Nous ne connaissons physiquement que 5% de notre univers, le reste étant composé d'énergie noire (69%) et de matière noire (26%), indétectables jusqu'alors. Mais le détecteur AMS-02 (spectromètre magnétique Alpha) de la Station spatiale internationale (ISS), qui étudie les rayons cosmiques, pourrait avoir repéré une trace de cette dernière, a indiqué dernièrement le Centre européen de recherches nucléaires (Cern) de Genève (Suisse) dans un communiqué. Après avoir analysé près de 25 milliards de traces de particules pendant un an et demi, AMS-02 a constaté un excès d'antimatière - des particules opposées à celles de la matière- dans l'espace. «Il s'agit de la plus importante quantité de particules d'antimatière collectées et enregistrées dans l'espace», précise même le Cern. Ce sont les positons (ou antiélectrons) - qui composent cette antimatière avec les antiprotons- qui ont tapé dans l'œil du spectromètre. Pourquoi ? Parce qu'ils pourraient être «issus de l'annihilation de particules de matière noire dans l'espace», explique le Cern. D'où un espoir de voir cette matière noire enfin détectée directement un jour prochain. «Dans les mois à venir, grâce à AMS-02, nous serons en mesure de dire de façon certaine si ces positons sont une signature de la matière noire ou s'ils ont une autre origine», souligne Samuel Ting, porte-parole du spectromètre. Cette autre origine serait celle de la dispersion de pulsars (étoiles mortes) dans le plan galactique. Les avancées générées par les observations d'AMS-02 sont telles que le directeur général du Cern, Rolf Heuer, est également confiant sur le fait que la matière noire, l'une des plus grandes énigmes de la physique, «puisse être résolue dans les années à venir».