La décision d'octroyer le siège de la Syrie à la coalition de l'opposition syrienne par une Ligue arabe complètement sous influence des pays du Golfe continue à susciter la réserve quant à sa régularité. Le ministère russe des Affaires étrangères a jugé illégale cette décision de la Ligue arabe. «La décision prise par la Ligue sur la Syrie est illégale et infondée, parce que le gouvernement syrien était et reste le représentant légal auprès de l'ONU», a déclaré le ministère russe. Pour Moscou, il ne fait pas de doute, la nouvelle donne «est un encouragement aux forces qui, malheureusement, continuent de miser sur une solution militaire en Syrie, sans prendre en compte la souffrance des Syriens, qui grandit de jour en jour». Principalement sur instigation du Qatar, la Ligue arabe a décidé d'accorder à l'opposition le siège de la Syrie, vacant depuis la suspension de ce pays depuis l'éclatement de la crise. Une opposition pourtant hétéroclite et partagée entre plusieurs tendances. Son chef, démissionnaire, Ahmad Moaz al-Khatib avait pris la parole devant les chefs d'Etat arabes réunis à Doha. Constituée à Doha en novembre 2012, la coalition de l'opposition a été reconnue par certains pays comme «le représentant légitime du peuple syrien». Un coup de force au moment où la Syrie est partagée en deux camps. Les nouveaux maîtres de la Ligue arabe, le Qatar et l'Arabie saoudite, ont pesé pour imposer une situation de fait accompli alors que la situation sur le terrain demeure complexe. La Russie refuse de se joindre à la position anti-syrienne des Occidentaux et quelque pays arabes. Moscou s'oppose particulièrement à toute ingérence dans le conflit, qui a fait, selon l'ONU, plus de 70 000 morts depuis son commencement en mars 2011. Moscou a jusqu'ici bloqué, avec la Chine, tous les projets de résolution du Conseil de sécurité de l'ONU, sous le forcing des Occidentaux, menaçant de sanctions la Syrie. Alors que la Syrie continue à vivre l'enfer, le Qatar semble vouloir forcer les événements en offrant sa première «ambassade» à l'opposition syrienne. Après avoir octroyé le siège de la Syrie à la Ligue arabe à l'opposition, le Qatar poursuit sa politique d'hostilité envers Damas. Ahmad Moaz al-Khatib, et le ministre d'Etat des Affaires étrangères du Qatar, Khaled Al-Attiya, ont inauguré les locaux de cette «ambassade de la Coalition nationale syrienne», dont les bureaux ont été offerts par Doha. Le drapeau de la «révolution» syrienne a été hissé sur le bâtiment, une villa dans le quartier diplomatique de Doha mise à la disposition de l'opposition par le Qatar. L'ambassade de Syrie à Doha est fermée. Le Qatar qui a rompu ses relations diplomatiques avec Damas est le principal bailleur de fonds de l'opposition syrienne dans ses segments politiques et militaires. M. B.