à quelques mois de la fin de son mandat, George W. Bush veut se donner bonne conscience et oublie ou feint d'oublier que ses déclarations ne l'engagent pas en tant que personne mais en tant qu'institution et chef d'Etat de la première puissance mondiale. Dans une interview bilan accordée à ABC World News, Bush a présenté des excuses lundi dernier sur la crise financière mondiale et la guerre en Irak, reconnaissant que le plus grand regret de sa présidence concernait «l'erreur» des services de renseignements sur la menace que représentait Saddam Hussein pour les Etats-Unis. «Ce n'est pas à refaire, mais j'aurais aimé que les renseignements aient été différents.» A la question de savoir s'il aurait ordonné l'invasion menée par les Etats-Unis en Irak si les services de renseignements avaient indiqué avec précision que Saddam Hussein n'avait pas ces armes de destruction massive, le chef sortant de la Maison-Blanche a préféré éluder : «Vous savez, c'est une question intéressante. On ne peut pas refaire les choses. Il est difficile pour moi de spéculer.» George W. Bush a également reconnu qu'il «n'était pas préparé à la guerre» à son arrivée à la Présidence. «En d'autres termes, je n'ai pas fait campagne en disant : “s'il vous plaît, votez pour moi, je serai capable de gérer une attaque”. En d'autres termes, je n'ai pas anticipé la guerre.» A ce propos, Bush veut faire croire au monde entier qu'il est le seul responsable de la guerre qu'il a menée contre un peuple, contre un Etat et qui a fait des milliers de victimes et continue à faucher des vies. Aucun regret d'avoir engagé la guerre contre l'Irak, juste des regrets que ses services de renseignement se soient trompés. Au-delà de ce cas de conscience tardif et gratuit, à la limite de la provocation, l'opinion internationale se laissera-t-elle berner par ces larmes de crocodile, alors que les deux guerres contre l'Irak et l'invasion de l'Afghanistan ont bouleversé l'ordre mondial, nourri le terrorisme, diabolisé tous les musulmans et exacerbé les clivages culturels et civilisationnels avant de précipiter le monde dans une crise économique qu'il assume d'ailleurs toute honte bue ? Après l'annonce lundi dernier par le Bureau national de la recherche économique (NBER) que l'économie américaine était entrée en récession dès décembre 2007, il s'est dit «désolé de ce qui se passe, bien sûr». Le chef de l'Exécutif américain a regretté que la crise financière mondiale coûte des emplois et ampute les retraites de ses concitoyens. Il s'est engagé à soutenir toute intervention supplémentaire du gouvernement, si nécessaire, pour sortir de la récession. «Les Américains doivent savoir que nous allons sauvegarder le système», a-t-il répété. Plus tard, dans l'interview, il s'est toutefois montré moins catégorique : «Je ne peux pas garantir que nous récupérerons tout notre argent, mais il est envisageable que cela pourrait être le cas.» George W. Bush s'est estimé responsable de la récession économique aux Etats-Unis, dans la mesure où elle s'est produite sous son mandat, mais il a relativisé cette responsabilité : «Je pense que lorsque l'histoire de cette période sera écrite, on réalisera qu'un grand nombre de décisions concernant Wall Street ont été prises pendant la décennie», avant même qu'il n'entre à la Maison-Blanche. Evoquant l'élection présidentielle, George W. Bush a qualifié la victoire de Barack Obama de «désaveu pour les Républicains». «Je suis sûr que certaines personnes ont voté pour Barack Obama à cause de moi», a concédé le président sortant. A. G.