Les réserves de l'Algérie quant à l'octroi du siège de la Syrie à l'opposition au sein de la Ligue arabe, lors du Sommet de Doha, sont fondées sur la Charte de l'organisation qui stipule que seuls les Etats peuvent y siéger, a affirmé lundi à Alger le ministre des Affaires étrangères, M. Mourad Medelci. "Ces réserves ont été exprimées dans une enceinte qui s'appelle la Ligue arabe, (où) la règle du jeu est une Charte qui prévoit, en particulier dans son article huit (8), que c'est une ligue entre Etats qui doivent se respecter mutuellement", a expliqué le ministre lors de son passage à l'émission "L'invité de la rédaction" de la Chaîne III de la Radio nationale. C'est dans ce cadre qu'il a affirmé que l'Algérie, et dans l'esprit du respect de la Charte, ne pouvait pas accompagner une initiative visant à faire accéder une entité qui n'est pas un Etat au siège d'un Etat membre de la Ligue arabe. "L'Algérie a été, a-t-il poursuivi, parmi les pays qui ont mis en relief la nécessité de respecter la Charte. Si demain cette Charte, qui est ancienne, est appelée à changer, alors il y'aura un débat sur le contenu de la nouvelle Charte". A une question relative à la position de l'Algérie par rapport à la situation en Syrie, il a souligné que "l'Algérie, qui entend être respectée en tant qu'Etat, ne s'autorise pas d'interférer dans les affaires internes d'autres Etats. Nous ne pouvons pas être plus tranchants que cela, nous ne pouvons pas décider pour les Syriens. C'est aux Syriens de se décider". "Nous n'avons jamais eu de divergences ni de discrimination dans le regard que nous avons jeté sur les mutations enregistrées dans les pays arabes. Depuis les événements survenus en Tunisie, la Libye, l'Egypte, la Syrie et bien dans d'autres pays, l'Algérie a toujours eu la même position", a-t-il précisé. M. Medeleci a, cependant, averti que "toute décision qui pourrait venir d'une partie des Syriens et seulement de cette partie, et encore plus, toute décision qui pourrait venir d'une partie des Syriens lorsqu'elle est influencée par des pressions extérieures, risque d'avoir une durée de vie plus courte que l'on pense". A une question sur le devenir le la Ligue arabe, le ministre a affirmé qu'un nouveau projet de réforme est en train d'être promu dans le but "de démocratiser" le fonctionnement de l'institution pour le rendre "plus efficace" et "en harmonie" avec la conjoncture actuelle. Selon lui, le nouveau projet de réforme a été écrit mais pas encore adopté par la Ligue arabe qui préfère, a-t-il dit, "prendre un peu du recul". Un comité d'experts indépendants a été chargé d'évaluer les propositions du projet qui sera examiné en septembre par les ministres des Affaires étrangères des pays membres de la ligue. M. Medelci a estimé, dans ce sens, que toute réforme de cette organisation arabe passait par une mobilisation de tous ses pays membres. "DÆimportants pays membres sont, eux-mêmes, à la recherche de réformes dans leurs propres systèmes. C'est pour cela qu'il est difficile pour eux de se prononcer sur les réformes de la Ligue arabes si ils ne se sont prononcés au préalable sur leurs propres réformes», a-t-il estimé. A une question sur les chances de réussite de la mission en Syrie du diplomate algérien M. Lakhdar Brahimi, le ministre a répondu : "nous ne pensons pas qu'elle ait des chances d'aboutir, nous espérons qu'elle aboutisse. Mais nous sommes bien conscients, et lui (M. Barahimi), d'abord, de la complexité de la tâche". S'agissant du phénomène dit "Printemps arabe", il a indiqué que "nous (l'Algérie) l'avons vécu nous même, il y a vingt ans", ajoutant que "ce que nous observons autour de nous, notamment, dans les pays voisins n'a pas été observé en Algérie". "Ceci étant, l'Algérie s'ouvre à la démocratie et donne l'occasion à tout le monde de s'exprimer. Si un chômeur a besoin de s'exprimer, il doit le faire. Mais, en aucun cas, les questions de contestations sociales en Algérie ne peuvent être assimilées à ce qui se passe dans les pays voisins", a-t-il soutenu.