Par Amirouche Yazid Louisa Hanoune, qui ne manque pas de souligner sa satisfaction de voir Mohamed Morsi destitué de son poste de Président de l'Egypte, énumère les enseignements à tirer de ce processus révolutionnaire au bord du Nil. La secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), intervenant à l'ouverture d'une session ordinaire du bureau politique du parti, estime que «le processus révolutionnaire en cours en Egypte manque d'une direction travailliste», ainsi que d'une «centrale syndicale autonome». Le second enseignement que tire Louisa Hanoune des événements qui secouent le Caire renvoie à l'aboutissement du processus lui-même. La dirigeante du Parti des travailleurs soutient, dans ce sens, qu'un processus révolutionnaire authentique doit aboutir à un processus constituant. Une démarche qui n'a pas été suivie en Egypte. La troisième leçon que retient Mme Hanoune convoque la gestion des Frères musulmans qui, «après avoir accédé au pouvoir, ont montré leur nature hégémonique». Concernant les faits, la secrétaire générale du PT n'a pas voulu s'attarder sur la question de savoir s'il s'agissait d'un coup d'Etat ou pas. Pour elle, «vouloir confiner le débat dans cette problématique, revient à vouloir cacher les défis que doivent relever les Egyptiens, ainsi que la nature et les dangers d'un gouvernement islamistes». Mais Louisa Hanoune préféra visiblement évoluer plus sur les qualificatifs que sur les faits. C'est ainsi qu'elle soutient l'idée selon laquelle, «ils existent des coups d'Etats progressistes». Et d'ajouter que «les coups d'Etats ne sont pas tous kif-kif». On découvre ainsi, selon la pasionaria du PT, que les putschs sont identifiés selon la couleur politique du président «putsché» qu'en référence au respect des droits et des institutions élues. Louisa Hanoune s'est félicitée également que la rue égyptienne puisse réhabiliter «le principe de la révocabilité, qui consacre la souveraineté populaire». Le sort que connaissent les Frères musulmans en Egypte a par ailleurs amené Louisa Hanoune à plaider pour la séparation de la religion de l'Etat. «La présente situation en Egypte montre avec clarté la nécessité de séparer la religion, d'un côté ; la politique et l'Etat, de l'autre côté», a déclaré l'intervenante. Elle citera, à ce propos «les dépassements et les dérapages enregistrés en Algérie à cause du recours à la religion pour des fins politiques». Louisa Hanoune, qui s'est exprimée sur plusieurs sujets, est revenue sur la récente visite effectuée par José Barroso, le président de la Commission européenne, en Algérie. «La visite de Barroso ne rassure pas», tranche Mme Hanoune, pour qui «les accords ne sont pas justes, dans le sens où ils offrent à la partie européenne tous les outils pour dominer de tout point de vue». Elle a aussi appelé au gel des accords de partenariat avec l'Union européenne et le processus d'adhésion à l'OMC. «Nous n'avons aucun intérêt à tirer avec ces organisations», clame Mme Hanoune. La première responsable du PT a par ailleurs évoqué, avec beaucoup de satisfaction, le plan de relance de l'industrie nationale. Elle citera, à ce propos, certains exemples comme le complexe d'El Hadjar, El Ouenza, la réouverture des unités de l'Edimco, après celles d'Eriad. Hanoune indique que «le programme de l'Etat commence à donner ses fruits», soulignant cependant «des lenteurs» dans l'exécution.