Après l'ouïe, qui se développe déjà au stade fœtal, la vision est le premier sens qu'utilise l'enfant pour découvrir le monde extérieur. Les couleurs et les formes lui parlent, d'où l'attrait qu'exercent les images, qu'elles soient figées ou animées, qui sont d'ailleurs utilisées comme support dans la transmission des connaissances (photos d'animaux et objets) et l'initiation à l'expression orale ainsi que la lecture et l'écriture. D'ailleurs, pédopsychiatres, pédagogues et puériculteurs ont dans leurs bagages tout un jeu d'images qui font partie de leur «matériel» de travail. Nos instituteurs ne récompensaient-ils pas le bon élève d'une image, après dix «Bon point»? Plus maintenant. L'école algérienne a depuis longtemps chassé la couleur et le beau. Et c'est pour redonner à l'image sa place perdue dans la sphère éducative que les participants à un colloque national sur la littérature de l'enfant ont insisté, lundi dernier à Relizane, sur son importance dans l'œuvre pédagogique destinée aux enfants. Les conférenciers ont pris l'exemple des contes pour illustrer -c'est le cas de le dire- le rôle de l'image qui «constitue un des éléments importants permettant d'initier l'enfant aux valeurs de l'éducation et de l'aider à les comprendre», dira un universitaire cité par l'APS. Toutefois, les spécialistes ont insisté sur le choix de l'image destinée à cette frange, qui diffère d'un âge à un autre, mais dont la conception doit toujours véhiculer un message éducatif et instructif. A ce propos, l'enseignante Nawel Hifri de l'université de Mostaganem présentera une communication intitulée «La dimension culturelle et instructive des dessins animés à l'ère de la mondialisation», dans laquelle elle plaidera pour la conception et la production des dessins instructifs et conformes aux valeurs morales de la société. L'universitaire ne manquera pas d'attirer l'attention de l'assistance sur la dangerosité des messages, des fois subliminaux, que véhiculent certains dessins animés qui parviennent à nos enfants via les chaînes de télévision étrangères qui ont investi toutes les maisons. Ces messages «ont un aspect plus négatif que positif sur l'enfant et ne sont pas compatibles avec sa réalité», d'où l'intérêt de produire des dessins animés localement, dira la conférencière. S'inscrivant dans le même ordre d'idées, l'universitaire Alima Naoun de Batna mettra en garde contre les risques des contes occidentaux traduits dont certains s'inscrivent à l'opposé de nos valeurs. Le traducteur «doit être avant tout un éducateur soucieux des valeurs», affirme Mme Naoun. Quant à l'enseignante Fatima Mokadem du centre universitaire de Relizane, elle a axé, elle, sa communication sur la construction artistique du récit qui «doit procurer du plaisir à l'enfant et perfectionner son savoir-faire», dira-t-elle. Mme Mokadem a insisté au passage sur la nécessité de réviser chaque production de contes, ou, pour le moins, leur lecture par les parents, avant de mettre ces histoires entre les mains de nos enfants, ce qui permettra d'éviter des errements. La question qui demeure posée est de savoir si tous les plaidoyers et recommandations établis par des universitaires auront l'impact et l'écho voulus, tant auprès des responsables que des parents. Le programme du colloque de deux jours, auquel prennent part des professeurs d'universités du pays, comporte des communications traitant, entre autres, du discours de l'image dans les contes pour enfants, de l'impact des contes traduits, et de la rhétorique dans les dessins animés. La rencontre est organisée au centre universitaire par l'Institut des lettres et des langues. R. C.