Les établissements sanitaires sont tenus de suivre la réglementation en vigueur et se conformer aux textes de loi existants quant à la gestion des déchets de soins, a indiqué, hier à Alger, le Pr Abdelkrim Soukehal, chef de service épidémiologie du CHU Beni Messous. «La gestion des déchets hospitaliers doit se faire selon des normes bien définies, tel que prévu par la loi. Les centres de santé doivent impérativement suivre la réglementation afin d'éviter tout risque d'infection», a souligné le Pr Soukehal, lors d'une conférence ayant pour thème la «Gestion des déchets hospitaliers». Les déchets hospitaliers sont tout résidu issu de diagnostics de maladies, de suivi médical ou de traitement (chirurgical ou de simple désinfection) dans la médecine humaine ou vétérinaire. Le Pr Soukehal a rappelé que l'Algérie a ratifié toutes les conventions internationales portant sur le traitement des déchets hospitaliers et sur l'environnement, regrettant que jusqu'à présent, «aucun hôpital n'applique à la lettre» ces principes. L'élimination de ces produits doit se faire en respectant des règles bien établies, a ajouté le spécialiste qui a souligné que la gestion des déchets sanitaires se fait sur plusieurs étapes: le tri, la collecte, le conditionnement, l'entreposage, le transport, le traitement et le recyclage pour leur réutilisation. Le tri des déchets se fait par catégorie de résidus sanitaires qui sont subdivisés en produits assimilés aux déchets ménagers, aux déchets issus des activités de soins, aux déchets associés aux soins à risques infectieux (contenants des micro-organismes viables), aux déchets toxiques, radioactifs et chimiques et aux produits d'emballage. Selon le spécialiste, chaque wilaya est tenue de mettre en place son schéma directeur de gestion de déchets, mais seule la wilaya d'Alger suit ce protocole, a-t-il relevé. La non-application de la loi sur la gestion des déchets hospitaliers expose le personnel soignant et les malades à des risques, a noté le Pr Soukehal, précisant que le danger est d'autant plus important lors d'une épidémie pouvant être à l'origine d'infections nosocomiales (contractées à l'hôpital). Le Pr Soukehal a constaté que dans la majeure partie des hôpitaux des 48 wilayas du pays, le personnel hospitalier avait une méconnaissance totale des conditionnements adaptés aux déchets hospitaliers à risque infectieux et que ces établissements ne disposaient pas de collecteurs, de locaux de stockage et d'incinérateurs adaptés. Il a fait savoir, en outre, que l'Algérie produit annuellement 32 000 tonnes de déchets sanitaires, qui doivent être incinérés dans des usines d'incinération et non dans des brûleurs «polluants», comme cela se fait dans les hôpitaux algériens. Une enquête, réalisée par le même intervenant, a relevé que 60 % des imbrûlés se retrouvent dans les décharges et dans les nappes phréatiques, pour s'introduire par la suite dans notre alimentation. En l'absence d'incinérateurs adaptés, les hôpitaux nationaux peuvent se munir de broyeurs/stérilisateurs, qui peuvent traiter tous types de déchets hospitaliers, sans avoir à passer par le tri. Cette solution permet de produire des poudres écologiques pouvant servir dans les cimenteries, a expliqué le professeur. APS