Le sport féminin dans notre pays se heurte à un problème de mentalité rétrograde peu favorable à la pratique sportive et surtout au niveau des instances de prises de décisions où nombreuses inégalités, des discriminations à l'égard des femmes, se font ressentir. Manque de structures d'accueil, manque de finances, absence de filières pour les féminines dans certaines disciplines, beaucoup de clubs ne sont pas adaptés à l'augmentation du nombre de femmes. Ainsi, il y a que très peu de clubs qui ont les moyens pour la promotion du sport féminin. L'état de la pratique sportive est encore insuffisant. Cette insuffisance est un peu structurelle. Aujourd'hui on a compris dans notre pays que le sport peut être un outil de développement si on lui en donne les moyens, ce qui n'était pas le cas il y a 30 ans. Le sport contribue incontestablement au développement des pays. Malgré cela, dans les pays africains, on ne lui donne pas assez de moyens et le sport féminin en souffre en particulier. Il souffre surtout du manque d'infrastructures et le peu qui existe est envahi par les hommes. Les compétitions féminines ne sont pas nombreuses. Or le sport ne peut pas se développer sans compétition. Il y a aussi le problème des cadres. Certains hommes ont horreur d'être dirigés par des femmes. Ils préfèrent rester entre eux et comme il n'y a pas assez de cadres féminins, ça pose problème. Le sport féminin a beaucoup à faire parce qu'on est très en retard par rapport au reste du monde. Beaucoup de jeunes filles cessent le sport alors que durant toute leur adolescence, elles ont pratiqué, aimé une discipline. Mariage oblige ou décision du grand frère de l'arrêter pour rester à la maison, les jeunes filles, la mort dans l'âme, ne peuvent que se soumettre à la volonté des parents. L'étude sur le sport féminin a permis de recenser une dizaine de projets dans les clubs algériens, même ceux situés dans les coins les plus reculés de l'Algérie, tant dans les disciplines individuelles, athlétisme, natation ou gymnastique, que dans l'ensemble des grandes disciplines collectives comme le handball, le basket-ball ou le football. Pour accompagner ces projets, il est proposé que les classes sports-études prennent l'initiative d'organiser le regroupement sportif de haut niveau, notamment à travers l'accompagnement de la vie professionnelle et en facilitant les conditions de vie des sportives. Le ministre de la Jeunesse et des Sports a insisté sur le développement du sport féminin, lors de son discours d'ouverture aux travaux du séminaire national sur le sport féminin de compétition en milieu scolaire. Pour lui, la femme a toujours joué un rôle important dans l'éducation des générations et c'est à travers elle que le sport féminin arrivera, au fil du temps, à progresser davantage. Devant une assistance composée de femmes exerçant dans l'enseignement de l'éducation physique et venues de plus de 20 wilayas du pays et d'autres invités, le ministre est revenu sur les dispositions prises par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, pour le développement du sport. Ces dispositions, selon le ministre, se sont matérialisées par la validation, en décembre 2009, d'une politique nationale qui accorde une grande priorité au développement du sport féminin. S'exprimant sur le rôle du sport scolaire en général, le ministre n'a pas manqué de signaler qu'il a connu une régression durant la période de crise vécue par le pays, et ce, avant d'ajouter que le sport d'élite ne peut être que le fruit d'un travail de base. «Il faut s'occuper davantage du sport scolaire afin de former l'élite de demain», dira le premier responsable du secteur de la Jeunesse et des Sports. Le représentant du gouvernement a annoncé que prochainement toutes les wilayas seront dotées de ce type de classes permettant un bon suivi des élèves disposant de capacités athlétiques. «La classe scolaire contribue également à la formation et à l'éducation de la personne», dira le premier responsable du secteur sportif, avant d'appeler les femmes à encourager leurs enfants à pratiquer leur sport favori. Il est évidement que ce concours du ministère de la Jeunesse et des Sports ne va pas résoudre tous les problèmes du sport féminin. Mais sa valorisation, son éclairage aux yeux du public peut aider à valoriser son image. Il est vrai que le sport féminin, c'est beau, c'est gracieux, c'est intéressant et médiatique. Le sport féminin, le tennis surtout en est la preuve la plus flagrante. L'augmentation du nombre de sportives passe aussi par le sport de masse, le sport scolaire, de la masse aux équipes dirigeantes des fédérations, ligues civiles et scolaires. Et là aussi, il y a encore beaucoup, beaucoup de travail à faire. Le sport féminin se heurte à des problèmes de mentalités et au manque de pratique au niveau scolaire Les femmes sont de plus en plus nombreuses à jouer au football en Algérie. Mais contrairement à leurs homologues masculins, les joueuses manquent cruellement de supporters. D'ailleurs, les vendredis, les matchs de championnat féminin passent presque inaperçus. Ni la presse, ni la télévision d'ailleurs, n'en parlent ou leur consacrent une dizaine de minutes pour leurs belles prouesses; même lors de la finale de la Coupe d' Algérie. C'est la finale! Mais la finale de quoi ? Du championnat de football féminin, bien sûr... Personne ne semble être véritablement au courant. Car si le football féminin attire généralement les foules ailleurs, quand il s'agit de joueuses chez nous, les stades sont vides. Pourtant, de plus en plus de femmes y jouent chaque année. 1 600 filles sont aujourd'hui inscrites dans les clubs. C'est un sport très accessible pour les dames. Il y a un club dans chaque ville, des coachs dans les écoles. Les femmes ont toujours été en relation avec le football à travers leurs enfants en les amenant sur les terrains à les regarder se produire. Mais aujourd'hui elles jouent également. Les clubs féminins s'emploient, en effet, à sensibiliser les écoliers, garçons et filles, dès leur plus jeune âge et tentent toujours d'attirer le plus de personnes sur les terrains de foot. Même les toutes petites villes ont leur club. Cela crée des rapports sociaux très forts, encourage aussi les jeunes et moins jeunes à venir jouer dans les clubs. Chez les femmes, ce sport est uniquement amateur. Et bien sûr, la dernière différence réside dans le nombre de supporters que les clubs tentent d'augmenter. Le sport est un milieu réservé pour certains , et cela prend aujourd'hui des formes plus insidieuses : dans le choix des pratiques, dans le peu de place que les médias accordent au sport féminin, dans l'image glamour à laquelle on réduit trop souvent les championnes, dans l'inégalité des revenus entre sportifs et sportives, dans l'absence de femmes dans l'encadrement du sport… À quand, par exemple, une femme à la tête d'une équipe masculine de haut niveau ? Les femmes seront-elles plus nombreuses sur les bancs des entraîneurs et sur les terrains en tant qu'arbitres ou juges ? Quelle importance les médias vont-ils accorder aux performances des sportives ? Malgré que nos féminines arrivent toujours à s'illustrer dans la compétition internationales et mondiales, le développement de la pratique n'avance pas. Le sport féminin se heurte à des problèmes de mentalités, mais aussi à d'autres problèmes plus conséquents, tels que le manque de pratique au niveau scolaire. Les créneaux horaires d'entraînements ne sont pas adaptés et l'infrastructure se trouve insuffisante et non adaptée. Il y a aussi l'insécurité qui est omniprésente ainsi que la prise en charge financière qui se trouve dérisoire. La solution d'urgence pour le sport féminin est de réhabiliter la pratique du sport en milieu scolaire au niveau de tous les paliers, notamment du primaire, moyen, et du secondaire et ensuite universitaire. Il est également nécessaire de dynamiser la pratique en d'autres milieux. Y. B.