Le ministre de l'Intérieur a entamé une visite de travail de deux jours en Tunisie. Même si les officiels parlent de coopération et du renforcement des relations entre les deux pays, le volet sécuritaire prendra la part du lion au cours de cette visite. La visite de M. Ould Kablia intervient au moment où la Tunisie est confrontée au problème de l'insécurité qui touche pratiquement l'ensemble de son territoire et en particulier les régions frontalières avec la Libye et l'Algérie. Ces derniers jours, les services de sécurité et malgré leur inexpérience dans ce domaine, ont réussi à démanteler un groupe terroriste lié à Al-Qaïda. Le ministre tunisien de l'Intérieur, a confirmé le démantèlement de cette cellule terroriste liée à l'organisation Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Baptisée «brigade Okba Ibnou Nafaâ», du nom d'un chef arabe qui a fondé la ville de Kairouan (centre tunisien) devenue capitale islamique, la cellule est chapeautée par trois Algériens liés à l'émir de l'Aqmi, Abdelmossab Abdelwadoud, a précisé le ministre lors d'une conférence de presse. Elle avait pour objectif de perpétrer des attentats en territoire tunisien contre des institutions publiques notamment sécuritaires, a-t-il précisé. Il a signalé la saisie par les forces tunisiennes de produits explosifs de type TNT, de pistolets et de munitions ainsi que de cartes géographiques, de tenues de combat, d'armes blanches et de documents codés. Selon le ministre, le groupe a établi son camp dans une forêt montagneuse du nom de Djebel Chaâmbi, située dans la région de Kasserine près de la frontière algérienne. Il s'activait depuis environ trois mois à encadrer idéologiquement des éléments tunisiens originaires de cette région, des jeunes pour la plupart dont l'âge ne dépassait pas la trentaine et à leur dispenser une formation militaire. «Leur dessein était de réanimer le djihad et d'imposer la charia comme ils la conçoivent», a encore déclaré le responsable sécuritaire tunisien. Les forces de sécurité et l'armée tunisienne qui ont arrêté huit membres du groupe, continuent encore le ratissage de la zone pour mettre hors d'état de nuire les autres éléments. Il a mentionné une «une excellente coordination» entre les autorités tunisiennes et leur homologues algérien ainsi qu'avec les autorités libyennes pour maîtriser la situation. Le ministre a fait état de la découverte d'une autre cellule implantée dans la forêt d'Aïn Draham, dans le nord-ouest tunisien également proche de la frontière algérienne. Au total, 16 éléments ont été arrêtés par les forces tunisiennes, 8 à Aïn Draham et 8 à Kasserine, a ajouté le ministre, notant qu'environ 18 éléments armés notamment de fusils Kalachnikov provenant surtout de Libye, étaient encore recherchés. Selon lui, il y a de fortes présomptions de l'existence de liens entre les deux groupes. Plusieurs membres de ces groupes sont des militants de l'organisation tunisienne «Ansar Al Chariaâ» dirigée par Abu Iyadh (Seifallah Ben Hassine), un ancien Afghan recherché par la police pour son implication présumée dans l'attaque de l'ambassade américaine à Tunis le 14 septembre dernier et qui a fait quatre morts. La presse tunisienne a fait état de la découverte par les forces de l'ordre de plusieurs armes et de munitions de guerre et d'explosifs. La situation sécuritaire se dégrade de plus en plus en Tunisie depuis les événements du dit «printemps arabe». Le soulèvement populaire qui devrait en principe instaurer la démocratie en Tunisie s'est heurté malheureusement à la théocratie mettant la sécurité et la sérénité du pays en péril. Le courant «Salafiste» et les militants de plusieurs groupes islamistes ont mis main basse sur le pays ne laissant aucune chance à ceux qui voulaient bâtir un pays moderne et démocrate. Les gouvernements successifs n'ont réussi à lutter contre le fléau du terrorisme qui déstabilise de plus en plus le pays. Plusieurs opérations antiterroristes ont été menées dans des différents endroits dont nous citons Rouhia, Bir Ali Ben Khelifa et le dernier à la frontière algérienne. La coordination avec la partie algérienne a été, aussi et jusque-là, efficace mais beaucoup reste à faire. Le grand danger vient des frontières avec la Libye, dont le gouvernement de ce pays ne parvient pas à maîtriser la sécurité intérieure. L'insécurité qui sévit en Tunisie a paralysé l'économie du pays qui auparavant reposait à 80% du tourisme. Cette situation a contraint non seulement les étrangers à quitter la Tunisie mais également aux milliers de jeunes tunisiens de fuir leur pays. Le déplacement du ministre de l'Intérieur en Tunisie aura certainement comme objectif premier, la lutte antiterroriste et de permettre à nos voisins de profiter de l'expérience algérienne pour éradiquer ce fléau.