L'établissement public d'insertion sociale et professionnelle des personnes handicapées (EPIH) «n'est pas viable économiquement», déclarait hier M. Bouchenak Khelladi, secrétaire général du ministère de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Communauté algérienne à l'étranger. Plusieurs fois mis à l'indexe concernant la gestion de cette entreprise, le ministère a tenu une conférence de presse pour apporter son «son de cloche» sur la situation de l'EPIH au 1er décembre 2008. Créée en décembre 1991, l'entreprise de fabrication de balais a démarré en 1992 avec comme objectif principal l'insertion des personnes handicapées non voyantes. Constituée de 27 unités réparties aux quatre coins du pays, l'EPIH emploie actuellement 1 087 salariés dont 855 handicapés aveugles. 66% du personnel est âgé entre 45 et 60 ans. La masse salariale de l'entreprise est estimée, pour l'année 2008, à 13,8 millions de dinars par mois. Quant à sa situation financière, un tableau sombre est dressé par le responsable du ministère. Les dettes antérieures à 1999 se chiffrent à près de 888 millions de dinars. Celles nées entre 2000 et 2004 sont de l'ordre de 627 millions de dinars, dont 168 millions en arriérés de salaires, plus de 296 millions en dettes fiscales et sociales et plus de 162 millions en dettes diverses. A la faveur de ce bilan, sachant que l'entreprise souffre de l'inexistence de débouchés pour ses produits et de la non-organisation en matière de commercialisation, d'une production pratiquement absente (alors qu'elle produisait 32 000 balais de manière artisanale et d'une qualité irréprochable en 2005), d'un arrêt complet de l'activité entre 1995 et 2002 ainsi que d'une concurrence «féroce», sa dissolution semble devenir inévitable. Pourtant, le SG du ministère de la Solidarité ne confirme pas cette option. «Ce n'est pas à nous [ministère de la Solidarité] de dire s'il y a dissolution. On n'est pas pour cette option, mais on ne peut se prononcer sur ce sujet», dit-il. M. Bouchenak Khelladi a préféré dans ce sens énumérer les réalisations du ministère de la Solidarité dans la prise en charge des employés de l'EPIH. En citant les différentes contributions du secteur pour remettre sur pied l'entreprise, entre autres le payement des salaires (plus de 1 261 millions de dinars entre 2002 et 2008), le règlement des arriérés de salaire correspondant à la période 1995-2001, soit 168 millions de dinars (réglés en 2007), la prime de scolarité de 1,5 million de dinars, le ministère de la Solidarité nationale tente d'entretenir, un tant soit peu, une lueur d'espoir quant au devenir de l'entreprise. En matière d'espoir toujours, le secrétaire général du ministère se veut rassurant à l'égard des employés de l'EPIH en énumérant les différents apports du secteur et en proposant des alternatives aux travailleurs. Parmi les propositions figurent l'amorce d'une démarche auprès du ministère du Travail et de la Sécurité sociale pour étudier la possibilité de mettre à la retraite anticipée des travailleurs âgés entre 50 et 59 ans, d'aider les travailleurs qui le souhaitent à créer des activités par le biais du microcrédit, de redéployer les travailleurs valides (232 personnes) et de continuer à payer les salaires des travailleurs jusqu'à assainissement de la situation de l'entreprise. Des mesures qui ressemblent étroitement à un volet social précédant la liquidation d'une entreprise n'étaient la désignation d'un nouveau directeur général pour l'EPIH qui serait chargé d'appliquer les mesures décidées et l'affirmation de M. Khelladi qu'un bureau d'études a été désigné pour faire une expertise. Rappelons, à toutes fins utiles, que les décisions émises par le ministère de la Solidarité ne sont pas neuves, puisqu'une correspondance (n° 254), datant du 17 mars dernier, portait les mêmes propositions, ce qui avait soulevé l'ire des travailleurs de l'entreprise. Ces derniers demandaient à être associés à un groupe de travail pour trouver une solution économique. S. A.