«Repeindre les murs en blanc pour que François Hollande ne voie rien, ils l'ont fait dans la nuit, mais rétablir la connexion internet pour nous, ils s'en fichent !» Abderrahmane habite Alger-Centre. Depuis l'incendie de la Grande-Poste, le 19 décembre, son téléphone fixe ne fonctionne plus, sa connexion internet est à l'arrêt. Les autorités avaient pourtant promis un retour à la normale dès le vendredi 21. «C'est vrai pour moi, raconte Ilhem. Deux jours plus tard, internet a été rétabli, mais le débit était très faible. Sauf que depuis l'incendie de l'Aérohabitat (jeudi dernier, ndlr), plus rien ne fonctionne.» Les habitants du centre de la capitale se suivent et se ressemblent dans les locaux d'Algérie Télécom. Le service est plutôt rapide. Le dérangement est signalé dès que le citoyen se présente. Il faut revenir le jour suivant pour vérifier que le modem fonctionne. «Ensuite, on m'a dit, dans une semaine ça sera réglé, inch'Allah», soupire Sofiane. Eux ne parlent pas, mais la coupure d'internet les dérange : dans la zone concernée se trouvent les bureaux de la douane, de certains médias électroniques ou encore d'entreprises. Sans internet, l'activité économique et administrative ralentit inévitablement. Mais les autorités sont incapables de localiser le dysfonctionnement et d'y mettre fin. Difficile de les accuser de laxisme, elles sont les premières concernées. Alors incompétence ? Manque de qualifications ? A la fin du mois de décembre, le ministre de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication, Moussa Benhamadi, avait portant réaffirmé que le lancement de la 3G se ferait au cours du premier trimestre 2013. Il a précisé que cela serait fait après le rachat par l'Etat de 51% de l'entreprise Orascom. Un dossier «presque terminé», selon le ministre. Comment comprendre que les techniciens d'Algérie Télécom pourraient généraliser la 3G, technologie sans fil, alors qu'ils ne parviennent pas à trouver l'origine d'une panne d'une technologie moins avancée ? L'un des objectifs du gouvernement est de promouvoir l'accès à internet à haut débit et très haut débit. Le président de la République l'a demandé. Les ministres l'ont confirmé. Pour réussir ce «défi national», le gouvernement a promis de présenter un projet de loi «révolutionnaire» dans les «prochaines semaines». Mais il reste beaucoup à faire. Ouvrir le marché d'internet. Attribuer des licences aux nouveaux opérateurs. Permettre aux clients de conserver le même numéro de téléphone s'ils décident de quitter Algérie Télécom pour un autre opérateur (la portabilité)… Aujourd'hui, environ 6 millions d'Algériens sont abonnés à l'ADSL. Le plan d'action du gouvernement prévoit d'en raccorder le double, au haut débit, d'ici 2014. Les autorités seraient ainsi capables de connecter à internet l'équivalent d'une ville de la taille de Boumerdès, tous les jours, pendant un an. Le challenge est de taille. Bouira : demande croissante, offre insuffisante Dérangements téléphoniques et pannes récurrentes, couverture et accès au réseau faible… Les critiques fusent de partout, tous les abonnés d'Algérie Télécom de la wilaya de Bouira se plaignent. Certes, le taux de pénétration d'internet a évolué ces deux dernières années et plusieurs projets de réalisation de fibre optique sont en cours, notamment dans l'est de la wilaya, mais cela reste en deçà des attentes dans d'autres localités. A Bouira, malgré la volonté affichée par les responsables du secteur de la wilaya afin d'améliorer la situation, la demande est forte comparativement à l'offre qui reste en deçà des attentes des citoyens dont la plupart restent sans suite. «Désolé, le réseau est saturé», s'entendent-ils répondre dans les différentes agences d'Algérie Télécom à Bouira. «Cela fait des années que j'ai déposé ma demande pour avoir une ligne téléphonique et bénéficier ainsi d'internet. Rien à l'horizon, le réseau est toujours saturé», confie un habitant de Chorfa, à l'est de la wilaya. Quant au débit, pour 1 mégaoctet de connexion payé à 1700 DA par mois, la vitesse maximale d'internet lors des matinées ne dépasse pas les 130 kb/s. dans la journée, c'est la chute libre, au maximum 70 kb/s. Ce faible débit est couronné par les coupures récurrentes du réseau, vétuste à certains endroits. Les grands gagnants de cette situation sont les propriétaires des cybercafés où la connexion est chiffrée à 60 DA de l'heure. Dans les zones enclavées en montagne, avoir un téléphone fixe et Internet est un luxe. Oran : Algérie Télécom dénonce les vols de câbles La couverture du réseau Internet à Oran connaît, depuis déjà quelque temps, quelques couacs, et cela, selon Algérie Télécom, en raison des vols de câbles. Rien que pour l'année 2012, quelque 12 000 abonnés se sont retrouvés sans connexion à Internet. Algérie Telecom a perdu, par ce phénomène, 40 millions de dinars en moins d'un trimestre. Pour le restant, beaucoup d'abonnés se plaignent encore de lenteurs de connexion ou encore de coupures. Les lenteurs, nous a-t-on assuré, ne sont dues qu'à la distance qui