L'Algérie compte se positionner comme un acteur majeur dans la production de l'électricité à partir du solaire photovoltaïque et du solaire thermique. Le programme national de développement des Energies nouvelles et Renouvelables (EnR) et de l'efficacité énergétique pour la période 2011-2030, prévoit ainsi la production de 40% de l'électricité à l'horizon 2030 à partir de l'énergie solaire et l'exportation de 10 000 MW en partenariat à la même échéance. Pour la production d'électricité d'origine renouvelable, l'objectif du programme consiste à installer 12 000 MW à l'horizon 2030 à partir des énergies renouvelables confiées à Sonelgaz pour le marché national, précise M. Ali Zeltout, ingénieur d'études principales à la direction générale de la stratégie et de la prospective auprès de la Sonelgaz. A cela s'ajoute l'intervention d'autres opérateurs privés ou publics dans la production de l'énergie d'origine renouvelable. Malgré un potentiel assez faible, le programme n'exclut pas l'éolien qui constitue le second axe de développement, et dont la part devrait avoisiner les 3% de la production d'électricité en 2030. Le programme inclut la réalisation, d'ici 2020, d'une soixantaine de centrales solaires photovoltaïques et solaires thermiques, de fermes éoliennes et de centrales hybrides. Selon M. Zatout, les projets EnR de production de l'électricité dédiés au marché national seront menés en trois étapes. La première étape (2011- 2013) sera consacrée à la réalisation de projets pilotes pour tester les différentes technologies disponibles. Le représentant de la Sonelgaz, qui intervenait à la conférence tenue mardi dernier sous le thème «Photovoltaique et CSP: l'intégration au réseau électrique algérien», dira, à ce titre, qu'une dizaine de projets inscrits dans ce programme sont actuellement en cours de réalisation ou de lancement. Il s'agit, entre autres, de projets liés à la construction de l'usine de fabrication de modules photovoltaïques à Rouiba, avec une capacité de 200 mégawatts (MW), la ferme éolienne de 10 MW dans la région d'Adrar, dont la livraison est prévue fin 2013, la construction d'une centrale pilote à Ghardaïa avec 4 filières technologiques cumulant une puissance de 1 MW, ainsi que la construction de centrales photovoltaïques dans les régions de Tindouf, Djanet et Tamanrasset, dont le lancement des travaux est prévu prochainement. M. Zatout cite également le projet portant mise en place d'un centre d'homologation des équipements entrant dans l'industrie des énergies renouvelables. Pour ce qui est de la deuxième étape du programme national des EnR, elle sera concrétisée entre 2014 et 2015 et sera marquée par le début du déploiement du programme. Quant à la dernière étape (2016- 2020), elle sera celle du déploiement à grande échelle. Ces étapes consacrent la stratégie de l'Algérie qui vise à développer une véritable industrie du solaire associée à un programme de formation et de capitalisation qui permettra, à terme, d'employer le génie local algérien et d'asseoir un savoir-faire efficient, notamment en matière d'engineering et de management de projets, souligne t-il.
Promulgation de deux projets de décrets Et pour mieux répondre aux priorités d'actions prévues dans le programme EnR et encourager les initiatives des particuliers et des entreprises, des modifications législatives et réglementaires seront apportées. Il s'agit de s'assurer que les utilisateurs, les intervenants et les différents investisseurs profitent d'un cadre législatif et réglementaire permettant de répondre efficacement aux défis à relever en matière d'énergies renouvelables. Ainsi, il est question, selon Mme Wassila Atimene, responsable à la Creg (Commission de régulation de l'électricité et du gaz) de finaliser et promulguer deux projets de décrets destinés à accompagner la mise en œuvre dudit programme. Le premier texte définit les conditions d'accès, par les producteurs privés, aux tarifs d'achat garantis d'électricité produite de source renouvelable. L'obligation aux producteurs de raccorder leurs installations au réseau national interconnecté de distribution d'électricité constitue la principale condition de ce nouveau dispositif, dont la mise en place répond à la nécessité d'adopter un nouveau mécanisme d'encouragement à la production des énergies renouvelables, explique Mme Atimene, ajoutant que le délai de traitement du dossier ne doit pas dépasser les deux mois. Dans le même sens, le producteur d'électricité renouvelable est assujetti aux mêmes conditions financières que celles du régime commun pour le raccordement au réseau de transport ou de distribution d'électricité. A cet effet, le gestionnaire du réseau de transport prend en charge le financement des 50 premiers kilomètres du raccordement, tandis que le financement des 5 derniers kilomètres du raccordement est assuré par le gestionnaire du réseau de distribution, explique la même responsable. En outre, les installations doivent être dotées des équipements de mesure des énergies électrique et thermique afin de déterminer les quantités des flux injectés et soutirés du réseau. Les filières concernées par ces avantages sont le solaire photovoltaïque et thermique, l'éolien, la géothermie, la petite hydraulique, la biomasse, la valorisation des déchets et les installations de cogénération. Le deuxième projet de texte prévoit l'institution d'un certificat de garantie d'origine des équipements et installations de production d'électricité de source renouvelable. Ce certificat est institué en application à la loi 04-09 du 18 août 2004 relative à la promotion des énergies renouvelables. Il s'agit d'une accréditation, à délivrer par la Creg au producteur, garantissant que l'électricité produite à partir des installations détenues par cet opérateur est issue de source renouvelable. Le projet de décret relatif à ce document définit notamment les conditions d'octroi de la certification, la procédure de demande et le contrôle opérationnel après la mise en service des installations, selon Mme Atimene. L'attribution de ce certificat de garantie d'origine sera accompagnée d'opérations de contrôle à posteriori effectuées par la Creg sur les équipements et installations de production concernés par ce document. L'adaptation du cadre réglementaire existant permettra de booster la mise en œuvre du programme national des EnR, adopté par le gouvernement en février 2011. B. A.