L'armée tunisienne menait hier une opération aérienne et terrestre de grande ampleur contre des terroristes au mont Châambi, zone à la frontière algérienne. Selon un porte-parole de l'armée tunisienne «des accrochages entre les militaires et un groupe terroriste ont commencé à l'aube (hier). L'opération se déroule avec usage d'unités aériennes et terrestres pour assainir la montagne Châambi». Le porte-parole et une source sur place ont indiqué que l'armée n'était pas en mesure d'estimer le nombre de combattants. Du côté algérien, le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Daho Ould Kablia, a indiqué jeudi dernier à Tiaret que l'Armée nationale populaire (ANP) «assure comme il se doit la sécurité des frontières algériennes». L'Armée nationale populaire «a renforcé ses moyens et ses capacités sur les frontières Est du pays en raison des troubles que connaît la Tunisie», a précisé M. Ould Kablia dans une déclaration à l'APS en marge de la visite du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, dans la wilaya de Tiaret. L'ANP «assume comme il se doit les missions qui lui sont dévolues», a-t-il souligné. «Il y a un échange d'informations sécuritaires entre l'Algérie et ses voisins pour lutter contre les différents fléaux qui menacent la sécurité et la stabilité de la région, notamment le terrorisme et la contrebande sous toutes ses formes», a-t-il poursuivi. L'offensive militaire tunisienne a été décidée à la suite de la mort, lundi dernier, de dix militaires, tués et mutilés dans une embuscade menée dans cette région. Trois autres soldats et un gendarme ont trouvé la mort et une vingtaine d'autres blessés dans ce massif depuis décembre. L'armée tunisienne traque depuis décembre un groupe appelé «Phalange Okba Ibn Nafaâ» qui serait lié à Al-Qaïda et compterait des vétérans de la rébellion islamiste du Nord-Mali. Le ministère tunisien de l'Intérieur a annoncé, hier également, l'arrestation d'un extrémiste ayant eu la main arrachée en manipulant des explosifs. «Une unité a arrêté jeudi soir un extrémiste qui préparait des matières explosives et qui a eu la main arrachée durant la manipulation d'explosifs» a indiqué un communiqué du ministère. La Tunisie fait face depuis la révolution des Jasmins à de nombreuses attaques terroristes. En plus du fait que ses forces de sécurité sont régulièrement visées par des attaques terroristes, un opposant a été assassiné à Tunis par balles le 25 juillet, un crime attribué à la mouvance salafiste djihadiste et qui a déclenché une crise politique menaçant le gouvernement dirigé par le parti islamiste Ennahdha. Au cours de la semaine dernière, les autorités ont aussi fait état d'un attentat manqué contre une patrouille de la gendarmerie à quelques dizaines de kilomètres au sud de Tunis. Face à cette situation trouble, divers groupes d'opposition et représentants de la société civile, qui n'ont jusqu'à présent pas pu déterminer une position commune, réclament le départ du gouvernement dirigé par les islamistes d'Ennahdha. Ennahdha a rejeté ces appels et a appelé à une grande manifestation «contre le terrorisme» pour défendre sa légitimité. H. Y./agences