sépare ces zones, souvent périphériques, au siège d'Algérie Telecom, qui dessert la connexion. Toutefois, l'installation du système Msan (noeud d'accès de multiservice) et sa propagation un peu partout sur le territoire de l'Oranie devrait améliorer la situation. Les prestations de services seront ainsi améliorées, car ce système ne desservira pas plus de 2000 abonnés. -Sétif : à la moindre intempérie, la connexion s'en va La connexion internet vacille du côté des Hauts-Plateaux sétifiens, où certaines sources parlent pourtant de l'installation du réseau de fibre optique à hauteur de 95% à Sétif-ville et 80% dans les 59 communes de la wilaya. Selon un agent d'Algérie Télécom, le vol de câbles et les intempéries sont les principaux obstacles à une connexion correcte. «Les localités de Hammam Soukhna, Aïn Oulmène et Aïn Azel sont les plus touchées. Cette situation pénalise le client dont la connexion n'est rétablie qu'au bout de trois ou quatre mois. Les procédures administratives et enquêtes des services de sécurité en sont les causes. L'ancien réseau tombe en panne à la moindre intempérie. Avec la fibre optique, les choses vont s'améliorer», assure cet agent d'AT. Suite à cette attente, les clients se plaignent. «J'ai demandé un abonnement d'un méga et à ma grande surprise, le débit offert est de loin inférieur à ma demande», diront de nombreux clients. Un problème qu'Algérie Télécom réfute : «Le client doit se rapprocher de notre pôle Djaweb pour remédier à ce problème, car le débit théorique n'existe pas.» -Tébessa : les providers ne peuvent supporter tous les abonnés «Naviguer avec un débit ne dépassant pas les 45 Ko/s, qui descend parfois jusqu'à 20 Ko/s, notamment le soir, est chose impossible», s'indigne un internaute rencontré dans un cybercafé à Tébessa. Secoué par des perturbations intempestives tout au long de la journée, le débit, si bas, s'explique principalement par une saturation de la bande passante entre Tébessa et Annaba. «Une bande passante de 300 mégas pour servir plus de 16 000 abonnés dans la wilaya, ce n'est pas évident, les providers ne peuvent pas supporter tous ces abonnés», explique Kahlaoui, directeur d'Algérie Télécom à Tébessa. Avec cette même bande passante (300 mégas), la fréquence de déconnexion est encore plus élevée avec la connexion Easy qui compte plus de 8210 clients. Ces derniers déplorent constamment les pannes fréquentes qui durent parfois plus de trois jours. «Je viens de payer ma facture d'Internet, pourtant il n'y a pas de connexion Easy depuis avant-hier», déplore une abonnée. Un problème ressenti surtout dans les communes limitrophes comme Bekkaria et Hammamet, ou encore dans les régions les plus éloignées à Bir El Ater et Chéria. A un degré moindre, la connexion Fawri et Anis avec respectivement 6497 et 1917 abonnés, connaît rarement des coupures. L'autre problème soulevé est le phénomène des vols de câbles de cuivre qui se multiplient dans toute la région de Tébessa, entraînant des coupures de téléphone et de connexion au réseau d'Internet longues et répétées, et qui peuvent durer plusieurs jours. «Depuis plus de dix jours déjà, on est sans téléphone ni Internet», se plaint un jeune, excédé, rencontré à l'agence commerciale Actel. La vétusté des installations téléphoniques et les actes de vandalisme n'arrangent rien. «La semaine dernière, on a sectionné un câble dans le quartier du 1er Novembre : il nous a fallu plusieurs jours pour rétablir cette coupure. Avant cela, un incendie a touché une armoire électrique à Chéria, privant une centaine de foyers de la connexion durant plusieurs jours», a déclaré le directeur d'Algérie Télécom. Concernant la mise en place du nœud d'accès multiservices (MSAN) (téléphonie et Internet à très haut débit), Kahlaoui précise que le projet en est à un stade embryonnaire à Tébessa et devrait être concrétisé en 2013. Les pertes causées dans la wilaya suite aux vols de câbles de cuivre et autres actes de sabotage ont été estimées en 2012 à plus de 6,5 millions de dinars. -Chlef : face au réseau saturé, Algérie Télécom promet une extension Le nombre d'utilisateurs d'internet ADSL a quasiment doublé en deux ans, atteignant 30 000 abonnés. Et les nouvelles demandes continuent d'affluer, alors que le réseau est saturé et que l'offre n'augmente pas pour le moment. Le directeur régional d'Algérie Télécom de Chlef, Brahim Zaïd, se veut rassurant et annonce qu'un projet d'extension du système MSAN (téléphone et internet) est en cours à Chlef et dans d'autres agglomérations. L'objectif à court terme est d'augmenter sa capacité de 30 000 à 65 000 abonnés. Les internautes se plaignent également du faible débit et des ruptures fréquentes de la connexion. Ils disent ne pas comprendre ces perturbations au moment où l'on vante «la modernisation du système des télécommunications dans la région». Pour sa part, le responsable d'Algérie Télécom attribue cette situation aux agressions répétées des installations téléphoniques, des vols de câbles à fibre optique et des constructions illicites sur le réseau.