Lors d'un colloque sur la sécurité alimentaire qu'il a organisé, hier à Alger, le Forum des chefs d'entreprises (FCE) a formulé une série de propositions allant dans le sens de l'allègement de la facture alimentaire. Le Forum souligne ainsi qu'il y a nécessité de renforcer la «connectivité de l'amont agricole avec les filières industrielles de transformation» et de bien d'équipement : il recommande ainsi d'aller vers «l'encouragement à la création de groupements locaux et ou régionaux par filière dans une démarche impliquant les autorités locales et les institutions de recherche et de formation pour mettre en réseau tous les acteurs qui interviennent dans la chaîne alimentaire». Cela permettrait, aux yeux des membres du FCE, «de regrouper des exploitations agricoles afin d'améliorer les systèmes productifs et les rendements, de mutualiser les moyens et les compétences et d'acquérir des capacités de pénétration de marchés et de résistance à la concurrence». Cette organisation patronale propose également de mettre en oeuvre un plan de substitution aux importations alimentaires de produits de base qui aura pour objectif l'intensification de la production agricole au niveau des territoires potentiels, notamment dans le sud du pays et dans les Hauts-Plateaux, la maîtrise de l'organisation des campagnes de collecte et de transformation de produits… Le FCE estime que la situation actuelle du secteur agroalimentaire est porteuse de dangers pour l'avenir. Il estime que : si en phase de disponibilité financière les besoins sont satisfaits pour des produits aussi vitaux pour la population, tout renversement de tendance sur le marché international du seul produit (le pétrole) qui nous assure aujourd'hui ces ressources pourrait provoquer des bouleversements désastreux pour l'économie et la société algériennes, sachant par ailleurs que la ressource hydrocarbures n'est pas renouvelable. Et, c'est au regard de cette préoccupation que le FCE a, parmi les 50 propositions qu'il a énoncées en mars 2012 pour un nouveau pacte de croissance visant à une économie moins dépendante des hydrocarbures, formulé au titre de la sécurité alimentaire nationale et des priorités de la politique sanitaire les deux propositions suivantes : «Mettre sur pied un programme précis de développement et de soutien aux fabricants nationaux, visant à assurer, dans un délai n'excédant pas cinq ans, 70 à 80% des besoins en médicaments» et «décider d'un programme s'étalant sur sept ans et visant l'autosuffisance complète ou partielle (70 à 80%) pour les produits suivants : céréales, légumes secs, lait et huiles. Les entreprises impliquées dans la réalisation de ce programme bénéficient d'un soutien adéquat des pouvoirs publics.» Dans ce cadre, le FCE a organisé un séminaire en juin 2012 pour montrer la faisabilité d'un objectif visant la couverture par la production locale de 70% des besoins du pays en médicaments, doublant ainsi le niveau de production actuel, sur la base d'un programme qui ne comporte pour l'essentiel que des mesures d'organisation visant un environnement économique qui favorise l'investissement dans la production. Poursuivant cette démarche, le Forum des chefs d'entreprise se propose de susciter cette fois le débat en le focalisant sur les deux produits essentiels pour la sécurité alimentaire du pays, et organise pour ce faire un colloque consacré à l'évaluation de la faisabilité de l'objectif d'autosuffisance en matière de céréales et de lait. Il s'agira, à travers ce débat de dresser un point de situation précis pour ce qui est des deux principaux produits de base de l'alimentation de la population, les céréales et le lait, en termes de consommations, de productions, de soutiens publics et d'organisation. Sur la base du diagnostic ainsi établi, il faut ouvrir un débat sur les risques qui pèsent, à terme, sur l'économie nationale du fait de sa dépendance des marchés extérieurs pour ces produits. Ce débat devrait permettre de contribuer à asseoir une légitimité des choix appropriés que le pays se devra de faire en la matière.