Vérité n La gestion des déchets issus des activités de soins à risque d'infection (DASRI) dans les hôpitaux publics et privés, ne répond à aucune norme. C'est l'anarchie qui demeure le maître mot dans ce domaine. «Le tri des déchets à la source, l'utilisation d'emballages adéquats et le mode de collecte ne sont pas toujours respectés au niveau des établissements médicaux», affirme le professeur Abdelkrim Soukehal. Sur la base d'une enquête menée en 2005 touchant près d'une centaine d'établissements hospitaliers, le chef de service d'épidémiologie au CHU de Beni Messous confirme, preuve à l'appui, qu'il y a «une méconnaissance totale à tous les échelons des conditionnements adaptés à la production des Dasri». Autrement dit, tous les déchets issus des activités de soins à risque infectieux (Dasri) continuent à être collectés anarchiquement. Ces derniers sont, pourtant, bourrés de micro-organismes et de toxines d'une manière durable à même de générer chez l'homme de très graves maladies. Le stockage de ces déchets, selon ladite enquête, se fait notamment dans les salles de soins dans 42% des établissements hospitaliers. Ils sont près de 39% à les stocker, par ailleurs, dans les sanitaires, 8% dans les couloirs ou derrière les portes, sous les escaliers et sur le rebord des fenêtres. Leur collecte et leur transport qui devraient se faire à l'aide d'un matériel approprié, se fait à la main ou avec de petits chariots roulants, de tracteurs, de brouettes ou de conteneurs tractables. Le Pr Soukehal avait dressé un bilan peu reluisant à ce sujet à l'occasion de la 1re journée sur les infections nosocomiales et l'hygiène hospitalière initiée par le Comité de lutte contre les infections nosocomiales. Selon lui, il existe un manque flagrant en matière de collecteurs de Dasri dans la majorité de nos hôpitaux. Il rappelle, dans ce sillage, que ces déchets représentent 20% de tous les détritus rejetés par un établissement hospitalier. Les résultats de l'enquête font également état d'un conditionnement «hétéroclite» des déchets hospitaliers. Selon ce même travail d'investigation, dans la plupart des hôpitaux et autres centres médicaux visités, il a été constaté que «les sacs contenant ces déchets étaient remplis aux 3/4, voire plus, et débordent». «Dans 46% des hôpitaux, les sacs contenant des DASRI étaient ouverts et dans 25% il y avait absence totale de support pour ces sacs», ajoute le Pr Soukehal. Et de poursuivre : «Dans les autres cas, des poubelles en plastique, des corbeilles à papier, des cartons récupérés, de vieux bidons faisaient office d'emballage pour ces produits hautement infectieux et dangereux pour la santé humaine.» L'autre révélation de cette enquête nationale et soulignée par M. Soukehal est liée à certaines pratiques qui se perpétuent chez les paramédicaux. Ils «gèrent le matériel Piquant, coupant, tranchant (PCT) tel que aiguilles, cathéters, rasoirs, bistouris, lames et ampoules, au mieux dans des petites bouteilles en plastique, au pire ces PCT sont jetés dans n'importe quels sacs ou autres contenants», a-t-il fait remarquer avant de confirmer ce qui a été relevé précédemment par le Pr Ouahiba Amhiz, microbiologiste à l'Etablissement hospitalier public de Bologhine. «Les femmes de ménage et agents de service sont les plus exposés aux accidents en relation avec les Dasri», certifie le professeur Soukehal. Il appelle, enfin, à l'application de la circulaire ministérielle de 2008 qui insiste sur le tri des déchets à la source et l'usage d'un emballage adapté à chaque déchet.