Par Hasna Yacoub «Malheureusement et malgré tous les efforts fournis, le terrorisme continue. L'attaque récente au Kenya prouve que c'est loin d'être fini. Nous avons constaté une réorganisation des forces terroristes et ces derniers arrivent à se déplacer plus souvent. Nous avons également relevé les multiples attaques opérées par ces groupes contre les prisons, la montée d'Ansar Echaria dans quelques pays du nord de la région, les activités croissantes de Boko Haram… Et cela doit nous interpeller afin de mieux nous organiser», a déclaré hier, M. Madeira, le directeur du Centre africain d'Etudes et de Recherche sur le terrorisme (Caert), en marge de la cérémonie d'ouverture des travaux du deuxième atelier sur l'analyse du renseignement opérationnel. «Je suis cependant content, car tous les pays africains se sont rendus compte que la lutte contre le terrorisme est un processus complexe et il faut renforcer d'avantage nos capacités, notre organisation et l'échange d'informations», a ajouté le responsable du Caert qui a affirmé que l'ensemble des pays du Sahel ont décidé de se réunir une fois tous les deux mois afin d'échanger leurs informations et d'évaluer la situation de la région et décider des priorités à mettre en œuvre pour éradiquer le terrorisme et tous les fléaux connexes. M. Madeira a reconnu les faiblesses de certains pays du Sahel, notamment dans l'application de la loi pour certains, dans la prévention pour d'autres ou encore dans le contrôle des frontières. «Il y a des faiblesses certes mais il y a aussi des pays qui sont très forts et très capables de maîtriser la situation à l'exemple de l'Algérie qui arrive à se protéger et à faire face à de multiples attaques. C'est la raison pour laquelle, nous appelons à la coopération afin que les forces des uns équilibrent les faiblesses des autres» a encore déclaré M. Madeira. Revenant au thème de l'atelier, M. Madeira a expliqué que cet atelier a été organisé par le Caert, conjointement avec le Comité des services d'intelligence et sécurité d'Afrique (Cissa) et avec l'appui de la Police Fédérale Allemande (BKA). Les travaux de l'atelier qui prendront fin le 1er octobre prochain, vont permettre la formation par un expert allemand d'une trentaine d'officiers des pays du Sahel dans le domaine de l'analyse. «Cet atelier représente une étape fondamentale. Il va permettre aux pays du Sahel de transformer l'information en actes de lutte contre le terrorisme et libérer l'Afrique de tous les fléaux connexes» a insisté M. Madeira. Evoquant avec satisfaction la situation au Mali, ce responsable a estimé que le retour à la légitimité constitutionnelle dans ce pays va changer positivement la donne dans toute la région. Cependant, avertit le directeur du Caert, «il faut rester vigilants car les groupes terroristes qui écument la région ne pensent pas avoir perdu la guerre». «Le potentiel des terroristes pour se réorganiser, se regrouper et s'adapter à leur nouvelle situation, est énorme. Ils continueront à se financer du kidnapping, des vols et des différends trafics dont celui de la drogue», a insisté M. Madeira qui n'a pas manqué à cette occasion de dénoncer l'attaque de Nairobi. Il a rappelé par ailleurs, que l'atelier qui s'ouvrait hier, entrait dans le cadre de la mise en œuvre du «Processus de Nouakchott». Il s'agit, rappelons-le, de la rencontre internationale du 17 mars dernier sur le renforcement de la coopération sécuritaire et l'opérationnalisation de l'Architecture africaine de paix et de sécurité (Apsa). Plusieurs objectifs avaient été dégagés lors de la rencontre en termes notamment de surveillance des frontières, d'échanges de renseignements, de facilitation du mandat de la Misma particulièrement dans la lutte contre les réseaux terroristes et criminels et enfin, en arrangements opérationnels. C'est suite à cette rencontre que plusieurs réunions ont été organisées pour le renforcement de l'échange de renseignements à travers l'Unité de fusion et de liaison (UFL). A ce jour, 3 réunions des chefs des services de renseignement et de sécurité, à Bamako, le 18 avril 2013, à Abidjan, les 20 et 21 juin 2013, et à N'Djamena, le 10 septembre 2013, ont été tenues. «Des réunions qui ont permis de promouvoir la transparence et de renforcer l'interaction et la confiance entre les pays de la région sur les questions de sécurité régionale», a affirmé M. Madeira qui n'a pas manqué d'indiquer que des déplacements de terroristes ont pu être repérés ainsi que la transition de grandes quantités de drogues dans la région du Sahel. En prenant la parole, l'ambassadeur d'Allemagne en Algérie, a déclaré que «le terrorisme est un phénomène mondial qui ne peut être vaincu qu'avec une coopération internationale étroite». Il a souligné l'importance d'échanges d'informations et le développement d'une stratégie de lutte commune. M. Boukrouf Hamid, ambassadeur d'Algérie au Niger, représentant du ministre des Affaires étrangères à cette rencontre, a, quant à lui, tenu à rappeler la détermination et l'engagement de l'Algérie dans la lutte contre le terrorisme. Sans omettre de condamner fermement l'attentat de Nairobi, M. Boukrouf a, par ailleurs, insisté sur l'importance de mettre fin aux négociations avec les terroristes et par ricochet, au payement de la rançon. Une position que l'Algérie ne cesse de défendre devant toutes les organisations internationales. H. Y.
M. Boukrouf Hamid, représentant du MAE : «Mettre impérativement fin aux négociations avec les terroristes» En marge de la cérémonie d'ouverture des travaux de l'atelier sur l'analyse du renseignement opérationnel, organisé par le Caert, M. Boukrouf Hamid, ambassadeur et représentant du ministre des Affaires étrangères à cette rencontre, a insisté sur l'importance du non payement de la rançon. «La position de l'Algérie sur la question du payement de la rançon est claire. L'Algérie a toujours considéré que la rançon est l'un des moyens permettant aux terroristes de continuer à se renforcer et à consolider leurs positions. C'est avec cet argent, que les groupes armés arrivent à recruter, à acheter des armes, à prouver leur existence», a expliqué M. Boukrouf ajoutant que «s'il y a paiement de rançon, il y a donc négociations avec les terroristes». «Si l'apologie du crime est un acte criminel alors que dire de la personne qui négocie avec les criminels», a-t-il conclu. H. Y.