Photo : Zoheïr Par Amirouche Yazid La gare routière du Caroubier à Alger affichait hier une ambiance peu particulière. A 48 heures de la célébration de la fête de l'Aïd, le lieu s'est transformé en escale obligatoire pour les Algériens de l'intérieur du pays en quête d'une place dans un bus pour rentrer au bled. Mission difficile. La population, issue des villes de l'intérieur et travaillant dans la capitale, a connu une augmentation sensible au moment où l'offre en matière de moyens de transport est restée la même pendant plusieurs années. Le transport inter-wilayas, connu pour être défaillant en période ordinaire, révèle son anarchie à l'approche des fêtes religieuses et nationales. Ils étaient nombreux à se presser pour avoir le billet tant convoité. Certaines familles et quelques jeunes avouent la déception matinale de se retrouver dans une situation d'attente, de stress et d'incertitude. «On s'est levés tôt avec l'espoir de décrocher une place et de rentrer au bled, mais grande fut notre surprise de constater un grand nombre de gens courant derrière une place», confie un quinquagénaire qui n'arrive pas à se tenir dans une queue qui n'avance pas. Pour ne pas perdre sa place dans la queue, la solution a été vite trouvée. Elle consiste à se faire remplacer par un membre de sa famille. Mais l'heure de la «délivrance» n'est pas pour bientôt. «On risque de rester ici jusqu'à des heures tardives», lance un enfant à ses parents qui suivaient les pas de tortue de la procession de gens vers le guichet numéro 2 délivrant des billets pour Béjaïa. A 10h30, un groupe de jeunes étudiants de l'université d'Alger commence déjà à chercher des solutions de rechange. Le premier propose de passer par Tizi Ouzou, le second opte pour la solution taxi. Le troisième recommande à ses amis la patience. Les personnes qui se sont dirigées, à l'aube pour quelques-unes, vers la gare routière du Caroubier posaient spontanément la même interrogation : «Mais jusqu'à quand allons-nous patienter ?» Les receveurs des bus, se déplaçant parmi les voyageurs, se déclarent impuissants. Il est vrai que le nombre de cars assurant certaines lignes est insuffisant face à la forte demande. La ligne Alger-Jijel vient de révéler toutes ses limites. Une masse de voyageurs est là en attente d'un car qui n'apparaîtra pas de sitôt. En face du guichet qui ouvre les portes de Relizane, le ton n'est pas à la sérénité. L'angoisse était à son paroxysme. Les voyageurs commencent à perdre espoir à mesure que les minutes et les heures passent. Au niveau de l'administration, on s'affaire à instaurer un minimum d'organisation. Il y a eu même un renforcement de la présence des agents de l'ordre. Une présence qui a rassuré quelque peu les voyageurs, notamment les plus âgés, exposés aux «œuvres» des voleurs investissant les lieux. Devant l'incapacité des transporteurs à assurer un bon service, on se rabat sur la voie ferroviaire où les choses n'enchantent pas non plus quand bien même des dessertes sont annoncées par la SNTF. Cette dernière a fait état hier, dans un communiqué envoyé à notre rédaction, du rétablissement de quelques lignes à partir du premier jour de l'Aïd. Il est ainsi indiqué que, suite à la réouverture du tunnel de Lakhdaria au trafic des voyageurs, les lignes Alger-Constantine et Alger-Annaba seront opérationnelles à partir de demain.