L'implication des associations caritatives en faveur des pauvres intervient à des moments culminants de l'année (fêtes religieuses, Ramadhan, rentrées scolaire et sociale) où le besoin s'exprime intensément. Souboul El kheïrat maintient son énergie à ces dates précises et la relaye sur les autres mois : le pauvre ne se nourrit pas, ne s'habille pas, ne se soigne pas,… deux ou trois fois par an seulement. Une conception de l'action sociale et caritative erronée que le conseil de cette association voudrait dépasser. Le malaise social (dégradation du pouvoir d'achat, chômage, infirmité) ne cesse de révéler au quotidien ses victimes. Les rangs des personnes nécessiteuses ne cessent de grossir, même si dans le lot on trouvera toujours des simulateurs. L'ensemble est en quête de «survie alimentaire». La réalité est déplorable et elle est bien là, visible pour tous : aux seuils des restaurants, des boulangeries, des mosquées et bien d'autres commerces, on bute sur ces mains tendues. Leur présence devant les devantures des magasins est tolérée par les propriétaires des lieux, même si certains les rabrouent, considérant qu'ils nuisent au commerce. Dès les premières heures du matin, on trouve des hommes, des femmes, des enfants et des fois une famille entière demandant l'aumône. Le chef-lieu de la wilaya de Constantine compte près de 6 000 pauvres. Ils sont tous recensés au niveau de la direction l'action sociale et de la solidarité (Dass) de la wilaya. Mais malin qui pourrait avancer un chiffre précis sur le nombre de personnes démunies à travers les douze communes. «Il est difficile de confirmer le nombre exact des individus nécessiteux. C'est une opération délicate nécessitant beaucoup d'investigations sur le terrain et cela appelle une large contribution», nous dira le secrétaire général du conseil de Souboul El Kheirat, Abdelkader Anouar. Dans ce sillage, il nous révélera la mise en place prochaine d'une banque de données qui, désormais, facilitera le travail au conseil dont la fondation revient à la mosquée. Et ce, en dotant chaque comité de l'ensemble des municipalités d'un logiciel qui regroupera les noms des démunis recensés dans chaque localité ou secteur. «Par cette mise en place du réseau, nous en saurons davantage. Aussi, des ‘doublons' seront identifiés : si quelqu'un est inscrit deux fois il est automatiquement supprimé de la deuxième liste, et il ne pourra donc bénéficier que d'un seul appui parmi ces trois à titre d'exemple : Croissant rouge, Dass ou Souboul El Kheirat. Cela se concrétise par la dotation de chaque bureau d'un mot de passe. La direction de l'action sociale est une partie intégrée à ce plan qui sera mis incessamment en application. Ce sera une première à l'échelle nationale», a-t-il révélé. Ce conseil reste le plus actif et de surcroit permanent à Constantine. La wilaya compte des actions isolées en différentes occasions religieuses ou sociales assurées par des mécènes impliqués avec le Croissant Rouge Algérien ou avec la direction de l'action sociale. Mais Souboul El Kheirat vient au chevet des pauvres à longueur d'année selon un planning adopté et coordonné par ses intervenants. C'est pratiquement l'action humanitaire en continu qui exclue quelque part la thèse des dates pour enclencher les mécanismes de solidarité. Outre son intervention dans le traditionnel couffin du Ramadhan, le trousseau scolaire et les effets vestimentaires, le mouvement de bénévolat en question veille sur la santé des 500 familles dont il est le tuteur. Un comité de santé sur place prend en charge la catégorie des malades. «Prés de 170 médecins volontaires nous accompagnent dans cette option caritative. Leurs prestations sanitaires s'étalent sur les douze mois de l'année à travers notamment la consultation des personnes souffrantes», nous confie le secrétaire général. Et de nous faire part d'une option qui sera d'un apport bénéfique pour cette même catégorie. A cet effet, la direction de la santé de wilaya a été destinataire d'une proposition afin « de nous ‘assister' en ambulances par le truchement des hôpitaux. Dès lors, les malades chroniques seront pris en charge à domicile sans être dans l'obligation d'être transférés vers les diverses structures de soins». Quant à la nourriture, Souboul El Kheirat assure des couffins mensuels aux ménages (femmes veuves et orphelins). Evoquer d'autres espaces voués à l'appel SOS enclenché par les pauvres renvoie systématiquement aux deux organismes CRA et DAS. La direction de l'action sociale joint son service de solidarité au mouvement associatif. Elle intervient également sur toute l'année. Mais le manque de moyens est toujours pesant face à la dégradation du pouvoir d'achat. «Il est des initiatives parvenues de personnes charitables. Cependant l'implication de la société doit s'élargir pour apporter un peu de réconfort à chaque pauvre», expose un cadre de la DAS. Celle-ci parachève les détails se rapportant au dernier décret de la tutelle se rapportant à la carte au profit des personnes nécessiteuses dont l'âge dépasse les 65 ans. «Dès sa mise en service, elle permettra aux bénéficiaires de profiter de plusieurs actions, avec notamment les soins gratuits». En matière de prise en charge permanente, Diar Errahma, de Djebel Ouahch et de Hamma Bouziane, accueillent des cas extrêmes. Mais la plus grande implication du mouvement associatif en matière de secours alimentaires, vestimentaires, médical,… demeure frêle. Les organismes publics remédient, voire pourvoient presque en solo, aux grandes fissures sociales. N. H.