Ces programmes se sont concrétisés dans de nombreuses filières mais pas dans la viticulture notamment dans son segment raisin de cuve puisque si la production de raisin de table a connu une petite progression ces quatre dernières années, par contre celle du raisin destiné à la transformation n'en finit pas de régresser. Et pourtant, et cela n'est plus à démontrer, une plus-value peut-être engrangée à partir d'une production de vin de qualité. A la condition bien sûr de procéder à la mise en valeur du savoir-faire local de la viticulture. Un savoir-faire qui malheureusement est en train de se perdre faute de relève. Pour preuve, viticulteurs et cavistes se font de plus en plus rares. Cela est d'autant plus évident chez la profession de caviste puisque le dernier recensement de l'agriculture opéré en 2004 a révélé qu'à l'époque le plus jeune caviste était âgé de 65 ans et que leur nombre total ne dépassait pas la cinquantaine. Une déficience en la matière qui jusqu'à preuve du contraire n'a pas été suffisamment comblée. C'est d'autant plus vrai quand on sait que les nouveaux cavistes sont pour la plupart des enfants ou membres de la famille d'anciens cavistes décédés ou partis à la retraite. Il faut rappeler au passage que le ministère de l'Agriculture et du Développement rural a tenté de mettre fin à la pénurie en initiant des programmes de formation à la carte au profit des viticulteurs et cavistes dans le but de rattraper le retard et combler le manque enregistrés jusqu'ici dans la vitiviniculture algérienne. Dans cette optique, un accord de partenariat a été signé en 2005 entre des Espagnols de Tierras Sorianas del Cid et des agriculteurs de la wilaya d'Aïn Témouchent. Cette convention s'inscrivait dans le cadre du programme Euromed et avait pour but de former des exploitants agricoles et des professionnels du vin. Mais ce partenariat s'est vite interrompu après trois ans de mise en place sans qu'on en connaisse les raisons. Dernièrement, il a été question d'une reprise de ce partenariat. Notre tentative d'en savoir un peu plus sur la relance ou non s'est soldée par un refus catégorique venant de la partie algérienne. Toujours dans le registre de la tentative de relance de la filière viticole, il est utile de rappeler que beaucoup d'experts n'ont eu de cesse, à chaque fois que l'occasion leur a été donnée, de mettre en avant la nécessité de développer la filière viticole «pour aller, pourquoi pas, vers l'exportation du raisin algérien et de ses dérivés», soutiennent-ils. Du côté de l'Institut technique de l'arboriculture fruitière (Itaf), on avance que pour changer la donne, il faut que la filière en question «connaisse une augmentation de la production à travers de nouvelles plantations et celle de la productivité de ce qui existe déjà, et ce par la vulgarisation, l'appui technique et la communication», est-il expliqué dans un rapport de l'institut. Dans ce même rapport, il est souligné que la consommation du raisin en Algérie est estimée à 7 kilos par an et par habitant et le but est d'atteindre 12 à 15 kg par an et par habitant d'ici la prochaine décennie. Toujours selon les chercheurs de l'Itaf, il est aussi question de se pencher un peu plus sur la production d'un vin de qualité. Pour ce faire, «il s'agira de s'intéresser davantage aux zones Vaog (Vins d'appellation d'origine garantie) qu'il convient d'assainir et de reprendre en charge». A ce propos, il est utile de rappeler que des cépages algériens ont connu une renommée internationale. On peut citer les Côteaux de Tlemcen, Médéa et Mascara, sans omettre la célèbre «Cuvée du président». Autant de Vaog qui ont fini par disparaître et/ou être remplacés par d'autres cépages, mais ceux-ci n'arrivent toujours pas à trouver preneur sur les marchés extérieurs. Est-ce à cause d'un manque flagrant de marketing ou de la faiblesse de la production ? Nous avons tenté de trouver une réponse à cette question du côté de l'Office national de la commercialisation du vin (Oncv), mais nous n'avons rien obtenu. Pourtant, l'Oncv est en mesure de répondre à toutes les questions relatives à la vitiviniculture puisque c'est le plus gros producteur et négociateur de vins produits à partir de ses propres vignobles et vinifié au niveau de ses propres caves. L'Office approvisionne également ses caves à partir de vignobles de particuliers. D'ailleurs, l'arrivée sur le marché de trois autres producteurs de vins privés n'a aucunement délogé l'Oncv de sa place de leader du marché de la production de vin en Algérie. Faut-il croire que cette position de leader a fait en sorte qu'à l'Oncv on ne sente pas le besoin de scruter d'autres horizons, en particulier les marchés extérieurs. Il est grand temps de redonner à la vitiviniculture sa place, si on entend faire valoir un produit du terroir à forte valeur ajoutée à l'export. Z. A.