En dépit des réserves algériennes et irakiennes, la Ligue arabe, sous l'impulsion du Qatar, a décidé d'attribuer officiellement le siège de la Syrie à l'opposition syrienne, laquelle tentait de ressouder ses rangs après la démission de son chef et le conflit entre l'Armée syrienne libre et le nouveau Premier ministre. Sous la pression de la diplomatie qatarie, la Ligue arabe a attribué la représentation de la Syrie à la Coalition nationale de l'opposition aujourd'hui à Doha, lors du sommet arabe, alors que les tiraillements internes de ce principal groupe de l'opposition ont entamé sa crédibilité. Les réserves formulées par l'Algérie et l'Irak n'ont finalement pas empêché la Ligue arabe d'accéder à l'une des principales demandes de l'opposition, en décidant de lui attribuer le siège de la Syrie, lui laissant le choix de “décider de la forme de sa représentation au sommet" de Doha. Dans une déclaration à la presse, dimanche à Doha, à l'issue de la séance du matin de la réunion des ministres arabes des Affaires étrangères en prévision du sommet arabe, le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, a exprimé les réserves de l'Algérie sur l'octroi à l'opposition syrienne d'un siège à la Ligue arabe, précisant que cette position “participe avant tout de la volonté de l'Algérie de respecter les lois qui sont la référence en matière d'action arabe commune", notamment la charte de la Ligue arabe. La position algérienne est également motivée par le fait que les contours de l'opposition ne sont pas “clairement définis", a-t-il ajouté, estimant qu'il ne s'agissait pas d'une question cruciale, le plus important à l'heure actuelle étant, a-t-il dit, de rassembler les Syriens, toutes tendances confondues, autour de la table du dialogue pour qu'ils s'entendent sur les moyens à même de restaurer la paix et la sécurité en Syrie. Ceci étant, cette décision de la Ligue arabe est tombée en plein désarroi de l'opposition, son chef, Ahmad Moaz Al-Khatib, ayant annoncé dimanche à la surprise générale sa démission, avant de faire part hier sur sa page Facebook de son intention de se rendre au sommet et d'y prononcer un discours “au nom du peuple syrien". Pour rappel, la Syrie dirigée par le président Bachar al-Assad est suspendue de la Ligue arabe depuis novembre 2011, après le début en mars de la même année d'une révolte populaire devenue rébellion armée sous l'effet d'une dure répression. La Coalition nationale a annoncé dimanche qu'elle serait représentée au sommet par le “Premier ministre" Ghassan Hitto, qu'elle a chargé le 18 mars de former un gouvernement visant à administrer les territoires sous contrôle rebelle en Syrie. Mais selon le représentant de la Coalition au Qatar, Nizar Haraki, Ahmad Moaz al-Khatib présidera en fin de compte la délégation syrienne au sommet, qui comptera huit membres, dont M. Hitto. Le Premier ministre du Qatar, principal bailleur de fonds de l'opposition, Hamad ben Jassem Al-Thani, l'a publiquement appelé à revenir sur sa démission. En annonçant sa démission, le chef de l'opposition syrienne a reproché à la communauté internationale son inaction face au conflit en Syrie, qui a fait des dizaines de milliers de morts, et accusé des pays soutenant l'opposition “de tenter de contrôler la révolte". Selon un opposant, il reproche notamment au Qatar d'avoir imposé l'élection de M. Hitto, soutenu par les Frères musulmans, face à un autre candidat soutenu par Riyad, Imad Moustapha. M T