le Maroc pour l'amener à respecter les droits de l'Homme dans les territoires sahraouis occupés. Evoquant la construction de l'unité maghrébine, M. Abdelaziz a soutenu que le Maroc était «le principal obstacle» à la construction de l'unité du Maghreb arabe, à cause, a-t-il expliqué, de son occupation «illégale» du Sahara occidental. Il a souligné, dans ce cadre, que «la politique marocaine consistant à produire de la drogue et la répandre dans la région favorise le crime organisé». Interrogé sur l'avenir des négociations avec le Maroc, le président sahraoui a indiqué que le Conseil de sécurité de l'ONU recevra, vers la fin du mois d'avril, un rapport «détaillé» du secrétaire général de l'ONU. Il sera décidé lors de cette réunion, selon lui, de «l'avenir» de la Munurso» et de l'organisation d'un référendum d'autodétermination conformément aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité des Nations unies. «Il y a deux dates importantes, la visite fin mars de l'envoyé spécial du SG de l'ONU, M. Christopher Ross, dans les territoires sahraouis libérés et les territoires occupés par le Maroc, au cours de laquelle il rencontrera les deux parties en conflit et les pays voisins. Et fin avril, le Conseil de sécurité de l'ONU recevra un rapport détaillé du SG de l'ONU», a-t-il précisé. Comme l'avait annoncé le président sahraoui, l'Envoyé personnel du Secrétaire général de l'ONU pour le Sahara occidental, Christopher Ross, est attendu du 20 mars au 3 avril dans la région, y compris au Sahara occidental occupé. Cette information a été confirmée par le porte-parole de l'ONU, M. Eduardo del Buey. Ross rencontrera les représentants des deux parties au conflit, le Front Polisario et le Maroc, et tiendra également des consultations avec des représentants des gouvernements des pays voisins, l'Algérie et la Mauritanie, a souligné del Buey lors d'une conférence de presse au siège de l'ONU à New York. La visite, qui entre dans le cadre du mandat de Ross et des différentes résolutions du Conseil de sécurité, vise à préparer la prochaine étape dans le processus des négociations et une éventuelle reprise des pourparlers directs en vue de parvenir à «une solution politique mutuellement acceptable, qui devra assurer l'exercice du droit à l'autodétermination du peuple du Sahara occidental», a insisté le porte-parole de l'ONU. «Le conflit actuel au Mali et les risques d'instabilité dans le Sahel et au-delà accentuent l'urgence de trouver une solution au conflit sur le Sahara occidental», a-t-il soutenu. Cette nouvelle visite de M. Ross dans la région intervient après celle effectuée en octobre dernier à la suite de laquelle il avait présenté un rapport devant le Conseil de sécurité de l'ONU. L'Envoyé personnel de Ban Ki-moon avait alors exprimé sa «forte préoccupation» du statu quo de la situation en prévenant que s'il perdurait, «ce conflit pourrait nourrir une frustration croissante et déclencherait de nouvelles violences et hostilités qui seraient tragiques pour les peuples de la région». En conséquence, il avait soutenu que la question du Sahara occidental, qui dure depuis bien trop longtemps, «doit être résolue et elle peut être résolue s'il y a une volonté de s'engager dans un véritable dialogue». C'est ainsi qu'il avait annoncé qu'au lieu de convoquer immédiatement un autre round de négociations entre le Front Polisario et le Maroc, il allait entreprendre de larges consultations à l'échelle internationale et régionale suivies de «navettes diplomatiques» à travers plusieurs visites dans les pays de la région dont le Sahara occidental. Dans ce sens, il avait émis l'espoir qu'une telle démarche soit susceptible «de jeter les bases pour une reprise efficace des réunions» entre les deux parties au conflit. A la fin janvier dernier, Ross avait entrepris, dans ce cadre, des consultations afin d'établir un soutien international supplémentaire pour les négociations en effectuant une visite, tout d'abord, à Washington où il s'était entretenu avec de hauts responsables du Département d'Etat américain. Après les Etats-Unis, il s'était rendu successivement en Russie, en France, en Espagne, au Royaume-Uni, en Allemagne et en Suisse. Le prochain rapport du Secrétaire général de l'ONU sur la question du Sahara occidental sera soumis au Conseil de sécurité en avril prochain.