Entre les écartés, les revenants et les nouvelles têtes, Vahid Halilhodzic a toujours réservé des surprises au moment de communiquer la liste des sélectionnés. Le Bosniaque, à la tête des Verts depuis juillet 2011, a beaucoup tenté pour trouver des solutions mais aussi afin d'insuffler un vent de jeunesse dans l'effectif des Fennecs. En prenant les commandes de l'équipe nationale, l'ancien driver de la Côte d'Ivoire a trouvé une équipe en fin de cycle. Démotivés après l'euphorie de la CAN-2010 et le Mondial lors de la même année, les coéquipiers de Madjid Bouguerra, seul rescapé de la génération Ziani, ont connu une véritable descente aux enfers en échouant lamentablement lors des éliminatoires de la CAN-2012. L'épilogue de l'histoire des Guerriers d'Oum Dourmane se dessinait petit à petit. Saâdane remercié, c'est Halilhodzic qui a accepté de relever le défi pour remettre les Algériens sur les bons rails. Avec lui, l'Algérie retrouve la Coupe d'Afrique des Nations. Un renouveau, une nouvelle ère. Ses poulains jouent, marquent et gagnent surtout parfois même avec la manière. Coach Vahid a drivé les siens lors de 17 rencontres pour un bilan de 10 victoires, 3 nuls et 4 défaites. Le derniers succès des siens remonte à tout juste une semaine lorsqu'ils ont réussi à battre les vice-champions d'Afrique burkinabés 2 buts à 0 à Tchaker, quoiqu'en amical. Une victoire qu'il doit notamment à ses deux buteurs Islam Slimani et Hilal Soudani qu'il avait lui-même lancés en sélection. Le tandem ( qui se partage 16 buts déjà) a su rendre la monnaie de la pièce à un monsieur qui, même s'il n'a toujours pas fait l'unanimité avec ses choix (surtout après la CAN-2013 suite à laquelle il se retrouvera sur la sellette après une élimination précoce et un tournoi raté), a apporté une nouvelle dynamique au sein de l'équipe avec une culture de la gagne et une envie de bien faire qu'on peut vérifier sur le terrain même s'il reste beaucoup à faire pour bâtir un groupe compétitif. Malgré certains «couacs», comme cette défaite face au Mali (1/2) lors de l'actuelle campagne qualificative au mondial-2014, il y a eu de bonnes choses depuis que l'ancien attaquant de Nantes a été installé à la tête de la barre technique. Un groupe qui a de la personnalité et une identité de jeu. Le double succès lors du match barrage face à la Libye (0/1) et (2/0) le prouve assez bien. Entre le bon et le mauvais, l'équipe se construit, l'ossature se dessinant petit à petit. Le onze type, Vahid ne le tient toujours pas quand bien même et malgré les changements fréquents au moment de choisir les 25 pour les regroupements, certains semblent émerger du lot et faire définitivement l'unanimité, d'autres restent en ballotage alors que des éléments comme Ryad Boudebbouz ou Djamel Abdoun doivent encore patienter pour retrouver leur place parce que faisant toujours les frais d'un entraîneur au tempérament très spécial et ne badinant pas sur le volet disciplinaire, surtout quand on sait que le dernier a fait une saison époustouflante avec l'Olympiacos et a été sacré meilleur passeur du championnat grec ... rien que ça.
L'énigmatique Djebbour Le cas du coéquipier en club de Djamel Abdoun et non moins meilleur attaquant du club Pirée, Rafik Djebbour en l'occurrence, suscite beaucoup d'interrogations. En effet, le «best scorer» de la «Super League» avec 20 buts, peine étrangement à trouver le chemin des filets même lorsqu'il bénéficie de la confiance d'un Halilhodzic qui l‘avait longtemps mis au placard avant de lui faire appel récemment et le remettre sur scelle à l'occasion du match aller face au Bénin au mois de mars dernier (succès des Verts 3/1). Inexplicablement, le baroudeur semble avoir beaucoup de mal à affoler les compteurs avec le maillot de la sélection alors que les qualités de buteur racé du joueur de 29 ans ne souffrent d'aucun doute. Surnommé le «terroriste» en Grèce pour sa faculté à terrifier les défenses adverses, Rafik a du mal à se retrouver dans la peau de ce lion que le public algérien aimerait voir rugir dans les jungles de l'Afrique. Généreux mais inefficace devant les buts, il devra chasser le signe indien. Aujourd'hui face aux Ecureuils, Djebbour aura peut-être l'occasion de le faire. Son expérience pourrait faire la différence comme lors du match Zambie – Algérie en 2009. Celui qui a inscrit 5 buts avec le maillot de l'Algérie avait offert la balle du second but algérien à Rafik Saïfi qui pèsera de tout son poids dans le retour de l'Algérie dans la messe mondiale après une si longue attente.
