La région de Bordj Badji Mokhtar connaît un calme précaire après la signature vendredi dernier d'un accord mettant fin à un conflit tribal qui a fait au moins huit morts. Pour tenter de le maintenir et de le solidifier, des appels au rejet de la violence et à la réconciliation sont lancés par des notables et des représentants de la société civile de la ville d'Adrar. Cheikh Moulay Touhami Ghitaoui, membre du Haut conseil islamique (HCI) et président de la commission nationale des sages et notables, a appelé, à ce propos, la population à la tolérance, la concorde et la réconciliation. Dans une déclaration à l'APS, cheikh Ghitaoui a appelé les habitants de la région à «s'éloigner de la voie du conflit, de la déchirure et de la confrontation, au moment où le monde arabo-musulman vit de grands défis». Il a invité la population locale «enfants de la même religion et du même pays», à «rester attachés à l'unité de la Nation et de la religion», étayant son propos par des références à des versets du Coran et des hadiths. Cheikh Ghitaoui a appelé, par la même occasion, ceux qui sèment la fitna (discorde) «à revenir au droit chemin et à la raison, en prenant conscience de l'importance de la sécurité et de la quiétude régnant en Algérie, sous l'ère de la paix et de la réconciliation». Dans le même cadre, le bureau communal de l'Académie de la société civile de la commune de Bordj Badji Mokhtar a qualifié le conflit ayant secoué récemment la région de «véritable Fitna semée par des parties occultes» et qu'il «appartient d'éteindre par la conjugaison des efforts et le resserrement des rangs». Dans son communiqué, cité par l'APS, le même bureau a lancé un message au peuple algérien, «arabes et amazighes», l'appelant à «ne pas se laisser entraîner par les semeurs de fitna auxquels il appartient de faire face ensemble, comme avaient affronté nos aïeux, côte à côte, le colonialisme français». Un appel a été lancé également, à travers ce communiqué, à «l'ouverture d'une enquête rigoureuse» sur ces évènements douloureux et au «châtiment des criminels à l'origine de cette fitna», ainsi qu'à l'envoi d'aides en produits alimentaires et en médicaments, dont les populations locales ont actuellement «grandement besoin». Rappelons que le conflit avait éclaté suite à une tentative de vol d'un magasin avant que la situation ne dégénère en échauffourées entre membres de deux communautés de la région, touarègue et arabe. Les violences entre les deux tribus ont duré trois jours et ont fait 8 morts et 41 blessés, dont 6 dans un état grave, ainsi que la dégradation et l'incendie de plusieurs biens, selon les services de la wilaya d'Adrar. Un accord mettant fin à ce conflit tribal a été signé vendredi dernier à l'issue d'une rencontre au siège de la daïra de Bordj Badji Mokhtar, des représentants des tribus arabe Brabiche et targuie Idnane, en présence de notables de la région et des représentants de la commune de Bordj Badji Mokhtar. Les représentants des deux tribus avaient alors appelé les sages, notables et intellectuels à «s'impliquer pour faire aboutir cette initiative et prendre part efficacement au développement et à la stabilité de la région». H. Y./APS