Au moment où les yeux du monde entier restent braqués sur ce qui se passe en Syrie et que les déclarations et les analyses sur une intervention militaire imminente occupent le débat public aux quatre coins de la planète, le Premier ministre sahraoui, Abdelkader Taleb Omar, ressort le dossier du Sahara occidental et interpelle le Secrétaire général de l'Organisation des Nations unies (ONU), Ban Ki-moon, sur l'urgence de mettre un terme au conflit. Le Premier ministre sahraoui demande clairement au premier représentant de l'organisation onusienne de se rendre dans les territoires occupés et de voir de près la souffrance du peuple sahraoui. «Nous invitons une nouvelle fois M. Ban à effectuer une visite dans la région afin de redynamiser les efforts visant à mettre fin au conflit au Sahara occidental conformément à la légalité internationale», a déclaré M. Taleb Omar lors d'une conférence de presse. Pour le Premier ministre sahraoui, la question du Sahara occidental mérite autant de considération et d'attention que pour la Syrie et autres -il ne le dit pas clairement mais y fait allusion- de la part de l'ONU pour la simple raison qu'il s'agit, là aussi, d'un problème de colonisation et d'oppression de tout un peuple. Il y a aussi le trafic de drogue dans la région, ainsi que le terrorisme, des moyens forts utilisés par El Makhzen pour poursuivre dans sa démarche colonialiste. El Makhzen qui, après Israël, est le seul pays au monde à ne pas appliquer les résolutions de l'ONU. «Cette visite va également permettre au SG de l'ONU de constater de visu la réalité de la colonisation marocaine au Sahara occidental et la situation dramatique dans laquelle vivent les sahraouis dans les territoires occupés», a-t-il souligné, non sans accuser la communauté internationale, représentée justement par l'organisation onusienne, d'avoir sa part de responsabilité dans le pourrissement de la situation et lui demande alors de l'assumer: «Nous demandons à la communauté internationale d'assumer ses responsabilités dans le règlement du conflit du Sahara occidental, en garantissant au peuple sahraoui l'exercice de son droit inaliénable à l'autodétermination conformément aux résolutions onusiennes». Insistant sur cette visite du premier responsable de l'ONU, le Premier ministre sahraoui poursuivra: «Une visite du SG de l'ONU dans la région permettra l'application effective des résolutions onusiennes préconisant l'organisation d'un référendum d'autodétermination dans les territoires sahraouis. Elle permettra aussi de lever le black-out médiatique imposé à la question sahraouie par les autorités d'occupation marocaines, qui s'entêtent à refuser de se conformer à la légalité internationale dans le dossier du Sahara occidental». Par ailleurs, rappelant la position officielle de l'Etat mais aussi du peuple sahraoui, basée sur le principe du dialogue et du rejet de la violence dans le traitement de ce conflit qui ne fait que trop durer, Abdelkader Taleb Omar affirmera que la reprise des armes est aussi une option à ne pas écarter désormais, seul moyen de combattre l'ennemi. «La reprise des armes reste une éventualité pour le Front Polisario pour combattre l'entêtement marocain à vouloir imposer le statut quo.» Pour les Sahraouis, l'Etat marocain en fait trop et le peuple sahraoui ne peut subir l'injustice éternellement: «La situation ne peut plus durer sachant que le peuple sahraoui ne supportera pas indéfiniment les agissements colonialistes du Maroc.» Sur un autre plan, le représentant sahraoui affirmera que certaines organisations internationales ont failli dans leur mission de venir en aide aux peuples en détresse: «Nous dénonçons le silence de certaines organisations internationales devant les crimes du Maroc qui inonde le Sahara occidental par la drogue.» Parlant de la drogue, il soulignera, «l'argent de la drogue participe au financement des groupes maffieux et terroristes activant dans la région du Sahel». Une phrase qui ne doit pas tomber dans l'oreille d'un sourd…mais c'est selon. Car, devrions-nous le reconnaître, le Conseil de sécurité ne tend l'oreille que là où il veut. Evoquant justement lu Conseil de sécurité de l'ONU, le Premier ministre sahraoui s'attardera un peu sur le travail très peu satisfait de ce dernier par rapport à la question du Sahara occidental et dira sa «déception devant le retard mis dans la mise en place d'un mécanisme de surveillance et de protection des droits de l'Homme dans le Sahara occidental». Plus précis, le représentant sahraoui poursuivra: «La proposition faite dans ce sens par les Etats-Unis et qui consiste à confier cette mission à la Minurso (Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental) a été bloquée par la France et ses alliés.» Cette France et ses alliés qui décident d'agir vite, le plus vite possible, dans certains endroits, et le plus lentement possible, jusqu'à oublier le temps, le peuple et le problème, dans d'autres endroits. Politique de deux poids, deux mesures, selon les intérêts et les stratégies. K. M.