De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi
Les soirées ramadhanesques battent leur plein à Constantine, depuis la deuxième semaine de ce mois sacré. «Nous avons donné la chance à tous les artistes notamment locaux de faire montre de leur prouesse et les invitations ont été adressées à d'autres dans diverses wilayas», soutient un des organisateurs. Une abondance qui est pourtant loin d'avoir conquis un nombre important du public en divers salles de spectacles. De fait, le Théâtre régional, le théâtre de verdure et le Palais de la culture Malek-Haddad vibrent chaque soirée. Or, le baromètre affiche des chiffres de fréquentation relativement bas. Au lieu d'aller passer la soirée à écouter des mélodies, la population, pour la majorité, préfèrent se balader en plein-air sur les artères principales de la ville ou les périphériques pour y respirer un bon bol d'air sur les hauteurs, entre amis ou en famille, avec des improvisations musicales restreintes aux abords, après ces journées chaudes de Ramadhan. Pourtant, le but de toutes ses manifestations officielles organisées en simultané à travers le chef-lieu et ses localités est de satisfaire tous les goûts et socialiser davantage l'acte artistique. Aussi, la question de la défection du public, le grand absent et le premier concerné pourtant, reste-t-elle posée. «Layali (nuits) de Cirta» ont repris leur seconde partie du programme arrêté, mais l'audience demeure parsemée. Seuls quelques curieux occupent les gradins pour y assister. Certaines soirées ont tout simplement frisé le zéro spectateur et l'artiste a eu droit à une poignée de mélomanes. Décourageant. Surtout que l'assistance est parfois composée de jeunots oisifs en quête de défoulement. C'est sans doute l'une des faiblesses dans l'organisation durant ce mois. Le fait de diffuser un tas de grilles en même temps avec des doublons en sus, cela atomise le public et il y aura forcément des animations qui seront boudées. A ce propos, un des planificateurs, reconnaissant l'impair, dira : «Il fallait au moins décaler les scènes dont le style est pareil pour espérer une bonne adhésion du public.» Cela montre que la coordination entre les différents organisateurs de spectacles et animateurs de la scène culturelle est inexistante. Chacun aura dressé sa propre feuille de route sans se soucier de ce que feront les autres et donc sans savoir ce que sera l'impact de ce qu'il va organisé, l'important étant de combler le calendrier, la budgétisation étant assurée et couvre les besoins des cachets et plateaux. Certes, il y en a pour tous les goûts, ou presque. Mais les salles ne sont pas remplies à l'identique. Le Festival culturel national du malouf ouvert depuis le 17 du mois en cours a raflé la mise et demeure la principale attraction, même si l'affluence reste irrégulière. Les organisateurs de cet évènement, se targuent, eux, d'avoir réussi le pari de la variété. Pourtant, certains artistes constantinois, qui connaissent parfaitement ce genre de manifestations pour avoir participé à de multiples scènes nationales et internationales, se disent un peu «frustrés par l'organisation qui n'est pas maitrisée». «Le nouveau commissariat peut se corriger peut être à l'avenir, étant donné qu'il vient de faire son baptême de feu coïncidant avec cette 7e édition», ajoutent-ils conciliant. A dire vrai, pour ce mois Ramadhan, les pouvoirs publics ont cassé leur tirelire au point d'attirer des remontrances de quelques observateurs spécialistes de l'événementiel. «Trop de sous pour des productions somme toutes moyennes. C'est un gâchis», s'insurgent-ils. Et on ne va pas s'arrêter là. Les manifestations nocturnes du mois au grand bonheur des citoyens se poursuivront au Palais de la culture jusqu'au 5 août avec d'autres styles dont le chaabi, aissaoua, sraoui et encore du malouf avec en plus des pièces théâtrales au TRC, tandis que le théâtre de verdure tentera de maintenir sa cadence. En définitive Constantine colore ses veillées malgré le peu d'impact généré par cette programmation. N. H.