ArcelorMittal, veut développer d'avantage son investissement à Annaba, c'est une bonne chose. Seulement voilà, l'entreprise veut le faire, mais, si c'est possible, avec l'argent des banques locales. ArcelorMittal aurait engagé des négociations avec la BEA autour d'un crédit bancaire (700 millions de dollars). Une source de la BEA a cependant coupé court à de prétendues discussions entre les deux parties. ArcelorMittal doit «mettre la main à la poche» en apportant de l'argent frais pour financer le plan de développement du complexe El Hadjar à Annaba qu'il détient en partenariat avec l'Algérien Sider, a indiqué cette source. La BEA n'a été ni approchée par ArcelorMittal ni avait entamé des discussions sur un tel crédit, a-t-elle affirmé. La BEA rappelle la démarche «rigoureuse» qu'elle voulait engager en 2011 : la banque avait en effet exigé des garanties financières pour accorder à ArcelorMittal une ligne de crédit de 14 milliards de dinars qui sera ensuite transformée en tranches d'augmentation de capital. Une solution innovante pour renforcer le capital d'El Hadjar, compte tenu de la fragilité financière et des déséquilibres qui caractérisent la filiale algérienne du géant sidérurgique. Le recours des deux partenaires à leurs fonds propres pour mener leur plan de développement a été évoqué en avril 2012 par le P-dg de la division Maghreb d'ArcelorMittal, Vincent Le Gouic. Celui-ci avait déclaré que l'entreprise qu'il dirige va lancer en Algérie un plan de développement de 1,4 million de tonnes par an, financé par augmentation de capital et par fonds propres. Le complexe d'El Hadjar est la seule usine produisant de l'acier en Algérie, en attendant l'entrée en production d'autres usines, dont le complexe de Bellara (5 millions de tonnes/an) qui sera construite avec «Qatar international», une joint-venture formée par les Groupes Qatar Steel et Qatar Mining, et l'usine du Turc Tosyali. Le complexe sidérurgique Tosyali Algérie a été inauguré jeudi 5 juin en présence des Premiers ministres turc et algérien, Recep Tayyip Erdogan et Abdelmalek Sellal. Cette usine, c'est 750 millions de dollars d'investissement, qui a été réalisée avec un engineering 100% turc. Le complexe, situé à Oran, dont la construction a été lancée en 2011, a été achevé dans un délai record de 19 mois, et ce malgré la crise mondiale du secteur sidérurgique. C'est la plus grande usine sidérurgique privée en Algérie avec une capacité de production annuelle de 1 250 000 tonnes.
Une technologie de pointe Le complexe Tosyali Algérie, c'est un milliard de dollars de chiffres d'affaires par an (une projection). Il produira des billettes de fer destinées à la production de rond à béton, puis de laminés marchands et de fil machine. Le fil machine est un produit intermédiaire qui sera ensuite transformé en treillis soudés, clous, fil galvanisé, visses, boulons, fil d'attache, etc. Ces produits seront fabriqués grâce à une technologie de pointe et satisferont la demande locale croissante de l'Algérie. Ils seront utilisés, par exemple, dans l'industrie automobile et dans celle de la literie. Avec cet investissement, Tosyali créera 1 018 emplois directs et visera un total de 1 400 emplois directs après l'achèvement en 2014 de son laminoir de fil machine, dont les fondations ont été récemment posées. Dans son discours prononcé lors de la cérémonie d'inauguration du Complexe Tosyali Algérie, le président du conseil d'administration de Tosyali Holding, Fuat Tosyali, a déclaré: «Avec notre savoir-faire de plus de 60 ans et nos capacités d'investissement solides, nous sommes le plus grand producteur de tubes en acier du secteur privé en Turquie. Il s'agit d'un grand jour aujourd'hui pour notre société et pour le secteur sidérurgique turc. Nous sommes en train de réaliser le plus grand investissement privé turc à l'étranger, suivant nos objectifs de croissance. Notre aventure en Algérie, avec qui nous partageons une histoire commune ainsi que la même religion et la même culture, a commencé il y a 30 ans par des échanges commerciaux. Nous connaissons bien le pays et ses habitants, et nous avons étudié leur potentiel. Nous avons confiance en l'Algérie et en ses responsables qui nous ont soutenu, tout comme dans l'économie croissante de ce beau pays et dans sa population jeune et dynamique qui nous a impressionné. Ce potentiel réciproque, la nature des relations existantes et le passé commun ont permis d'entamer notre histoire d'aujourd'hui.» Fuat Tosyali, en soulignant que ce complexe a été réalisé en 19 mois avec un budget de 750 millions de dollars, capital compris, a poursuivi : «Cet ouvrage, qui a été mis en place avec des machines et équipements venus de Turquie via 25 bateaux, avec un personnel turc et algérien qui atteint plus de 2 000 travailleurs directs, soutenu par plus de 100 sous-traitants algériens, dont la première étape s'étale sur une surface de 26 hectares, d'une capacité de production annuelle de 1 250 000 tonnes d'acier liquide et de 900 000 tonnes de rond à béton, est un projet très important qui est doté des machines et équipements fabriqués avec la technologie turque.»
Les produits Tosçelk aussi Tosyali a précisé que ce complexe permettra d'accroître les relations amicales entre la Turquie et l'Algérie, et a déclaré : «Je suis persuadé que ce complexe, en plus de contribuer à l'objectif de Tosyali Holding de devenir une société mondiale, contribuera au développement de l'Algérie.» Tosyali ajoute également que : «C'est avec fierté que je veux préciser que nous exportons nos produits sidérurgiques de haute technologie dans plus de 70 pays répartis sur les cinq continents, en plus de la distribution locale en Turquie. Les produits Tosçelk sont utilisés dans les pays d'Aise, mais aussi aux Etats-Unis, en Europe jusqu'à l'Afrique, voire même en Australie. La part de nos importations dans nos ventes totales ne cesse d'augmenter, représentant 35% des ventes totales. L'objectif de notre groupe est de faire que les exportations atteignent 50% des ventes totales afin de contribuer aux objectifs de la Turquie pour 2023. Au nom des employés de Tosyali, je remercie le Premier ministre algérien, Abdelmalek Sellal, et le Premier Ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, pour l'intérêt qu'ils ont bien voulu porter à nos efforts en acceptant de nous honorer aujourd'hui de leur présence malgré leur emploi du temps chargé.» Les Premiers ministres turc et algérien ont posé la première pierre de l'extension du complexe de Tosyali à Oran, constitué du laminoir de fil machine qui sera complété en 2014. Tosyali reste donc le plus grand producteur d'acier et de fer du secteur privé en Turquie et poursuit ses ambitions à l'étranger après avoir réalisé plusieurs investissements en Turquie. Tosyali Holding, après son acquisition, l'année dernière, de l'usine Zeljezara AD Niksic située au Monténégro, l'une des plus grandes unités de production d'Europe de l'Est, a construit cette fois-ci la plus grande usine sidérurgique privée en Algérie. L'usine d'Oran peut être considérée comme le plus grand investissement turc à l'étranger. Elle emploie plus de 1 000 personnes et a pour objectif de réaliser un chiffre d'affaires annuel de 1 milliard de dollars. Ainsi, et au moment où le marché international de la sidérurgie va si mal, dans une conjoncture économique difficile, Indiens et Turcs vont se livrer concurrence en Algérie. Y. S.