Par Mohamed Touileb En difficulté, la jeunesse algérienne tente tant bien que mal de se fondre dans une société pas toujours facile à vivre. Certains trouvent en la pratique sportive un exutoire tandis que d'autres essayent de trouver des occupations ou une lueur à suivre afin de voir le bout du tunnel. Avec un niveau de «Terminale» (notre actuelle 3e A.S) on peut faire des choses de nos jours malgré un niveau d'enseignement frôlant la médiocrité dans un cadre purement éducatif et des processus qui ont du mal à se mettre en marche. Affichant leurs limites, des jeunes jettent l'éponge et s'orientent vers les instituts dont la formation est considérée plus intéressante et le cadre moins routinier. Parmi les plus convoités, il se trouve un institut situé à Tixeraïne dans la commune de Bir Mourad Raïs. Il s'agit de l'Institut national de formation supérieure des cadres de la jeunesse (Infscj). Doublement affilié au ministère de la Jeunesse et des Sports (MJS) et le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique (Mesrs), le site s'étend sur une superficie de 2 hectares. Si l'appellation est nouvelle (depuis le 9 mars 2000 selon le décret présidentiel 88/84 du 12 avril 1988), l'Institut existe depuis 1968 (date de son inauguration). Le directeur des lieux M. Saouli a eu l'amabilité de nous offrir l'hospitalité le temps d'un reportage en nous recevant malgré un emploi du temps chargé le fait que nous ayons débarqué sans aviser au préalable la direction. Il a interrompu la réunion de travail qu'il tenait avec ses collaborateurs pour nous donner un petit aperçu technico-pédagogique sur l'Infscj avant de passer le témoin à Mme. Loukal (chef de département scolarité). 315 étudiants sont inscrits dans l'Etablissement où 3 grades, donc 3 formations sont proposées. Le plus élevé, étant sans conteste, celui de Conseiller à la jeunesse tributaire d'une formation de deux années quand les candidats ont une licence de l'enseignement supérieur (sciences sociales ou sciences de l'information et de communication) et 5 ans s'ils sont détenteurs d'un baccalauréat sciences humaines (admis sans concours). On note aussi la formation d'éducateurs spécialisés à la condition de l'obtention d'un Bac d'autres filières et devant passer un concours pour intégrer l'Institut et suivre un processus de 4 ans, et enfin, la formation des éducateurs qui ont le niveau terminal pour un cursus d'une durée de 3 ans. Les responsables font tout, nous dit-on, pour venir en aide aux jeunes algériens désireux d'intégrer le centre et ce, quitte à dépasser la capacité d'accueil réelle de l'Institut : «en réalité notre capacité est de 250 places mais nous avons pu accueillir 315 étudiants cette année. Nous faisons en sorte de recevoir le maximum de jeunes». Pour la qualité des enseignants, les grades varient entre postes de professeurs, docteurs, magisters, conseillers principaux et maîtres assistants. Le chef de département scolarité nous en dira ensuite un peu plus sur la gestion du Centre et ce qu'il propose : «on fait aussi de la formation professionnelle. Il se peut qu'on fasse des examens à la demande ou sur notre proposition parce qu'on est, pour l'heure, le seul institut existant sur la place d'Alger », a-t-elle affirmé, tout en nous informant qu'il y a quatre autres instituts situés dans différentes régions du pays à l'instar de celui de Ouargla (Sud), Constantine (Est), et Oran (Ouest). En outre, on précisera que l'Infsc est le seul à organiser les concours d'admission pour le haut grade de Conseiller. Il propose aussi des formations pour le mouvement associatif de jeunes.
On fait avec les moyens du bord Pour ce qui est des infrastructures, elles datent, pour la plupart, des années 70. «Vous savez, il s'agit là d'une ancienne structure construite après l'indépendance et elle est en cours de rénovation», lâchera Mme Loukal. Pour information, elle précise que le bâtiment dispose d'un amphithéâtre qui peut accueillir toute une promotion (promo limitée à 50 personnes), une petite salle de spectacles (en réfection actuellement), 10 salles de cours et des ateliers (audiovisuel, théâtre, musique, art dramatique, etc.). Les étudiants disposent aussi d'une salle de sport, d'une bibliothèque et d'une salle de lecture. Le plus pour les étudiants reste la possibilité de bénéficier d'une pension complète et d'être hébergés sur les lieux, tiendra à mettre en exergue notre interlocutrice en soulignant : «l'avantage que nos étudiants ont, est cette opportunité d'internat sur leur lieu même de la formation avec une capacité de 250 lits. Ils sont donc nourris et logés». Pour ce qui est des concours d'entrée (organisés souvent au mois de septembre), la date des examens dépend de la Fonction publique. «Nos places sont des post-budgétaires donc c'est selon la demande qu'on s'organise», ajoute-t-elle. «Pour la deuxième année, nous avons des licenciés qui suivent une formation au sein de l'Institut parce qu'ils savent qu'ils ont plus de chance d'avoir un emploi s'ils passent par notre Etablissement. C'est une sorte d'insertion directe et dans les 48 wilayas». Les jeunes viennent de partout donc pour tenter de changer une vie pas tout le temps facile à mener. S. Saber, un des étudiants que nous avons pu approcher et qui s'apprêtait à quitter l'Institut pour retrouver sa famille à Chlef pour les vacances, affiche un optimisme certain : «je viens de terminer les examens et ça s'est plutôt bien passé. Si tout se déroule comme je le souhaite, j'aurais mon diplôme. Je croise les doigts». De l'espoir pour une jeunesse qui en a besoin. Une jeunesse cherchant le moindre rayon de soleil dans une vie obscure pour essayer de briller. M. T.