Le ministre des Finances marque la rentrée par un long entretien à l'APS. Il y aborde les équilibres macro-économiques, sa vision de la croissance de l'économie et les raisons du fort taux d'inflation. Tout en considérant qu'en «l'état actuel de notre économie, une réduction de nos dépenses d'équipement impacterait immédiatement et de manière négative la croissance, particulièrement dans les secteurs du bâtiment et des travaux publics, détruirait l'emploi et réduirait le pouvoir d'achat des citoyens», le ministre des Finances estime que l'enjeu actuel pour l'équipe gouvernementale consiste à «préserver l'équilibre budgétaire à moyen termes sur la base d'un prix acceptable du baril de pétrole permettant à la fois de sauvegarder les intérêts des générations futures tout en stimulant la croissance économique». Pour Karim Djoudi les dernières augmentations des dépenses publiques servent à appliquer des décisions «éminemment politiques». Cependant, il insiste sur la nécessité de «garantir les équilibres budgétaires en contenant les dépenses de fonctionnement de l'Etat». Il fera remarquer que l'accroissement des dépenses ne résultait pas seulement des augmentations des salaires de la Fonction publique et des transferts sociaux, mais aussi des charges récurrentes générées par la réception des nouveaux équipements publics réalisés dans le cadre des programmes d'investissement engagés depuis 2001. Ainsi, la loi de finances de 2013 a prévu 2 544,2 milliards (mds) de dinars, soit quelque 33,5 mds de dollars, de dépenses d'équipement. Ces prévisions sont en baisse de près de 10% par rapport aux dépenses prévisionnelles de 2012. Elle prévoit aussi un déficit budgétaire de près de 19% du PIB. Il s'agit donc de conduire la politique budgétaire avec «prudence» et les équilibres budgétaires du pays ne semblent pas pour autant menacés. «Le déficit (du Trésor) en prévision de clôture pour 2013 enregistre un repli substantiel (par rapport à 2012, Ndlr) pour s'établir à 1 138 milliards de dinars pour un prix d'équilibre situé à 71 dollars le baril», a-t-il avancé. A une question relative au rôle économique que peut jouer l'épargne publique en Algérie, M. Djoudi a rappelé les résultats positifs déjà réalisés, selon lui, grâce à une «gestion prudente des finances publiques». Cette gestion a déjà permis de consolider le solde du Fonds de régulation des recettes (FRR), qui est passé de 171,5 mds de dinars (4% du PIB) en 2001 à 2 931 mds de dinars (34% PIB) en 2006 pour arriver à 5 634 mds de dinars (35%) en 2012. Elle a par ailleurs permis de réduire le ratio de la dette publique intérieure par rapport au PIB de 23,6% en 2001 à 8,3% en 2012 et de faire baisser, en outre, la dette extérieure de 18,1 mds de dollars en 2001 à 402,5 millions de dollars en 2012, soit de 33,1% du PIB à 0,2%. Ainsi, le ministre des Finances se veut rassurant quant à l'équilibre des comptes de la Nation. A. E./APS