Il en est pour la téléphonie mobile comme pour d'autres secteurs telles la Santé ou l'Education nationale : on veut absolument -et à tout prix- introduire les technologies les plus avancées alors même que l'on n'est pas encore parvenu à résoudre les problèmes les plus élémentaires qui empoisonnent la vie des citoyens. On importe des équipements sophistiqués pour les hôpitaux alors que les malades sont priés d'apporter leur literie ou de faire leurs analyses dans les laboratoires privés. On équipe les écoles d'ordinateurs pendant que les cantines sont fermées, les classes démunies d'appareils chauffants, de casiers et parfois même de tables ou chaises dignes de ce nom. Aujourd'hui, la licence de téléphonie 3G occupe l'actualité et suscite les passions pendant que les utilisateurs d'Internet continuent de se plaindre de la lenteur du débit Internet, de coupures intempestives, de la faiblesse de couverture, le manque de réactivité des prestataires de services et d'autres désagréments que des pays beaucoup moins bien lotis ont éradiqués voilà quelques années déjà. Aujourd'hui encore, en ce septembre 2013, des Algériens, résidant dans de grandes villes, ne sont toujours pas connectés à Internet et prennent leur mal en patience en attendant des jours - et des responsables- meilleurs. Aujourd'hui toujours, pendant que des responsables pérorent sur les bienfaits de la 3G, des abonnés doivent prendre un ticket et attendre leur tour pendant deux heures (dans un environnement sans Wifi, ce qui est un comble pour les opérateurs de téléphonie) avant de pouvoir payer leur abonnement. Et, il n'est pas rare, naturellement, que des utilisateurs stressés, parce que soumis à d'autres obligations, perdent patience et s'en prennent à des agents souvent impuissants. Et il n'est même pas question, ici, des zones enclavées (il en existe encore) dont les habitants attendent l'électricité, le gaz et les routes... Beaucoup d'Algériens aspirent à un débit supérieur ou la visiophonie promise par la 3G mais davantage rêvent d'être d'abord connectés, de ne pas souffrir des désagréments d'un autre âge et de pouvoir (pourquoi pas ?) payer leurs factures, imprimer des documents administratifs, acheter par Internet, de chez eux, comme ça se fait ailleurs. A bien des égards, on continue en Algérie de s'occuper du futile et de l'accessoire en oubliant l'essentiel. S. O. A.