L'Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE) vient de dresser, une fois de plus, un constat des plus sévères : la crise financière mondiale fera beaucoup de victimes, et l'espoir de voir la tempête passer n'est pas pour demain. Cette organisation prévoit un bond du chômage dans sa zone, en ce sens que le nombre de personnes sans emploi va passer de 34 millions actuellement à 42 millions d'ici à 2010. «Le nombre de chômeurs va grimper de 8 millions de personnes pour atteindre 42 millions», a affirmé le nouveau chef économiste de l'OCDE, Klaus Schmidt-Hebbel, lors d'une conférence de presse tenue hier en marge de la publication des perspectives économiques semestrielles de l'organisation. Ainsi, le taux de chômage devrait passer de 5,9% pour l'ensemble de la zone qui couvre, pour mémoire, les pays riches, en 2008, à 6,9% l'an prochain et 7,2% en 2010, précise la même source. C'est logique diront certains experts compte tenu des annonces de licenciements qui deviennent de plus en plus cycliques et ce, aux quatre coins du monde. Les exemples ne manquent pas. La liste des secteurs touchés s'élargit ainsi. Arcelor Mittal, numéro un mondial de l'acier, s'apprête à supprimer pas moins de 2 400 postes d'emploi dans son usine américaine de Burns Harbor (Indiana, nord), a indiqué hier le groupe. Sur le Vieux Continent, le groupe de BTP suédois Skanska va supprimer 3 400 emplois dans la région nordique, dont 2 000 en Suède, en raison du ralentissement économique mondial. Pis, le quotidien espagnol El Pais a fait savoir que 50 000 emplois sont menacés en Espagne chez les constructeurs, équipementiers et concessionnaires automobiles qui multiplient les mesures de chômage technique et les plans sociaux. D'après l'OCDE, c'est dans la zone euro que la hausse du chômage devrait être la plus importante, passant de 7,4% cette année à 8,6% en 2009 puis à 9% en 2010. Au Japon, l'OCDE prévoit un taux de chômage contenu, à 4,4% en 2009 et en 2010. Pour les Etats-Unis, pays où la récession sera la plus forte de l'OCDE, celle-ci s'attend à une progression plus modérée du chômage qu'en Europe : 7,3% en 2009 et 7,5% en 2010 contre 5,7% cette année. En somme, la plupart des pays de l'OCDE vont subir des «récessions sévères et prolongées» pour certains jusqu'en 2010, prédit cette organisation en prescrivant un cocktail de relance budgétaire, une baisse des taux d'intérêt et des injections de liquidités. «Pour la plupart des pays de l'OCDE, une reprise […] n'est pas attendue avant le second semestre 2010, ce qui signifie que cette récession sera sans doute la plus sévère depuis le début des années 80», a souligné l'OCDE. La crise financière, qualifiée de «la pire depuis les années 30», est loin d'être terminée, ajoute cette instance dans son rapport. Cela dit, l'OCDE relève quelques rares points positifs de cette crise. En effet, elle note la forte baisse des prix du pétrole et des matières premières et le ralentissement en cours de l'inflation. S. B.