L'ossature déjà en place Cette fois, il aimerait, bien sur, muer en buteur, retrouver son sens de l'opportunisme qui font de lui une des stars du championnat grec où il fait des merveilles et réalise de belles prouesses. Il pourrait peut-être, et c'est le vœu des supporters algériens endosser en cette occasion le costume de sauveur et voler la vedette au duo Slimani - Soudani en menant les Verts, pourquoi pas, à la victoire. Une chose est sure la concurrence tout comme la relève sont déjà là. Si le onze rentrant de Vahid Halilhodzic a tendance à changer souvent, quelques éléments, qui ont fait leurs preuves, s'imposent désormais en valeurs sures pour le premier responsable de la barre technique des Fennecs. M'bolhi, Belkalem, Guedioura, Lacen, Feghouli et Soudani deviennent, au fil des sorties, presque indéboulonnables (parce que, en pointe, le coach alterne entre Soudani et Slimani (lorsqu'ils ne sont pas alignés ensemble). La colonne vertébrale est là. Lors du dernier match amical face aux Etalons, Madjid Bouguerra avait enregistré son come-back au sein de la charnière centrale où il a évolué en compagnie de Belkalem. L'expérience de «Magic» et ses prestations avec Lakhwiya (Qatar) lui ont offert à nouveau une place avec l'EN. Son rendement face au redoutable et longiligne attaquant burkinabe, Danté, a confirmé son retour en forme puisqu'il a réussi à le ligoter carrément et en limitant ses mouvements offensifs, rassurant ainsi grandement son dernier rempart. Pour sa part, Medhi Lacen devrait retrouver sa place au milieu de terrain. Le récupérateur de la sélection, qui avait manqué la joute de préparation tout comme Brahimi, Feghouli et Cadamuro à cause du baisser de rideau tardif de la Liga espagnole (la veille du match Algérie – Burkina Faso) compte beaucoup dans la stratégie de Vahid et devrait à nouveau s'imposer dans le onze de départ. Parmi le quatuor cité, 2 éléments ont été découverts et ont rejoint l'équipe nationale pendant l'ère Halilhodzic. Ils ont pour noms Yacine Brahimi (Granada FC) et Liassine Cadamuro (Real Sociedad) et leur arrivée donne de nouvelles opportunités de solutions en prévisions de toutes ces échéances officielles qui s'enchaînent. Parmi les nouveaux, on notera aussi les présences Saphir Taïder (Bologne/Italie) et Karim Agouazi (FC Caen/France) venus renforcer un entrejeu où les places seront chères en présence de tout ce monde. Sur les côtés, à gauche, la concurrence est également des plus rudes entre Djamel Mesbah et le jeune latéral Faouzi Ghoulam. Le Stéphanois, qui a d'énormes qualités à faire valoir, est en mesure de saisir la moindre occasion si elle devait bien sûr se présenter au moment où le parmesan tente, tant bien que mal, de préserver une place de titulaire pas toujours facile à garder. En revanche, le côté droit pose toujours un problème à l'entraîneur national, Mehdi Mostefa qui se voit contraint d'évoluer dans un poste qui n'est pas le sien, donne quelques soucis. Milieu récupérateur de formation, le joueur d'Ajaccio montre beaucoup d'insuffisances en ne pouvant assumer comme il se doit le rôle d'un latéral moderne qui s'acquitte aussi bien des tâches défensives qu'offensives. Une statistique frappante : Mostefa n'a fait aucun centre face au Burkina Faso. Trouver un vrai arrière droit : ça sera la mission difficile coach. Aïssa Mandi (Nancy) est bien placé. Depuis que le Bosniaque est à la tête de l'EN, beaucoup de joueurs sont passés par les castings. Même les locaux ont eu l'opportunité de montrer leurs capacités à un homme exigeant et qui ne se voile pas la face. Même s'il juge que le produit local n'a pas toutes les aptitudes pour répondre favorablement aux exigences du haut niveau international, il rassurera son monde en locaux qui ont fait le déplacement au Bénin (ils seront aussi du voyage au Rwanda) dont 4 joueurs de champs seulement (Belkalem, Koudri, Khoualed et Slimani) et les deux portiers Doukha et Khedaïria, le dernier suppléant Cedric forfait pour cause de blessure. Présents lors des dernières sorties des «Verts», Tedjar et Aoudia ont été contraints de laisser leurs places à Agouazi et Nabil Ghilas respectivement. Vahid semble y voir plus clair. Les deux matchs des Verts nous diront s'il a tort ou raison. M. T.